Que 2008 n'ait pas été une année satisfaisante est une chose. Que l'année 2009 puisse être encore pire en est une autre. Au moins, on peut commencer à s'y préparer.
En cette période de fin d'année, je peux commencer à dresser le bilan de l'année 2008. Je ne sais pas bien si ce bilan est globalement positif ou non, en fait. Simplement parce que je ne suis pas optimiste par nature, aussi parce que je préfère voir la vie en noir et enfin possiblement parce que je suis un poil dépressif, je suis tenté de dire qu'elle aura été plutôt mauvaise, cette année 2008. Pour enfoncer le clou, je pense même pouvoir avancer que l'année prochaine risque d'être pire encore.
L'idée de voir le bon côté des choses est intéressante. Elle est surtout moins fatigante. Dans mon cas, il est bien plus simple et rapide de comptabiliser ce qui a été positif. Il y a moins à compter. Qu'est-ce qu'il y a donc eu de positif au cours de la dernière année ? Disons, pour ne pas trop s'avancer, entre le 23 décembre 2007 et aujourd'hui. L'année n'est pas terminée et une catastrophe est toujours possible.
On peut s'amuser à raconter que l'on a échappé à tout un tas de désagréments. Par exemple, je n'ai pas été inondé en mai dernier comme d'autres habitants de Azerat. Ou alors, je n'ai pas eu d'accident. Ou encore, je n'ai pas été ruiné par la crise boursière. Après, il y a tout de même quelques sujets de satisfaction. Par exemple, le fait d'avoir (presque totalement) mené à bien les travaux que je voulais réaliser chez moi. Ou encore d'avoir réalisé quelques dessins que je trouve pas si mauvais que ça.
Sur les douze derniers mois, j'ai la satisfaction personnelle d'avoir résolu un problème de fonctionnement de ma 2cv, d'avoir appris certaines choses en matière informatique (paramétrage d'un serveur sous Windows 2000 Server ou, plus intéressant, d'un serveur sous Mac OS X Server). Je pense que j'ai un peu appris aussi en matière de construction de site Internet. Dans un autre registre, j'ai eu plaisir à faire quelques promenades avec mon PCR et quelques photographies avec mon appareil photo. Je me suis également parfois bien amusé à alimenter ce blog tout comme j'ai pu passer d'agréables moments avec certaines personnes. On pourra aussi dire que (a priori) je ne suis pas tombé gravement malade et que je n'ai pas eu d'ennuis dramatiques. Bref, cette année aura été calme. Plutôt calme. Presque calme.
Parce que tout n'a pas été serein, tout de même ! Ce qui m'a le plus marqué, je pense, c'est l'état de santé de mon père. Il n'est plus tout jeune, le paternel. Plus vieux que moi, ça c'est certain. Il passera l'âge de lire Tintin en janvier prochain. S'il y parvient. Depuis des années, il est passablement éteint. Je pense qu'il est, lui aussi, un peu dépressif. Jusque là, hormis des problèmes de santé liés à l'âge, il semblait ne pas aller trop mal. Certes, il n'était pas des plus dynamiques mais bon, hein, chacun vit à son rythme, après tout. Et puis, quelques jours avant l'été, voilà qu'il nous fait un infarctus. Hop, direction l'hôpital. Il est soigné, analysé, opéré et renvoyé dans ses foyers. Pendant quelques jours, il dit aller mieux. Il faut dire que cela faisait des mois qu'il se traînait misérablement et était en état de fatigue perpétuelle. Bon. Là, au moins, on sait ce qu'il a eu, il a été entre les mains de la médecine et de la chirurgie et de la Sécurité Sociale, on le croit sorti d'affaire.
Et pendant quelque temps, c'est vrai qu'il va mieux. On lui a trouvé du diabète et du cholestérol, il suit un régime et prend des médicaments. Mais l'accalmie n'est que de courte durée et voilà qu'il retombe dans un état de fatigue chronique. Il se plaint de douleurs et accuse son nerf sciatique. Il a droit à des séances de massage, à des consultations chez un neurologue, à des tonnes de médicaments mais ça ne passe pas et il se renferme de plus en plus sur lui, ne partageant plus grand chose, mangeant de moins en moins, ne quittant le lit qu'avec l'idée de le retrouver le plus tôt possible. Pas la grande forme. Et puis, il y a un mois, nouvelle alerte, nouvelle hospitalisation. Cette fois-ci, rien à voir avec un problème cardiaque mais ce n'est pas beaucoup plus rassurant. Après les actes d'urgence, on le passe au scanner mais on ne donne pas beaucoup d'indications sur l'origine du problème. On se contente presque de lui donner rendez-vous pour une nouvelle hospitalisation le 29 décembre. On ne peut donc qu'attendre.
Dommages et bénéfices collatéraux. L'état de santé de mon père aura occasionné des effets insoupçonnés. Le premier et le plus flagrant a été une brouille, une cassure, entre l'un de mes frangins et moi. Dans une certaine mesure, aussi, entre ma mère et moi. Il m'a semblé (mais peut-être me suis-je trompé) que l'état de santé de mon père était plus ressenti comme une gêne pour mon frère et ma mère que comme quoi que ce soit d'autre. Une fois à l'hôpital, mon père n'allait plus pouvoir conduire la voiture pour aller faire des courses ; une fois à l'hôpital, il n'allait plus non plus pouvoir assurer les réparations de véhicules... Un jour, avec un manque certain de diplomatie, j'ai simplement appuyé là où ça fait mal et j'ai renvoyé mon frangin et ma mère dans leurs contradictions en leur disant qu'il allait peut-être bien falloir qu'ils se remettent, ne serait-ce que ça, à conduire une voiture. Ça a été le début de la crise.
Il me semble que tous nous avons pris conscience que mon père n'était pas immortel. Ce n'est pas un fait facile à accepter mais il me paraît indéniable. Jusqu'à preuve du contraire, je veux dire. J'analyse tout ceci en imaginant qu'il y a eu un moment de peur face à la maladie. Sans doute aussi a-t-on été placé face à quelque chose que l'on se refusait de voir. Longtemps, on a reproché (parfois sans ménagement) l'état de lassitude de mon père. Là, il fallait admettre qu'il ne s'agissait plus de simple mauvaise volonté ou encore d'envie d'en faire le moins possible. Fatigué, usé, malade, dépressif, il avait toutes les bonnes excuses et, du coup, on ne pouvait plus vraiment lui reprocher grand chose.
Ce qui est amusant, c'est que cette crise a eu des effets positifs. Des effets bizarres mais plutôt positifs. Un peu comme si mon frère et ma mère avaient été piqués au vif, les voilà qu'ils entament un virage à 180° et qu'ils passent à l'action. Ma mère qui n'avait pas conduit de voiture depuis peut-être 25 ans achète une Smart (neuve semble-t-il) tandis que mon frère achète un vieux Land Rover. Boudiou !
De mon côté, l'année passée aura été celle où j'ai arrêté de croire en l'avenir de l'entreprise où je suis salarié. Cela fait déjà quelques années que j'en suis réduit à me demander ce que j'y fais. Depuis pas mal de temps, j'ai compris que je n'étais conservé dans les rangs des salariés que parce que... Parce que je ne sais pas trop quoi, au fond. Je pense que je pourrais fort bien concourir au titre du plus désagréable des collègues tellement je cherche à faire comprendre à tous que je ne suis pas content d'être là. Bien sûr, je rends des petits services et assure, dans la mesure de mes moyens, que l'informatique fonctionne plus ou moins.
Cet été, au pire de la crise avec mon employeur, nous avons convenu que ça commençait à bien faire et que, le mieux, pour lui comme pour moi, serait que je prenne un peu de distance en passant à un mi-temps. En gros, je continuerais à m'occuper de la maintenance informatique. Le nouveau contrat devait prendre effet à partir de la rentrée, en septembre. Ça a été repoussé et encore repoussé mais là, c'est fait et je débuterai 2009 avec plus de temps libre que j'occuperai comme je voudrai. Au moins, depuis quelque mois, mon patron et moi avons trouvé une sorte de terrain d'entente. Dans la mesure du possible, nous nous ignorons cordialement. Nous ne sommes plus copains du tout et c'est bien un peu ennuyeux vu que, dans le fond, je l'aime bien tout de même. Dans le même temps, la situation me paraît aussi plus claire.
Dans l'idée, je devrais profiter du temps libre que je vais avoir pour dessiner et pour chercher à vendre mes dessins. Le premier souci est que je ne suis pas un bon commercial ; le second est que je ne suis pas certain d'être un bon dessinateur, finalement. Il est possible, et ce n'est pas à espérer, que je finisse par ne rien faire de spécial. On verra bien.
Or donc, le bilan n'est pas des plus réjouissants. Je termine l'année 2008 avec le sentiment que l'année prochaine sera très franchement désagréable. Mais parce qu'il faut bien chercher à toujours voir le positif si l'on veut vivre, je vais dire que ce sont les changements qui font avancer. Si rien ne bouge, on n'évolue pas des masses. Alors, peut-être, l'année 2009 sera-t-elle une année intéressante. Sait-on jamais ? Imaginons une année où l'on verra une vraie crise mondiale éclater et, pourquoi pas, l'on connaîtra la naissance d'une bonne grosse sale guerre bien mondiale. On peut imaginer tout plein de choses.