décembre 2012 (32)

lundi 31 décembre 2012

Dernier dessin

Pendant que je m'agace toujours à chercher comment faire une bonne photo, je passe le temps en faisant un dernier petit dessin pour l'année en cours tout en me disant qu'il servira aussi pour l'année prochaine.

La photographie, c'est un piège. Au début, j'étais déjà content lorsqu'il y avait une image sur la pellicule et que cette image était plus ou moins "regardable" sans que l'on ait l'impression que l'on nous arrachait les yeux. Je me souviens de mon premier appareil. J'étais jeune et ça se passait à Conflans-Sainte-Honorine. J'étais jeune et j'avais vu à la devanture d'un photographe local un petit appareil Kodak, un Instamatic, dans un coffret. Il m'avait plu parce qu'il n'était pas très cher et aussi parce qu'il y avait la mention "camera". Je m'imaginais déjà pouvoir faire des films comme ceux que je voyais au cinéma, avec Louis de Funès en gendarme d'où vous savez. Bien sûr, j'étais jeune et je ne savais pas que "camera" voulait simplement dire "appareil photo" en langue étrangère. J'ai vite été désilusionné mais j'avais un appareil photo avec lequel je pouvais photographier le chien familial, un beau berger allemand qui répondait au nom de Fourcade, rapport à ses poils de tête qui semblaient coiffés en brosse, comme le ministre giscardien du même nom. J'avais aussi photographié la Renault 4 et la Renault 16. Les photos n'étaient pas très bonnes mais j'étais content. Ou du moins, pas trop déçu.
Mon grand-père maternel, lui, faisait de la photo d'un autre niveau. Je ne saurais dire s'il était vraiment bon photographe ou pas. Il faudrait que je me pose la question sérieusement et en faisant fi des considérations sentimentales. Il avait un Contaflex. Je me souviens qu'il était assez critique pour mes photos.
Quelque temps plus tard, mon père avait acheté un Polaroïd. Je trouvais que cet appareil était magique. On avait les photos en quelques minutes ! J'ai acheté un Polaroïd moi aussi. Je l'ai toujours quelque part. Un Polaroïd 1000. Je ne me souviens pas avoir fait de bonnes photos avec cet appareil mais je me souviens l'avoir amené avec moi lors d'une sortie scolaire à Dieppe[1]. Je me souviens surtout qu'il ne faisait pas très beau et que les quelques photos que j'avais faites là-bas était parfaitement ratées. Je ne me suis pas beaucoup servi de cet appareil par la suite. Il faut dire que les pellicules étaient chères.
Après cela, il y a eu une période où la photographie ne m'intéressait pas. Il a fallu attendre que j'arrive en Dordogne et que je rejoigne un nouveau collège pour m'y remettre. J'avais un professeur de français qui s'occupait du club photo de l'établissement. Le collège disposait d'un laboratoire avec un agrandisseur, des cuves et cuvettes et tout ce qu'il fallait pour développer et tirer les photos que l'on pouvait prendre avec un Zenit EM et son Helios 58mm f:2. Il a fallu apprendre les vitesses, les diaphragmes, les histoires de profondeur de champ et tout le reste et puis on a commencé à faire des photos. Une pellicule de 12 poses, de la FP4 Ilford dans mon souvenir. Trois photos chacun. Et puis, direction la chambre noire pour développer la pellicule et faire des tirages sur du papier monograde. C'est là que j'ai vraiment appris la photo et que j'y ai pris goût. Pour autant, je n'étais pas un bon photographe et ne maîtrisait pas vraiment tous les réglages.
Quelques années plus tard, dans un journal de petites annonces, je vois un appareil photo Zenit à vendre avec un flash Agfa. J'avais juste assez pour me l'acheter[2]. C'était à Saint-Léon-sur-l'Isle. Mon père et moi y allons en début l'après-midi et je fais affaire. En rentrant, je n'ai qu'une envie : acheter une pellicule ! La chose se réalise la première fois que l'on va à la ville. Je file chez un photographe et j'achète une pellicule. J'avais pris la précaution d'amener l'appareil et lui demande de me l'installer parce que... Enfin bon. Bref. Le photographe se moque un peu de mon appareil et moi, je ne comprends pas. Pour moi, c'est le meilleur des appareils photo existant puisque c'est celui que l'on utilisait au club photo. Il est vraiment bête, ce photographe[3]
Il se trouve que l'on doit retourner à Conflans voir la famille de là-bas. J'ai mon appareil photo et je fais plein de photos. Je vois le nombre de clichés pris sur le compteur. Vingt, vingt-cinq, trente, trente-cinq, quarante... Pas mal pour une pellicule de trente-six poses ! Quarante-cinq... Bizarre, tout de même. Cinquante... Ça devient un peu inquiétant. Bon. Je décide que la pellicule doit bien être pleine et de rembobiner. Je tourne la molette destinée à cette opération. Plusieurs minutes. Je sens les gouttes de sueur perler à mon front. Je suis un peu inquiet. J'ouvre le dos du boîtier et je comprends vite que les perforations de la pellicule se sont arrachées et que je viens de perdre toutes mes photos. Mais au moins, j'ai appris qu'avec un Zenit, il faut faire attention à l'armement. Tout n'est pas négatif.

J'achète une nouvelle pellicule. Cette fois-ci, j'arrive au bout de la pellicule sans tout arracher, je rembobine et je confie la pellicule au photographe. Je suis impatient de voir mes chef-d'œuvres. Je ne sais plus vraiment ce que j'avais fait comme photos. Enfin je n'ai pas non plus le souvenir de photos particulièrement réussies. Une fois, j'ai essayé de faire des photos au flash pour la première fois. Je ne comprenais pas pourquoi il n'y avait qu'une partie de la photo qui était exposée. Je n'avais pas pigé l'histoire de la synchro-flash[4]. Il y a aussi eu la grosse déconvenue des images systématiquement sur-exposées. Mais là, on va dire que ce n'était pas totalement de ma faute. Je vais vous expliquer.
Au club photo du collège, nous avions un Zenit EM. J'avais acheté un Zenit E. Extérieurement, ça se ressemblait beaucoup. La différence était pourtant fondamentale ! Là où le Zenit EM avait une présélection du diaphragme, le Zenit E en était dépourvu. Et quand bien même il l'aurait eu, l'objectif Helios n'aurait pas été en mesure de l'exploiter. En gros et sans entrer dans des considérations techniques ennuyeuses, le Zenit E implique de fermer le diaphragme manuellement en utilisant la bague de l'objectif faite pour. On fait la mise au point en pleine ouverture et on ferme le diaphragme après l'avoir réglé. Si on oublie, on reste en pleine ouverture et on a toutes les chances pour que la photo soit sur-exposée. Je ratais beaucoup de photos mais j'avais encore appris un truc.
A compter de cette époque, il y a de longues années durant lesquelles je conserve ce boîtier et fais des photos sans grand enthousiasme. D'abord, je n'ai pas de fric pour payer les pellicules et les développements et tirages. Il faut attendre le début des années 90 pour que je m'y remette sérieusement. Il y a plusieurs événements mais le plus marquant de tous est sans doute le fait que je rencontre une fille dont je deviens amoureux et qui a fait des études de photographie. Elle a un Canon AE1 et un Yashica Mat 124. A partir de là et pendant quelques années, il y a une sorte d'émulation-concurrence entre nous. Il y a aussi mon plus jeune frère qui fait de la photo. Et puis, avec ma copine, on a de plus en plus d'occasions de faire des photos, professionnellement ou pas[5]. Du Zenit et du Canon, on passe à un boîtier bien plus performant, un Canon T90. Un vrai monstre que j'adore. Puis à un Canon EOS 100 auquel s'ajoutent vite des objectifs fabuleux. Un jour, l'occasion se présentant, on achète un Leica M4 d'occasion avec son 50mm Summicron. Et là ! J'ai vraiment adoré cet appareil.
Il y a un peu plus de dix ans, ma copine et moi nous séparons. Elle conserve le Leica, je garde le Canon. Bon. Quelque temps plus tard, je prête le Canon à une copine qui me le rend cassé. Je n'ai plus d'appareil pour utiliser les bons objectif Canon EF. Je ressors le T90. Un jour, je tombe sur une annonce. Quelqu'un vend un EOS 5 pour pas trop cher sur Périgueux. Je l'achète. Et puis, en 2006, j'achète mon premier appareil photo numérique reflex, un Canon 400D. Et puis, il n'y a pas longtemps, j'ai l'occasion d'avoir un Canon 60D[6].

Aujourd'hui, on va dire que cela fait donc environ trente-cinq ans que je fais de la photo. Alors oui, je fais de bien meilleures photos qu'à l'époque de l'Instamatic et, surtout, je comprends et maîtrise beaucoup mieux la technique. Disons que je comprends pas mal de choses dans ce domaine et que je me débrouille, je le pense, plutôt pas mal pour un amateur. Il n'en reste pas moins vrai que je ne suis pas toujours satisfait de ce que j'arrive à faire et que je suis parfois confronté à des problèmes qui ont le don de m'agacer à un point que vous ne pouvez même pas imaginer. Ce que je trouve assez génial avec la photo, c'est que j'ai l'impression que ça n'a pas de limites. On apprend toujours et encore. Parce que je ne recherche pas vraiment la compagnie des gens, parce que je ne bouge pas beaucoup de chez moi, aussi, je me consacre en ce moment à la photo de studio. J'aime bien ça. C'est assez technique et ça demande de pas mal réfléchir. C'est juste assez prise de tête pour m'occuper. Là, j'en suis à tenter de maîtriser les reflets. Ce n'est pas une affaire simple. Il y a encore quelque temps de cela, je me serais contenté de retoucher les photos imparfaites sous Photoshop. Aujourd'hui, je cherche à faire une bonne photo dès la prise de vue. Je pense que j'ai me suis trouvé du travail pour les quelques années à venir.

Et donc, je vous disais en préambule que j'avais fait un petit dessin pour clore l'année en cours. Le voilà.

Renault R2087 et vœux 2013

Notes

[1] Enfin je crois que c'était à Dieppe.

[2] 150 francs, dans mon souvenir.

[3] Ce qui est vrai. C'est un personnage que je n'aimais vraiment pas.

[4] 1/30s sur le Zenit.

[5] Nous étions devenus correspondants de presse pour le journal Sud-Ouest.

[6] Sur le fond, je ne suis pas "Canon" plus que "Nikon" ou autre chose. Si j'avais les moyens, j'aurais un Leica M. Le truc, c'est que j'ai quelques bons objectifs Canon, c'est tout.

dimanche 30 décembre 2012

C'est-y pas mignon ?

En attendant de voir si je vais réussir à faire un dessin, je vous propose de vous extasier devant une série de photographies mignonnes que j'ai faites ce matin.

Ours porte-clés

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samedi 29 décembre 2012

Allez savoir comment ça marche

De tous les mystères de l'univers et des univers limitrophes au nôtre, il y a celui de la création qui me turlupine quelque peu et régulièrement.

Qui peut m'expliquer pourquoi certaines journées semblent propices à la création quand d'autres y sont résolument hostile ? Aujourd'hui, alors que j'apprenais sur France Inter la fin prochaine des ampoules à incandescence et que j'en ressentais une réelle contrariété, j'avais dans l'idée de faire quelque dessin ou photo. Or, nous sommes à l'approche de la fin de la journée et je vois que les tentatives de dessin sont parties dans la cheminée. Les essais photographiques, eux, ont été numériquement effacés. Pour ce qui est de la photo, encore, je me console en me disant que je suis en but à des problèmes techniques. Pour le dessin, c'est plus troublant. Je n'arrive à rien.
Habituellement, lorsque j'ai pété trop haut et que j'ai voulu, par exemple, reproduire le plafond de la chapelle Sixtine en ajoutant tout un tas de camions bondissants et de motos rigolotes, je me raisonne et je repars sur des bases plus à ma portée. Il y a aussi des fois, comme aujourd'hui, où le plus simple des dessins ne sort pas. On me demanderait de dessiner un carré que j'oublierai un côté et produirait un polyèdre[1] des plus quelconques. Jusqu'à tout à l'heure, j'ai essayé et essayé et suis descendu jusqu'au vraiment très simple et très mauvais. La cheminée s'est remplie un peu plus[2].
Je suppose qu'il est normal de passer par des phases de circonspection créative. Il y a sans doute des moments où l'on est préoccupé par quelque chose, par un problème, et que rien ne sort tant que tout cela n'aura pas mûri. Il y a des jours[3] où les idées ne viennent pas et il faut s'y faire. Je pense qu'il ne faut pas trop lutter mais il faut faire attention aussi à trop se faire une raison et à ne plus jamais chercher d'idée.
Enfin, vous l'aurez compris, tout ce bavardage n'est là que pour expliquer qu'il n'y aura rien de bien intéressant sur le blog aujourd'hui. Et moi, j'ai décidé que ce soir j'allais me faire une sorte de quiche presque lorraine.

Notes

[1] Voire autre chose de plus farfelu encore.

[2] Parce qu'il fait chaud et qu'elle n'est pas allumée.

[3] Qui doivent durer plus de 24 heures tellement ils semblent longs.

vendredi 28 décembre 2012

Une photo de moi à la une !

Tire-bouchons Magazine

Shoot de pinard

La photo de studio est décidément une pratique difficile. Ce matin, j'ai eu l'idée d'expérimenter des manières d'éclairer un sujet sujet[1] aux réflections. En l'occurrence, une bouteille de vin.

Note

[1] Ce n'est certes pas très heureux mais j'ai trouvé cela très rigolo.

Mes premiers essais de photo de studio remontent à loin. A l'époque, en argentique, bien sûr, j'avais essayé de faire une photo avec une lampe de studio halogène. J'avais été content qu'il y ait une image bien exposée et avais été tout autant déçu de la dominante jaune/orange qu'avait donné cet éclairage.
Au début des années 2000, l'occasion de m'y essayer de nouveau s'est présentée avec un appareil numérique Nikon Coolpix 990 et une sorte de mini studio photo que mon patron avait acheté. Le problème venait principalement des limites et de l'ergonomie atroce de l'appareil. Toutefois, l'exercice m'avait plu.
Quelques années plus tard, j'ai acheté mon premier appareil reflex numérique et j'ai "hérité" du mini studio photo que mon patron avait acheté. Le flash ne fonctionnait plus et je me suis amusé à faire des photos dans des conditions très empiriques. J'avais l'impression de faire des photos correctes voire excellentes et j'étais content. J'ai aussi appris quelques bricoles au passage, en expérimentant, en ratant des photos, en comprenant les erreurs.
A présent, j'utilise du matériel d'éclairage de bonne qualité mais je sais que j'ai encore à progresser. La photo de studio, ce n'est pas aussi simple que l'on peut le penser. Il y a des sujets faciles à photographier. Ceux qui prennent bien la lumière et ne la reflètent pas trop. Et il y a les sujets qui sont pénibles à éclairer. On bouge les sources de lumière, on augmente ou diminue la puissance des flashes, on utilise des réflecteurs ou des caches et on n'arrive à rien ou du moins pas à ce que l'on espère. On devient difficile au fur et à mesure que l'on progresse, il me semble, en fait. On s'attaque aussi à des photos que l'on n'aurait pas osé réaliser quelque temps plus tôt.

Pour moi, le plus difficile est de gérer le verre et les surfaces réfléchissantes et les références sont quelques photos que je trouve sur Internet et qui sont magnifiques. Le problème, c'est que ces belles photos sont faites par des professionnels avec du matériel plus important que celui que je peux utiliser mais aussi et surtout avec une expérience et un savoir que je n'ai pas. Et puis, aussi, pour certaines de ces photos, il faut imaginer le travail qu'il peut y avoir en amont et en aval. De la préparation de la ou les prise(s) de vue jusqu'à la retouche sous un logiciel comme Photoshop.
Et donc, j'ai cherché à photographier une bête bouteille de vin rouge. A priori, on pense que ça va être simplissime et que ce ne sera l'affaire que de quelques minutes. Et on se rend compte que l'on y est depuis plus de trois heures et que les différentes photos ne nous satisfont pas. C'est décourageant. Je vous propose deux des photos faites ce matin pour que vous les critiquiez.

Primo de Conti - Château Tour des Gendres

Primo de Conti - Château Tour des Gendres

jeudi 27 décembre 2012

Tri Peugeot et humour noir

Trimoteur Peugeot de pompes funèbres

mercredi 26 décembre 2012

Ce soir

Il faut savoir se rendre à l'évidence. Aujourd'hui, je n'ai pas réussi et ne réussirai pas à faire quelque chose de valable pour le blog.

J'avais un semblant de très vague début d'idée de dessin. Je m'y suis attelé à plusieurs reprises au détriment de plusieurs feuilles de papier mais rien à faire, l'idée n'a pas voulu se coucher. Alors, j'ai commencé la lecture d'un nouveau bouquin en me disant que ça allait me faire penser à autre chose et que je pourrai revenir au dessin l'esprit libéré. Sauf que c'était sans compter sur le fait que le bouquin en question m'a complètement accaparé et que je n'en suis sorti que pour commencer à me préparer à manger.
Ce matin, je suis allé au travail. Une semaine de quatre heures de présence qui sera suivie d'une semaine du même tonneau. Ce n'est pas sérieux. La période des fêtes fait que l'entreprise tourne au ralenti. Nous travaillons beaucoup avec les écoles qui sont toutes en vacances. Nous travaillons aussi avec la fête de Noël et celle-ci est passée. Depuis quelques jours, j'ai comme un début de rhume qui se fait sentir. Il ne semble pas vouloir se déclarer complètement mais c'est déjà suffisant pour que je ne me sente pas parfaitement bien. Je dors plutôt mal (ou plutôt encore moins bien que d'habitude) et je n'aime pas trop cela. Ce matin, je me suis réveillé à quatre heures trente environ. C'était bien trop tôt mais j'ai compris que je ne me rendormirais pas.
Alors, ce soir, après avoir mangé, je vais aller bouquiner dans mon lit et je tenterai de dormir pour être en pleine forme pour demain.

mardi 25 décembre 2012

Tentative de feuilleton collaboratif du mardi (24)

Dans l'épisode précédent, on apprend que Colette n'est pas morte et on découvre avec effroi qu'elle sait "redonner vie" à un cyborg en lui soufflant dans les bronches. Tandis que le facteur est réquisitionné avec sa Renault 4 jaune, Robert, Roland, Gaëlle et alice arrivent en Normandie et c'est Arielle qui nous livre la suite.

Pendant ce temps-là du côté de Barfleur.

Après avoir récupéré les clés, ils arrivèrent à la maison de pêcheur du "grand oncle", curieusement baptisée " Villa la Falaise". Dans ce coin de Normandie, on ne voyait guère de falaise. Vu de la "villa", l' horizon était constitué d'une armada de barques au mouillage devant les quais du petit port avec au loin la silhouette du phare de Gatteville.

Un peu à l'écart du village donc, la "Villa" représentait pour eux un havre opportun, la promesse d'un répit. Gaëlle et Roland prirent place sur le canapé en vieux cuir à peu près aussi éreinté que nos deux comparses. Robert s'activa pour faire une flambée dans la cheminée. Alice gara l'ambulance dans l'appenti à l'abri d'éventuels regards indiscrets et emporta le sac à provisions à l'intérieur.

Ils avaient pris le temps de faire quelques courses. Mine de rien, nous étions déjà le 24 décembre et dans les rues de Barfleur, leur présence parmi d'autres vacanciers pressés de finir les derniers préparatifs de Noël n'avait éveillé aucun intérêt.

Ils décidèrent de s'accorder quelques heures de sommeil avant d'essayer d'y voir clair dans toute cette affaire. Ils étaient loin de se douter que Colette, en vie, était déjà sur leurs talons.

...

La 4L des PTT se rangea derrière la berline.

- Kenavo collègue, dit l'inspecteur. Simple routine, présentez-moi les papiers.

Le facteur lui tendit son permis de conduire administratif et sa carte pro comme il se doit. L'inspecteur les examina et lui rendit le tout en jetant un coup d'œil à l'arrière du véhicule. Colette tenait son arme prête au cas où et mit Hans en position off. On n'est jamais mieux trahi que par les siens. Fussent-ils de chair et de métal, les cyborgs pouvaient se révéler aussi gaffeurs et idiots que les humains. Une bonne idée que ce bouton inventé par Lafleur pour désactiver le cyborg. Si seulement, un tel bouton avait pu être implanté sur ce crétin de Gérard, se dit-elle avec rage. Il ne perdait rien pour attendre ce minable.

- Merci collègue, tout est en ordre. Ben dis donc que de paquets ! On voit bien que Noël approche. Bon courage pour la suite et soyez prudent. On annonce des pluies verglaçantes. Bonnes fêtes !

- Vous de même, répondit le facteur les mains moites mais soulagé.

D'habitude, les inspecteurs étaient plutôt prompts à enquiquiner leur monde. La voix de la mégère se fit entendre:

- Allez ! Ouste ! Démarre, la route est longue ! Une vraie bénédiction cette 4L des PTT ! C'est quoi ton nom ?

- Arthur Mâme. Arthur Conan.

- Ah, ah, ah ! Ce sont des comiques tes parents.

- Non Mâme. Ils sont épiciers et…

- Ferme-la et regarde la route !

- Oui Mâme, répondit Arthur de plus en plus mal à l'aise. Un cyborg pensa-t-il ! Le baiser de la mégère au cyborg ! Jamais les collègues ne le prendraient au sérieux quand il leur raconterait. Ouais, encore faut-il que je m'en sorte vivant. Il déboita pour doubler un cycliste. En regardant dans le rétroviseur, il se dit qu'il avait déjà vu ce 4x4. Mâme, je crois qu'on est suivi, dit-il, hésitant.

- Qu'est-ce que tu racontes. Colette se dégagea de dessous les paquets et regarda vers l'arrière. Le 4x4 ?

- Oui, il était déjà là quand nous avons bifurqué toute à l'heure. Il s'abstint de faire remarquer qu'il n'y avait pas d'autre véhicule que lui à l'horizon.

- Ralentis pour voir.

Le 4x4 ralentit lui aussi et leur fit des appels de phares accompagnés de coups de klaxon intempestifs. Pedro et Francis, se dit Colette, c'est sûrement eux. Qu'est-ce qu'ils foutent là. Lafleur a pourtant bien dit à ces deux abrutis recherchés par les flics de se planquer !

- C'est bon Arthur. Gare-toi. Je les connais.

Le 4x4 se rangea à quelques mètres derrière la 4L. On entendit une porte claquer. Un homme en imper et feutre noir s'approcha d'eux mains dans les poches.

...

Dans son bureau Lafleur alluma un cigare. Il touchait au but se dit-il. Du moins, il l'espérait. Ce n'était pas tout d'avoir en sa possession le plan du Nautilus. Il lui fallait le sous-marin. Personne alors ne pourrait lui en contester la propriété.

Le plan, il le tenait du grand-père qui avait travaillé comme secrétaire auprès de Jules Verne. Peu scrupuleux, celui-ci avait eu l'occasion de le dérober. Il était mort peu de temps après sans avoir eu la possibilité d'en tirer un quelconque profit. Par la suite son propre père n'avait porté aucune attention à cet héritage.

Lui, par contre, s'était vite rendu compte qu'il pouvait en tirer le meilleur parti et faire passer le grand-père pour le véritable inventeur du Nautilus.

La guerre interrompit les recherches entreprises pour mettre la main sur le sous-marin. A la libération, en quittant la résistance, il lui avait fallu trouver du boulot. Mais personne ne voulut investir dans ses hypothétiques brevets.

Il décida alors de monter la Fabrique avec ses maigres économies et se remit au boulot. Pas toujours honnêtement. Il se moquait pas mal de savoir qui finançait "ses bébés" et encore plus de savoir si "ses brevets" servaient une cause noble ou malhonnête. Bref ses inventions l'accaparèrent, lui permettant un temps d'oublier son échec auprès de Gaëlle et de vivre aisément.

Le hasard le mettait de nouveau face à elle, car il n'en doutait pas, cette Labornez de Pont-Aven, c'était bien elle. Mais il importait peu à présent. Depuis qu'il avait décidé de reprendre les recherches, seul le Nautilus trouvait grâce à ses yeux. Pour lui, il était prêt à tout.

A force de fouiner, il apprit l'existence d'une carte en possession d'un descendant de Verne. Ce ne fut pas difficile de soudoyer Gérard, mais ce con avait tout foiré ! Heureusement, il y avait Colette. Mais s'il la trouvait fort utile, il craignait qu'elle se révèle trop vorace et tout à fait capable de "la jouer perso" au dernier moment. On verrait bien. Il avait pris ses précautions.

...

" Villa La Falaise ".

Une carbonade de porc et d'andouille mijotait sur la cuisinière. Un fumet sucré-salé embaumait la pièce à vivre. Autour de la table, chacun s'activait à la préparation commune de la tarte aux pommes. Une fois la table débarrassée, Robert étala la fameuse carte.

- Bien, dit-il. Voyons voir ce que nous pouvons en tirer.

"Petit papa Lafleur, quand tu descendras du ciel..."

- Gaëlle ! Arrête un peu s'il te plaît, dit Roland. Il m'a pas l'air de sentir bien bon ton Lafleur.

- Il ne renoncera pas, répondit Gaëlle. Il faut s'attendre à de nouveaux pépins s'il découvre que nous ne sommes pas morts. Un jour il vous épouse, le suivant il vous trucide.

Alice se retint de rire.

- Eh oui belle Alice. Mais des comme mon Yannick, il y en a encore tu sais, et je te souhaite un comme lui. Gaëlle s'interrompit. Elle évita de désigner du regard Roland ou Robert visiblement tous deux attirés par Alice. Bien, alors cette carte ?

Ils se penchèrent tous les quatre. La carte, "lessivée" par Gaëlle, laissait apparaître des signes - chiffres et lettres - et le mince tracé d'un contour qui pouvait s'apparenter à une côte. Il s'avéra que la première ligne indiquait une longitude et une latitude dans le désordre.

- D'accord, dit Roland. Admettons. On en fait quoi maintenant ?

- On essaye toutes les combinaisons, répliqua Robert mais il nous faut un atlas !

Alice entreprit de passer la petite bibliothèque en revue. Tout y était minutieusement rangé. Atlas, dictionnaire, encyclopédie, livres de marines, quelques romans classiques et pour finir des "Maurice Leblanc" dont le fameux roman "L'aiguille creuse" qu'elle avait lu dans sa jeunesse et quelques "Gaston Leroux". Il ne lui fut pas difficile de dégoter l'atlas au premier coup d'œil. En ouvrant un des tiroirs, elle découvrit tout un tas de cartes marines.

- Regardez, dit-elle toute joyeuse, ce que nous avons là !

- Parfait ! s'exclamèrent Roland et Robert qui continuaient à aligner chiffres et lettres.

Gaëlle s'empara machinalement de la première carte marine qu'elle déplia. Elle reconnu sans aucun mal la côte normande. C'est qu'elle en avait vu des cartes pendant la résistance ! Ses yeux faisaient le va et vient entre les deux cartes.

"Bella ciao, bella ciao, ciao … La Madelon vient nous… Madelon… Ma de lon… Ça y est , j'ai compris !"

Ils la regardèrent médusés.

- C'est la côte normande ! La carte du grand oncle , c'est... Regardez, comparez ! Vite, vite, voyons les coordonnées !

- Alice ouvrit l'atlas. Robert et Roland lui déclinèrent les combinaisons. Barfleur ! cria Alice !

Ils étaient donc arrivés au point de départ de la mystérieuse carte mais par des chemins de traverse. Et tous de rire et de chanter. Ils débouchèrent le cidre et trinquèrent à leur trouvaille.

La suite fut plus fastidieuse, laissant place tour à tour à des moments d'enthousiasme et de découragement. Certes ils ne furent pas long à découvrir que la suite des signes les menait là où ils étaient : la "Villa la Falaise". Mais après ?

- Bien, dit Alice. Je propose une pause. Passons à table.

- Je vois mal où cacher le Nautilus dans cette baraque remarqua Gaëlle.

- Peut-être pas d'une manière évidente, répondit Alice. Mais il y a forcément une piste qui part d'ici.

- Vous avez raison Alice, dit Robert. Reste à trouver laquelle et vite !

Ainsi se déroulait leur veillée de Noël, d'hypothèses en hypothèses, plus farfelues les unes que les autres. L'humeur était joyeuse. La carbonade cédait la place à la tarte et le cidre fit office de champagne. Les yeux d'Alice brillaient et ses joues rosissaient à vue d'œil. Elle se sentait bien auprès d'eux. Elle avait trouvé, dans cette aventure rocambolesque, une grand-mère d'adoption et deux amis. Gaëlle la vit se troubler.

"Aux marches du palais, aux marches du palais..."

Les deux femmes se regardèrent d'un air complice. Alice sourit et se mit à rougir. Pourquoi faudrait-il toujours choisir se dit-elle. On est si bien comme ça. Roland et Robert avaient ressorti crayons et papiers. Ils piquèrent du nez promptement sur leurs lignes de code pour éviter de croiser le regard d'Alice.

Gaëlle, qui en connaissait un rayon question code, leur fut d'un grand secours. Ils finirent par décoder les deux premières lignes. Roland s'empara du vieux compas déniché dans le deuxième tiroir de la bibliothèque et traça, comme indiqué, une sorte de demi-cercle qui partait de Barfleur pour finir à ce qu'ils découvrirent être le port de Fécamp.

- C'est donc là qu'il se trouve ? questionna Alice.

- Je ne sais pas, dit Roland. Peut-être n'importe où sur la côte. Et peut-être ailleurs qui sait ce qu'il a voulu dire ton ancêtre, hein Robert ? Quoique il a pu pondre cette carte en compagnie du mien. Quel sac de nœuds !

Alice s'assit à côté de Robert qui tentait de percer le mystère de la dernière ligne.

- Et si on enlevait les chiffres, dit Alice.

- Et on fait quoi des lettres ?

- Des anagrammes ? dit Alice. Et des chiffres comme ponctuation ? non ?

- C'est pas bête, dit Gaëlle. Un peu simple comme code mais pourquoi pas.

Ils finirent par déchiffrer la phrase : " Ouvre la porte de la Falaise et le tableau tu trouveras".

Quand le portable de Robert sonna, leurs regards n'étaient plus que quatre points d'interrogation.

- Oui Tante Etzelle. Demain ok. Nous t'attendons avec impatience, il nous manque justement un tableau, dit-il en pointant un doigt vers le mur au-dessus du canapé où il venait juste d'apercevoir les traces laissées par un tableau décroché depuis longtemps sans aucun doute. Il raccrocha.

Trois têtes se tournèrent vers le mur puis de nouveau vers Robert. Ils s'exclamèrent en chœur : "Il y a quoi sur le tableau ?"

- Une goélette avec en arrière plan une falaise de calcaire.

- Pffffffff, s'exclama Roland. Ça manque pas les falaises du côté de Fécamp ! J'ai hâte de voir le tableau.

- A moins qu'il ne s'agisse de la ville de Falaise, celle proche de Caen et de la maison du grand-oncle. Quel bazar. J'ai l'impression que nous ne sommes pas encore sortis de l'auberge !

- La goélette. Elle a un nom ? demanda Alice.

- Je ne sais plus, dit Robert.

- Bien. Il se fait tard, dit Gaëlle. Demain il fera jour. Attendons l'arrivée d'Etzelle et du tableau.

Au petit matin du jour de Noël, Etzelle rangea précieusement le tableau dans le coffre avec sa valisette et son nécessaire de tricot. Elle ajusta son tailleur et noua un foulard sur ses cheveux blancs immaculés. Elle s'assit au volant de cette bonne vieille 403 toujours aussi vaillante et regretta amèrement d'avoir eu à remettre la capote. Elle démarra.

lundi 24 décembre 2012

Le père Noël ne passera pas

Demain, c'est Noël. Demain, c'est aussi mardi. Le mardi, c'est jour de feuilleton. En attendant ce jour de demain deux fois béni des dieux, je vous explique pourquoi vous n'aurez probablement pas de cadeau pour ce Noël ci.

Toutefois, il se peut que vous ayez un cadeau. Un beau cadeau qui vous attendra au pied de l'arbre enguirlandé et emboulé. Si tel est le cas, je pense que ce ne sera pas le père Noël qui vous l'aura apporté et vous devriez commencer à vous demander si, des fois, cette histoire de père Noël, ce ne serait pas une foutaise.

Le père Noël se modernise

dimanche 23 décembre 2012

Moto agraire

Moto agraire

samedi 22 décembre 2012

Dernière création

J'ai une photo à faire et depuis ce matin je cherche un accessoire qui s'évertue à rester caché. En fouillant, je suis tombé sur une ancienne publicité parue dans le Chasseur Français.

J'ai un vrai problème avec les objets. J'ai tendance à vouloir les garder, à n'en jeter aucun. Et comme je ne suis pas ce que l'on peut appeler une personne organisée, il m'arrive bien souvent d'être incapable de retrouver l'un ou l'autre de ces objets lorsqu'il arrive que j'en ai besoin. C'est le cas aujourd'hui. Je cherche un accessoire à placer devant l'objectif de mon appareil photo, je me souviens l'avoir utilisé il n'y a pas si longtemps, j'étais persuadé de savoir où il se trouvait et, bien entendu, il ne s'y trouvait pas.
Alors, j'ai cherché. J'ai remué des piles, j'ai ouvert des cartons, j'ai déplacé et fouillé, maudit et pesté, râlé et grogné et tout cela en pure perte. Oh ! Bien sûr, j'ai trouvé des tas de choses ! Des objets que j'avais oublié, des livres effacés de ma mémoire. J'ai perdu du temps à parcourir quelques revues ou à relire une lettre. Et puis j'ai abandonné. Pour le moment ! Je ne m'avoue pas vaincu et j'espère que je retrouverai cet accessoire assez rapidement.
Mais malgré tout, je suis tombé sur un vieil exemplaire du catalogue Manufrance. A l'intérieur de ce catalogue, il y avait une publicité pour le Poney de chez Motobécane. Et alors, je me suis dit que ça allait bien être suffisant pour ce premier billet d'après fin du monde.

Publicité Motobécane Poney - Chasseur Français

vendredi 21 décembre 2012

La Peste, elle trouve que c'est trop tôt

Vous n'êtes pas sans le savoir, nous n'avons plus que quelques heures à vivre. Personnellement, j'ai tendance à trouver cela tout à la fois très bien et aussi un peu dommage. Très bien parce que, bon, il faut bien le reconnaître, vu le tour que prend l'affaire, si on continue, avec les problèmes de l'écologie de la planète et de guerre qu'il y a un peu partout, on va tout droit à la catastrophe. Alors, cette fin du monde arrive juste à temps pour nous éviter de graves désagréments.
Maintenant et une fois que l'on a dit cela, je ne peux pas m'empêcher de regretter d'une façon très égoïste que cette fin du monde arrive si tôt. C'est que j'ai encore des livres à lire et que j'ai enfin trouvé une encre de chine de bonne qualité. Ça me chagrine un peu de devoir laisser tout ça et de devoir partir en un petit amas de poussières stellaires dans le grand vide intersidéral.

Ce billet est donc le dernier billet de ce blog qui disparaîtra lui aussi. C'est la raison pour laquelle je le publie tôt. Il serait dommage et regrettable qu'il soit en ligne trop tardivement. Pour l'occasion, j'ai décidé de laisser le dernier mot à l'hôte tutélaire du lieu, la Peste lui-même[1].
Je vous souhaite une bonne fin du monde, pas trop désagréable et pas trop douloureuse. Adieu.

La Peste, elle n'a pas vu venir la fin du monde

Note

[1] Oui, je sais qu'il y a un truc qui ne colle pas dans cette formulation mais au point où nous en sommes, on ne va pas s'embêter avec des histoires d'orthographe ou de grammaire.

jeudi 20 décembre 2012

Ça tourne pas rond

En attendant de voir si j'arriverai à produire un dessin aujourd'hui, je vous propose une photo que je viens de faire.

Compas en panne

mercredi 19 décembre 2012

Lapin blanc avec modération

White Rabbit - Jack Daniel's

mardi 18 décembre 2012

Tentative de feuilleton collaboratif du mardi (23)

Quelle affaire ! Non mais vraiment, quelle affaire ! Gérard est pris en stop par un chauffeur routier mélomane, Gaëlle rêve à son Yann, les gendarmes jouent les duettistes burlesques et le Nautilus ne fait toujours pas surface. Cette semaine, Liaan se propose d'éclaircir quelques points. Mais y parvient-il seulement ? A vous de vous faire votre idée dans le vingt-troisième épisode de ce feuilleton.

Dans les ruines de la maison de Pont Aven.

Je rêve... Des coups sourds, des voix, une déflagration, des flammes froides, j'ai du mal à respirer, des voix, encore, cauchemar, une autre explosion... Un bombardement, la guerre ? De quel côté suis-je ? Ma petite voix intérieure me chuchote : C'est l'heure de te lever pour aller marner, allez ! Je sens mon corps comme engourdi, je vais me réveiller et réalise que je ne suis pas dans mon lit familier. Le fameux "où suis-je", des bandes dessinées, surgit. J'ouvre les yeux, rien, et ce n'est pas la nuit d'une pièce sombre, je sens sur mon visage comme une couverture, un drap : je suis à la morgue ! Je suis morte ! Une nuée d'angoisse m'envahit. Non ! Pas ça ! Pas maintenant ! Je veux hurler cette méprise, mais aucun son ne sort. Je veux bouger, je ne suis pas morte ! mes bras sont en plomb ! Je fais un effort qui me parait démesuré et mon bras bouge enfin, je cherche à dégager ce voile, ce linceul plein de poussières. J'arrive à dégager mon visage, et je vois une plaque de bois ! Le couvercle du cercueil ! Je suis enterrée vivante ! Je veux encore crier, mais impossible d'émettre le moindre son. Je me sens moins ankylosée et me dégage complètement. Je suis sous une table dans une pénombre qui me semble irréelle.

Avec difficultés, je dégage des gravats (?), plein de gravats. Que s'est-il passé ? Un effondrement ? Un bombardement ? Mon rêve/cauchemar est encore là.

Si je comprends bien, cette table m'a protégée contre toutes ces chutes ! Je réussis à me dégager complètement et me mets debout. Tous ces gravats, des pierres, des bouts de bois, une casserole, et eeeerk ! Un bras humain ! J'observe attentivement ce bras : c'est un bras artificiel !

Et tout brusquement me revient à l'esprit : la Fabrique, la Fabrique de Bébés, "Lafleur", les Autres, et cet échec, ici, à Pont Aven ! Nous croyions maîtriser toute cette bande d'amateurs, de petits joueurs, les Roland Verne, mon frère Robert, ces autres, la bagarre.

Ah mais ! Nous avons perdu une bataille, mais...Ça va barder !

Tout d'abord, faire le point, ensuite contacter "Lafleur"...Ah ah ah ! sacré "Lafleur" ! Je lui dois une fière chandelle avec son conseil de porter un gilet pare-balles !

Secouée, mais pas morte, ma Colette, ah non !

Si Gäelle, Alice, Roland et Robert avait pu assister à ce spectacle d'une Colette, debout, s'époussetant avec rage, donnant des coups de pied dans les débris de vaisselle, nos amis auraient tremblé d'effroi.

Le jour se levait et dans cette lumière rasante, Colette dégage un cadavre, l'observe et comme par un soufflet, laisse retomber le corps, et cherche un autre macchabée pour assouvir je ne sais quel instinct ! Après avoir dégagé des morceaux de bois ayant eu l'apparence d'un beau buffet breton, Colette sourit : Ah ! Hans ! Tu as l'air en meilleur état que Günther ! Viens vers ta Maman, Mein Hans ! Et Colette approche le visage du cadavre, le place sur sa poitrine et d'une main experte, écarte délicatement les cheveux sur le haut du crâne...

Quelques minutes plus tard, après son lugubre travail, Colette, satisfaite, s'écarte des gravats et se mets en marche vers les ruines de l'appenti, en partie effondré sur "sa" Mercedes. Les chiens ! lance-t-elle, en tapant du pied sur un seau métallique, sales clébards ! Tiens ? Je ne vois plus l'ambulance. Ce sont ces cloportes, accompagné de ce cafard de Gérard. Elle ne retient pas le gros glaviot quelle lance à terre.

Arrivée dans la remise, elle repère vite le poste de radio émetteur-récepteur, constate qu'il est débranché, le raccorde et le manipule avec dextérité.

- Appelle Q.G.... Appelle Q.G. ... Colette appelle Q.G. Colette appelle Lafleur...

- Lafleur écoute, cinq sur cinq, Colette, à vous...

La conversation dura moins de cinq minutes, et Colette sortit. Barfleur ? Ce n'est pas la porte à côté, ça, et je n'ai plus de bagnole... Un coup strident d'avertisseur interrompt sa pensée : ça, c'est une Renault 4, je parie !

...

La cantatrice (chauve) termina son air des bijoux de Gounod, la voix du speaker désannonce l'extrait de l'œuvre, en n'omettant surtout pas la célèbre évocation de la non moins célèbre cantatrice Blanche d'Italie.

- Et tu vas où, comme ça, mon joli ? interroge d’une voix douce le chauffeur routier, qui propose en même temps une Philip Morris, paquet ocre, à son passager.

Gérard sursauta à cette question.

- Tu ressembles à un vieil ami : Robert !

- Ah non ! Ça ne va pas recommencer ! crie presque Gérard.

- Oh, mollo ! Je ne suis pas dur de la feuille, et ce camion n'est pas trop bruyant pour que tu te permettes de parler si fort, reprit le camionneur, je te demande simplement où tu comptes aller avec cette dégaine de punk déjanté avec ce T-shirt qui donne soif, ton apparence de clodomir assermenté chez Fourien, et que t'as de la chance que je t'ai ramassé, j'aurais pu te laisser comme un débris au bord de la route, sacré Robert ! Si je t'appelle aussi familièrement, c'est que tu lui ressembles furieusement, au Robert ! Ne m'en veux pas, j'suis comme ça !

- Vous êtes comment ? demande hargneusement Gérard, vous n'êtes pas de la jaquette flottante, au moins ?

- Oh ! Tout de suite on monte sur ses grands chevaux, tu dois avoir, contre les gens qui s'aiment, des idées arrêtées au dix-neuvième siècle ? Tu n'aimes pas les tarlouses ? Tu ne veux des hommes, des vrais, des tatoués ? Je ne suis pas tatoué, mon grand, mais les bergères, je les aime bien, surtout la sœur à Robert, la Colette ! Rien que de penser à la tête de son mari tous les jeudis entre 3 et 4 heures !

La colère, jusque là contenue, de Gérard tente d'exploser, mais, vu le gabarit du camionneur, il demande :

- Votre Robert à une sœur prénommée Colette ? Moi, ma femme, son prénom, c'est Colette.

Le routier reprend :

- ce serait marrant que vous soyez le mari de cette Colette, mais non, ce n'est pas possible ! Ha ha ha, trop tordant !

Le camion gravit péniblement les lacets de la nationale 24, entre Locminé et Josselin, toujours suivi par la Land-Rover noire.

...

C'est bien une Renault 4, du jaune inimitable des PTT, le facteur en descendait, rigolard :

- Ma doué ! Y'a eu comme un gros coup de vent, c'te nuit, ma parole, les portes ont dû sacrément claquer ici ! La Mâme Labornez n'est pas là ? Parce que j'ai son Nous-Deux ! Voui, et vous, sauf vot'respect, Mâme, vous êtes restée endormie dans un champ de chardons, vu les trous que vous avez sur le poullover ?

- Si tu ne veux pas de trous identiques sur ton bel uniforme, facteur, tu fermes ton grand clairon et tu m'écoutes, lance Colette en exhibant un révolver si énorme que le facteur se demande où la dame au pull troué l'avait caché... Le facteur lève les bras.

- Si c'est pour un holdoup, j'ai que les mandats de Ker-Menez et de Ker-Bronnec, ça va pas faire lourd, dans les...

- Ta gueule ! J'aime pas trop les bavards ! Tu me suis et tu la fermes ! reprend Colette, Vous n'avez que des 4L par ici ?

- Euh, je la ferme ou je l'ouvre ? tente le fonctionnaire des Postes.

- Tu la fermes gentiment ! conclut Colette.

Colette, suivie du facteur, s'approche du corps de Hans et le facteur, effaré voit Colette coller ses lèvres sur la bouche de Hans et souffler très fort. Là dessus, le corps de Hans est pris d'un tremblement vite disparu, et se lève, en maugréant :

- Donnerwetter ! Was ist los ?

- Ça, c'est du shleu, dit rapidement le facteur.

Colette se retourne et d'un œil noir, fixe le regard du facteur qui ne rajouta rien du tout.

- Monte dans l'auto demande Colette à Hans.

Ce grand gaillard tout plein de poussière et de muscles qui se lève tout doucement...

- Jawohl, Colette !

Il se dirige vers la fourgonnette jaune, ouvre la porte arrière et s'assoit sur les sacs et les colis situé dans la 4L.

- Mais ? beugle le facteur qui observe la scène.

- Tu as compris ce que je t'ai demandé ?

- Voui, voui Mâme !

Colette se glisse aussi à l'arrière de la Renault 4.

- Prends le volant et décolle, facteur ! intime Colette en montrant du canon la direction à prendre.

Un cyborg, Nom de Dieu, un cyborg jette le facteur en observant Hans.

- Ah! T'es moins ballot que tu en a l'air, facteur, un bon point pour toi, Hans est effectivement une créature artificielle qui sort de la Fabrique ! Tu vas nous emmener avec ta camionnette à Barfleur !

- Mais ? tente une dernière fois, anéanti, le facteur, ma tournée, mes Ouest-France !

- Ce ne sera pas une grosse perte pour les bonnes gens, s'ils ne lisent pas ce torchon, conclut Colette.

Et la Renault 4 fourgonnette de cette brave Administration des Postes se lança sur le chemin menant à la Grande Route, vers le Nord-Ouest.

Arrivé en bas de la pente, le véhicule des PTT, conduit par le facteur droit comme un I, qui ne jette pas un regard aux deux pandores, alignés le long de leur 4L réglementaire, tourne à droite sur la route nationale 783 en direction de Quimperlé.

- Déjà chaud à cette heure, le facteur, remarque le brigadier Chapraut à son homologue Chapraud.

- Oui, et il donne soif, ajoute ce dernier, on passe contrôler le stationnement du côté de celui "des Sports" ?

- Affirmatif ! lance le brigadier Chapraut.

À bord de la 4L jaune, Colette remarque :

- Ce qu'il y a de bien, c'est qu'avec une voiture des PTT, on passe partout sans se faire contrôler, Nous pouvons traverser la France entière sans être inquiétés !

Ma tournée ! pense à ce moment le facteur...

Parvenus à cinq cents mètre du panneau d'agglomération de Quimperlé, un homme en costume, à côté d'une Renault 4 berline de ce jaune inimitable des PTT, fait signe à la fourgonnette de s'arrêter. À moitié dissimulés sous les sacs postaux et les colis, Colette demande :

- Qui est ce pékin ? Un de vos collègues ?

Le facteur répond :

- C’est la bête noire des facteurs : un inspecteur-vérificateur, il doit s'étonner de voir que je ne suis pas sur la tournée régulière ! Je stoppe ?

lundi 17 décembre 2012

Quand le bâtiment va, tout va

Je ne pense pas que vous vous souveniez de cette belle propriété à fort potentiel que je vous présentais naguère. Récemment, je suis repassé devant et il semble que les travaux aient commencé.

Belle maison périgourdine à restaurer

En à peine deux mois, on peut remarquer que l'état général s'est drastiquement modifié. Je vais suivre l'affaire.

Une autre affaire à suivre, c'est celle du feuilleton collaboratif qui devrait s'enrichir d'un nouvel épisode dès demain matin.

dimanche 16 décembre 2012

A la bourre pour la fin du monde

Renault R2087 en retard pour la fin du monde

samedi 15 décembre 2012

Moi René Tardi

J'ai découvert Jacques Tardi au collège avec les aventures de Adèle Blanc-Sec. C'est plus tard que je suis devenu une sorte d'inconditionnel. J'ai dévoré son dernier album : "Moi, René Tardi, prisonnier au Stalag IIB".

Jusque là, c'était la première guerre mondiale qui semblait inspirer Jacques Tardi. Dans son dernier album, il donne la parole à son père, René Tardi, militaire engagé dès 1935, qui participera à la guerre de 39-40 comme chef de char d'assaut et connaîtra la défaite et la condition de prisonnier de guerre dans un stalag de Poméranie.
C'est cette guerre vue du côté de son père que nous raconte Jacques Tardi. Au début des années 80, il a demandé à son père de consigner ses souvenirs par écrit. C'est en partant de ces carnets de mémoire qu'est né cet album de BD. L'auteur prend la liberté de se représenter en jeune garçon au long des pages alors qu'il n'était même pas né.
Jacques Tardi laisse parler son penchant antimilitariste qui, semble-t-il et dans une certaine mesure, était partagé par son père. Militaire de carrière, sous-officier engagé, René Tardi est confronté à la bêtise des responsables politiques et militaires dans la gestion de cette guerre. Les munitions introuvables, le matériel obsolète, la certitude chevillée au corps d'avoir la meilleure armée du monde et celle que Hitler n'oserait jamais passer par la Belgique pour atteindre le territoire français. On sait ce qu'il en sera, on sait la déroute de l'armée française. On sait moins le ressenti des prisonniers de guerre, vaincus, anéantis. Jacques Tardi, dans ce premier album sur l'histoire de son père[1], Jacques Tardi explique les conditions de vie à l'intérieur d'un stalag jusqu'au débarquement allié en Normandie. On est très très loin de la série (méprisable ?) "Stalag 13" avec son Papa Shultz ou de "La vache et le prisonnier" ou d'autres films réalisés après guerre et qui tentent de ridiculiser l'Allemand et de glorifier le génie français. Dans les faits, les militaires français étaient les vaincus et ils portaient la honte de la défaite sur leurs épaules. Après guerre, ils n'ont pas été fêtés.
Cet ouvrage volumineux est construit sur le principe de cases allongées qui font la largeur de la page. L'ensemble est principalement décliné dans des tons de gris et j'ai eu du mal à ne pas le lire d'un seul coup. J'aime faire durer un peu les livres que j'aime bien. Celui-ci, je vous le conseille. Il coûte environ 25 euros et est édité chez Casterman.

Moi René Tardi prisonnier de guerre au stalag IIB

Note

[1] D'autres suivront bientôt.

vendredi 14 décembre 2012

Si vis pacem et cætera

Sac, chaussures, obus de mortier, caisse de grenades et Jack Dan

jeudi 13 décembre 2012

Cours de procrastination

Aujourd'hui, je vais faire un beau dessin pour le blog.

Exercice 1 : Bon. Je le ferai peut-être demain...

mercredi 12 décembre 2012

Décontracté du gland

depardieu belgique

mardi 11 décembre 2012

Tentative de feuilleton collaboratif du mardi (22)

Que de morts au cours des épisodes précédents ! Heureusement, Sax/Cat nous livre un nouvel épisode et redonne vie à un personnage capital. Tandis que Gaëlle, Alice, Robert et Roland quittent la Bretagne pour rejoindre la voisine Normandie, dans la maison détruite...

Pour la première fois de sa vie il se félicite de passer pour un minable. Tout le monde l'avait cru assommé, et en y repensant, il l'était bel et bien.

Et après l'explosion, ils étaient tous partis. Gérard en avait profité pour se remettre les idées en place et fouiller un peu la maison. On ne l'y reprendrait pas à jouer avec une arme à feu, même chargée, mais il espérait au moins trouver de quoi manger un morceau, son dernier repas remontait à presque 48 heures, il ne tenait plus sur ses jambes.

Et voilà qu'ils étaient revenus, heureusement il avait trouvé une cachette dans le grenier.

L'explosion suivante l'avait trouvé là, il s'était retrouvé directement dans la chambre, le lit avait amorti sa chute. Par un drôle de hasard étonnant, la partie de toit juste au-dessus de lui est restée à sa place. Pour une fois il a eu de la chance.

Et maintenant il est là, couvert de gravas. Il a toujours aussi faim, mais il est satisfait. Il fait un veuf joyeux. Moyeux joyeux se prend-il à plaisanter.

En y réfléchissant bien, tout va pour le mieux pour lui.

Colette commençait à le fatiguer, et depuis qu'il avait découvert ce qu'elle avait fait à ses précédents maris, il était en permanence sur le qui-vive.

La Fabrique aura sans doute le bon goût de la croire mort sous les décombres.

Il a un peu d'argent caché en lieu sûr, son passeport est à jour, il a tous les visas souhaitables, il va prendre le premier avion vers le Canada. Il connaît au moins une personne là-bas. Un industriel pour lequel il a travaillé il y a quelques mois. Tout s'était très bien passé, l'argent avait été récupéré, il sera sûrement bien reçu.

Première chose à faire, quitter au plus vite cette maison, puis aller au Mans pour récupérer son magot, et retour sur l'aéroport de Nantes. Il s'époussette rapidement et quitte les ruines.

Dans ces régions un peu reculées, l'auto-stop marche encore, un camion le prend rapidement en charge, ça tombe bien il va vers Paris, il n'aura même pas à faire un détour pour sa première étape.

Le routier est un mélomane comme ceux de Jean Yanne. La radio diffuse "L'air des bijoux" de Faust.

Tout à ses rêves de nouvelle vie, il n'a pas remarqué le 4x4 noir qui les suit depuis la sortie de Pont-Aven.

...

La 4L bleue se gare devant ce qui reste de la maison de Gaëlle.

- Brigadier Chapraud, j'ai l'impression que cette fois la porte a claqué un peu fort.

- Brigadier Chapraut, je pourrais dire plus, mais ce n'est pas le moment de faire de l'esprit. Il y a peut-être des victimes civiles dans ce bric-à-brac, il faudrait leur porter secours.

- Brigadier Chapraud, vous n'y pensez pas. Vous oubliez que le règlement ne permet pas de porter secours aux victimes munis de la tenue d'interception routière que nous avons revêtue rapport à l'accident mortel de tout à l'heure.

- Brigadier Chapraut, vous avez raison. La situation dépasse manifestement notre compétence. Conformément au règlement, nous devons en référer à nos supérieurs. En outre, notre tour de garde s'achève dans 10 minutes, il est temps de revenir à la brigade.

La 4L bleue s'éloigne. Les premières lueurs de l'aube éclairent le lointain.

...

Gaëlle s'est encore endormie. Elle recommence aussitôt à rêver de Yannick. Yannick dans la Jeep, Yannick sur son bateau, Yannick mitraillette en bandoulière, toutes ces images envahissent son esprit embrumé. Au moment où l'image de Yannick répondant à la radio s'impose, une pensée la réveille en sursaut.

- Ça y est, ça me revient, je crois que j'ai tout compris !

Alice essaye de la calmer, en vain.

- Non, je vais bien, laissez moi parler. Depuis hier soir, je savais bien qu'il y avait quelque chose de familier dans tout ça. C'est la voix dans l'émetteur-récepteur qui m'est familière. Maintenant je sais parfaitement qui parlait, c'était Lafleur.

- Qui est Lafleur ? demande Roland

- C'était son surnom dans le réseau. On ne connaissait bien sûr pas nos vrais noms, chacun avait son surnom. Moi, bien sûr, c'était Bécassine, les hommes n'ont aucune imagination. Mon Yannick, c'était "Capitaine Sardine". Et lui, c'était Lafleur, allez savoir pourquoi, sûrement rapport avec son vrai nom que je n'ai jamais connu. En tous cas, c'est lui qui était chargé de la radio, il passait les messages, il dépannait, il contournait les brouillages, un vrai savant. À la fin de la guerre, avec tout le temps passé avec ses écouteurs sur les oreilles ou les haut-parleurs à fond, il était devenu complètement sourd. Il est parti quelques temps en Belgique. Il a travaillé un peu pour le gouvernement et les militaires de là-bas, il a pas mal voyagé, en Europe de l'Est, en Amérique, un peu partout. Lui qui avait passé toute la guerre enfermé dans sa cabine radio, le goût de l'aventure le prenait. Il a même rencontré un journaliste qui devait raconter ses aventures, mais il me semble que le projet n'a jamais abouti. Il était inventeur, il faisait plein de machines bizarres. Je crois même qu'il a fait un sous-marin de poche.

- Le Nautilus ! s'écrie tout le monde en chœur

- Je ne sais pas, il ne m'a pas dit ce nom là.

- Vous l'avez donc rencontré après ? Demande Robert

- Oui, une dizaine d'années plus tard. Il était revenu en France pour quelques temps. Il savait que Yannick avait disparu, et il m'a demandée en mariage. Moi, je ne voulais pas, non pas que je sois restée totalement fidèle à Yannick après sa disparition, d'ailleurs on ne s'était rien promis de tel, et quand même je n'avais pas 30 ans quand il a disparu alors... Mais par contre je ne voulais absolument pas me mettre en ménage avec un ancien du réseau. En plus, il était complètement sourd, alors pour la conversation... Il n'empêche, avant sa demande, il m'a raconté ses années belges. Il s'était mis en cheville avec un autre inventeur, un farfelu qui ne réussissait pas grand-chose, qui faisait des instruments de musique, des portes automatiques, des moyens de transport, et autres choses qui étaient censées améliorer la vie de tout le monde mais qui avaient toujours un gros défaut. Mais ce gars-là était doué pour tout ce qui touchait aux animaux et aux plantes. il faisait des greffes, des croisements, des choses que personne d'autre n'aurait pu réussir. Lafleur, lui, s'intéressait surtout aux plantes, notamment aux roses. Il m'a fait 3 fois sa demande. La troisième fois, quand j'ai de nouveau refusé, il est devenu complètement fou, il s'est mis dans une colère noire.

- C'est la dernière fois que je te demandais en mariage. Puisque tu refuses encore, je ne me marierai jamais ! jamais ! jamais ! Mais j'aurai des bébés, plein de bébés, des dizaines de bébés, des centaines de bébés, tous rien qu'à moi et tous comme moi !

- Je ne l'ai jamais revu.

- La Fabrique de bébés, c'est là qu'est le QG, et Lafleur c'est le chef alors ? demande Alice

- Sans doute, mais qu'est-ce qu'il peut bien vouloir faire du Nautilus ?

lundi 10 décembre 2012

J'ai reçu des cadeaux

Et bien oui, c'est aujourd'hui mon anniversaire. J'avais bien l'intention de passer la chose sous silence mais voilà que l'affaire semble connue jusqu'à loin de nos frontières. Je m'incline.

En rentrant du boulot, tout à l'heure, j'ai eu une première surprise. Je ne sais pas pourquoi, j'avais dû allumer la lumière de dehors et elle était restée allumée. Donc, je me suis dit que la première chose que j'allais faire une fois que je serai entré en mon domicile, ça serait de basculer l'interrupteur. Mais là, une seconde surprise m'attendait ! On avait déposé de somptueux cadeaux, des chocolats fins auxquels je n'ai pas résisté longtemps et, bien à l'abri à l'intérieur d'un écrin douillet, une ravissante petite 2cv Citroën !
La cuirasse du vieil ours mal léché s'est alors brisée et une vague d'intense émotion l'a gagné. Il était chez lui après une dure journée de labeur et il allait pouvoir aller se faire cuire ses nouilles quotidiennes. Joie !

Deux chevaux d'anniversaire

dimanche 9 décembre 2012

Pas cool, la souris

C'est un dessin de Liaan qui m'a donné l'idée de celui-ci. Je m'en excuse par avance et espère qu'il ne m'en tiendra pas rigueur.

kat killer

samedi 8 décembre 2012

Quadrature du cercle

A moins que ce ne soit "Carrément rond". Je ne sais pas bien. Ce qui est certain, c'est que je suis passé en mode "foutage de gueule" pour le billet de ce jour. Je vous mets au défi de trouver quelque chose à dire sur le sujet. Bon courage !

quadrature du cercle

Et une nouvelle photo avant d'aller vaquer à la préparation du repas du soir.

quadrature du cercle

vendredi 7 décembre 2012

La Peste, elle sidérurgise

A moins que vous ne soyez entré en hibernation au fond d'une grotte mal desservie par la distribution de la presse, des ondes radio et du haut débit, vous ne pouvez ignorer l'affaire ArcelorMittal de Florange.

Arcelor était un groupe sidérurgique créé il y a une dizaine d'années qui est devenu ArcelorMittal à la suite d'une offre publique d'achat hostile du groupe Mittal Steel Company en 2006. Arcelor est né de la réunion de trois sidérurgistes européens (espagnol, luxembourgeois et français) et était le premier producteur d'acier mondial jusqu'en 2004 (source wikipedia)
Une fois que l'on a dit ça et que l'on ajoute que Mittal est indien[1], on ne sait rien ou pas grand chose. Ceux qui ne sont pas Lorrains ne doivent même pas savoir où se situe Florange et, au vu des photos que j'ai pu voir, il est concevable que l'on ne privilégie pas cet endroit pour destination de villégiature. Cependant, l'actualité nous force à apprendre les mots : ArcelorMittal, Florange, Ayrault, Montebourg, haut fourneau, acier, emplois, chômage, arrêt, nationalisation, cafouillage, trahison et Lorraine, entre autres.
Intéressons-nous à quelques uns de ces mots. En premier, je choisis le mot "acier[2]". Qu'est-ce que l'acier ? L'acier est un métal que l'on trouve communément dans tout un tas d'objets et qui ne pousse pas à l'état naturel dans les champs labourés par l'agriculteur beauceron. Pour faire de l'acier, il faut du minerai de fer, du carbone et de la chaleur pour mélanger le tout. Pour faire chauffer tout ça, une casserole en aluminium et un réchaud à alcool ne suffisent pas et cela nous permet de parler d'un second mot, le haut fourneau.
Je ne sais pas vous mais moi, je n'ai jamais compris comment fonctionne un haut fourneau. Je suppose qu'il faut que ça chauffe une sorte de gamelle dans laquelle on place du minerai de fer plus ou moins concassé avec du carbone. Mais quel carbone ? Mystère. Enfin bon, peu importe. Ça nous donne de l'industrie sidérurgique et des profilés, des tôles, des tuyaux et des lingots d'acier. Ou de fonte, je ne sais pas vraiment. J'ai comme un doute. Ce qu'il faut retenir, c'est que le haut fourneau est plein de mystères et que c'est plutôt assez laid.
"Arrêt". Ce troisième mot est en relation avec le précédent. Il appert que si l'on arrête un haut fourneau, il est foutu. Un haut fourneau qui est arrêté s'effondre et ne peut pas être redémarré. S'il n'y a plus de haut fourneau, il n'y a plus besoin de sidérurgistes et on en arrive au quatrième mot.
Le chômage guette la personne en âge de travailler à qui on ôte ou refuse un emploi. Le chômage est considéré comme un grand malheur en cela qu'il a un effet délétère sur le pouvoir d'achat. La personne victime du chômage est appelée "chômeur" ou "fainéasse" ou "parasite". Il est entretenu par ceux qui travaillent et paient des cotisations. Accessoirement, le chômeur passe ses journées à regarder la télévision en buvant du mauvais vin rouge. Le chômage est une maladie honteuse dont on ne se vante pas et il n'y a pas d'école pour apprendre à devenir chômeur. Il faut apprendre sur le tas et beaucoup de chômeurs sont autodidactes. Le chômeur sert aussi à faire peur à celles et ceux qui ont encore un travail et à leur faire accepter des choses pas sympathiques[3].
Enfin, nous choisissons le mot "nationalisation". La nationalisation, c'est lorsqu'une nation prive un honnête industriel de son outil pour se l'approprier. C'est du vol. Dans l'histoire, la nationalisation est souvent le fait de rouges communistes à couteau entre les dents. En France, on notera la nationalisation de Renault au sortir de la guerre et celle de pas mal d'industries à l'arrivée du rose Mitterrand en 1981. A l'étranger, on parlera de la nationalisation de General Motors par le pourtant pas si communiste que ça gouvernement américain. Dans l'actualité récente, on a parlé de nationaliser ArcelorMittal.

Bien.

ArcelorMittal est propriétaire d'un haut fourneau à Florange et il se trouve que l'on a découvert que ce n'était plus trop rentable de conserver ce haut fourneau. Alors, en capitaine d'industrie avisé, le capitaine avisé de ArcelorMittal a dit qu'il arrêtait le haut fourneau non rentable.
Et les sidérurgistes de Florange, ils se sont mis à gueuler et à en appeler à l'état pour que l'on les aide à ne pas perdre leur emploi et connaître le chômage infamant. Là, il y a un ministre du redressement productif qui dit qu'il connaît quelqu'un qui veut bien racheter le haut fourneau. L'espoir renaît dans les rangs des métallos sauf que le premier ministre Ayrault, il dit que non. Alors l'espoir s'effondre et ça gueule plus fort.
Au point où on en est aujourd'hui, Mittal dit qu'il va arrêter le haut fourneau et qu'il va indiquer le chemin pour Pôle Emploi à ses ouvriers qui ne seront pas reclassés. Tout cela est bien triste et Mittal a le mauvais rôle. C'est le méchant étranger même pas Français, dans l'histoire. Bon.

La Peste, elle se prend pour Mittal

Et moi qui ne suis ni Lorrain ni sidérurgiste ni métallo et qui ne sais même pas comment fonctionne un haut fourneau, qu'est-ce que je pense de tout ça ?
Ce que j'en pense, c'est qu'il y a comme une logique. Faire de l'acier en Lorraine, c'est méritoire et ça peut être utile. A la condition tout de même qu'il y ait des personnes qui achètent cet acier. Si c'est pour le mettre dans des bocaux avec une belle étiquette, ça vaut pas le coup. Et qui c'est qui achète de l'acier ? Principalement d'autres industries. L'industrie automobile, par exemple. Or, il se trouve que l'industrie automobile française n'est pas au mieux de sa forme et qu'elle produit de toute manière un peu plus en dehors de France parce que c'est moins cher que chez nous.
Et produire moins cher, ça sert à quoi ? A vendre moins cher (un peu) et faire plus de bénéfices (beaucoup). Lorsque l'on produit ailleurs, il est naturel de s'approvisionner en fournitures ailleurs aussi. Au plus près des usines. Acheter de l'acier en France pour construire en Roumanie, c'est un peu idiot. Produire en Roumanie avec de l'acier roumain et de la main d'œuvre roumaine pour vendre en France moins cher, c'est intelligent. D'ailleurs, ça semble plaire aux consommateurs français.
Mais un consommateur français, c'est quoi, me demanderez-vous ?

C'est quelqu'un qui a du pouvoir d'achat. Normalement, ce n'est pas un chômeur.

Mais en produisant ailleurs, on crée des chômeurs ici, non ?

Oui. Effectivement.

Mais alors, plus il y a de chômeurs, moins il y a de consommateurs ?

Oui. C'est là que la bât blesse.

Mais alors, qu'est-ce qu'on peut faire ? On ne peut pas relocaliser ?

Ah ! Ah ! Ah ! C'est la globalisation, mon pauvre ! Aujourd'hui, on ne peut plus voir tout ça de cette façon ! Si les industries de chez nous veulent produire chez nous, ils seront trop chers et personne n'achètera et les industries disparaîtront, voyons !

C'est vrai, je n'y avais pas pensé. Mais alors que faire ? Si je comprends, le système est en train de s'auto-suidider lui-même ?

Exact. C'est un jeu un peu idiot auquel nous jouons tous. Depuis des années, on veut consommer de plus en plus et on nous pousse à le faire en inventant tout un tas de dispositifs. Dans le cas de l'automobile, dans celui de l'électro-ménager, dans celui de l'informatique, partout ! On nous dit qu'il ne faut plus rouler dans de vieilles voitures et on nous met en place du contrôle technique de plus en plus pointilleux[4], on nous vend des matériels plus écologiques qui consomment moins[5], on nous propose des ordinateurs toujours plus puissants[6]. On a inventé ce que l'on appelle l'obsolescence programmée pour nous aider à suivre le mouvement toujours plus vite.

Mais ça ne peut pas marcher ! On ne peut pas demander aux chômeurs sans le sou de consommer toujours et toujours plus !

Qu'ils crèvent !

Dans quelle mesure les métallos de Florange n'ont-ils pas creusé leur tombe ?

Notes

[1] vaut mieux que deux tu l'auras.

[2] Comme dans : c'est nul acier

[3] "Si vous êtes pas d'accord, vous allez pointer au chômage"

[4] Pour notre bien et la sécurité de tous.

[5] Mais qui tombent en panne rapidement et qui ne sont pas réparables.

[6] qui n'acceptent plus de travailler au bout de quelques années parce qu'ils ne sont plus compatibles avec les nouveaux logiciels.

jeudi 6 décembre 2012

Tatave 1/2 HP

C'est sur un forum que je fréquente. Un participant a publié la photo de son grand-père au volant d'une automobile mystère prise lors de la grande guerre, celle de 14-18. Personne n'est en mesure de trouver la marque de l'auto et j'ai décidé de les aider en racontant toute l'histoire, image à l'appui.

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mercredi 5 décembre 2012

Gaëlle

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Bien sûr, cela n'évoquera rien à celles et ceux qui n'ont pas lu le feuilleton collaboratif du mardi. Pour les autres, par contre, peut-être, avec un peu de chance...

mardi 4 décembre 2012

Tentative de feuilleton collaboratif du mardi (21)

Alors que les gendarmes reviennent vers la maison de Gaëlle, Roland, Robert et Alice s'enfuient. Nous en étions là et c'est Arielle qui nous livre la suite.

Dans sa course, Alice trébucha. Robert la retint in extremis.

- Ça va ? dit-il troublé par la proximité.

Elle fit oui de la tête.

- Désolé pour tout à l’heure, Alice, mais moi aussi j'ai les nerfs à fleur de peau et puis le spectacle de Colette criblée de balles... Même si nous n'étions pas très unis, ça m'a mis hors de moi. Ces mecs sont complètement dingues.

- Ça ira Robert. On est tous à bout.

- Et Gaëlle, dit Roland. Gaëlle. Merde, ils ne l'emporteront pas au paradis ces salauds ! Bande de pourritures ! Et la carte, bon sang, la carte !s’exclama-t-il. On ne peut pas partir sans l'avoir retrouvée et prendre le risque qu'elle tombe entre leurs mains.

Ils n'étaient pas encore très loin de la maison et de là où ils étaient, ils pouvaient apercevoir la route sinueuse qui menait à la bâtisse.

- Les gendarmes, dit Alice. Regardez ! La 4L est en train de prendre la direction de la maison. C'est foutu.

Roland cogna son poing contre la paume de sa main en étouffant un juron. Le découragement les gagnait tour à tour. Le Nautilus semblait se dérober définitivement à leur quête.

- Il faut filer, dit Robert. Il reste le tableau. Peut-être pourrons-nous en tirer quelque chose. Mais là, il faut sauver notre peau.

- Attendez ! dit Alice. La 4L fait demi-tour !

...

Quelques minutes plus tôt…

« ... Appel à toutes les unités, Appel à toutes les unités - accident mortel avec délit de fuite au carrefour dit du Kergazuel. Appel à toutes les unités - Signalement du véhicule : couleur sombre, de type 4X4 - route D24, direction ouest, provenance Pont-Aven... »

- Bien, dit le premier gendarme. Demi-tour.

- Et la mère Labornez ? dit le deuxième. Parce que hein, comme le boulanger l'a dit au téléphone : " Brigadier, ce bruit qui vient de chez la Gaëlle, vous ne ferez pas croire que c'est une porte qui a claqué !"

- Ouais, on repassera. Elle ne va pas se volatiliser la mère Labornez ! Tu sais, le père Kermitt, il y va fort aussi sur le chouchen et il n'est pas bien malin le bougre. Allez, on file. Et puis regarde, vu d'ici, tout à l'air bien paisible non.

...

Alice, Roland et Robert revinrent sur leurs pas et pénétrèrent dans ce qui restait de la maison. Silence de mort - un remugle de sang, de poudre et de gravats flottait dans l'air et les prit à la gorge.

Par où commencer ?

Robert attrapa un plaid et recouvrit le corps de Colette. Roland se dirigea vers la chambre de Gaëlle bientôt rejoint par Robert. Ils entreprirent une fouille systématique et dévastatrice de la pièce tout en faisant le moins de bruit possible pour ne pas attirer l'attention. Sait-on jamais. Quelqu'un pouvait encore rôder aux alentours.

Alice partit vers le cellier à la recherche de ce qui pourrait les sustenter. Il y avait des heures et des heures qu'ils n'avaient rien mangé. Elle y trouva : pommes, biscuits, cidre et conserves "maison". Parfait se dit-elle.

Au moment de regagner le salon avec les provisions, elle crut percevoir un léger bruit. Comme un miaulement. Puis plus rien. Elle déposa ses trouvailles sur la solide et vénérable table en bois. Non, ce n'était pas son imagination. Il y avait bien un bruit. Et ce bruit ne provenait ni de l'étage supérieur ni de la cave. Elle parcouru la pièce du regard. En un instant, elle se précipita vers la porte d'entrée et se pencha, la gorge nouée, au-dessus du corps gisant de Gaëlle.Tête appuyée contre le mur, cheveux maculés de sang, plaie à la jambe, Gaëlle gémissait.

- Gaëlle, dit doucement Alice. Gaëlle.

Gaëlle tenta de bouger. Son crâne lui faisait atrocement mal.

"Sarah Connors" répétait sans cesse une voix dans sa tête. "Sarah Connors !"

"Oui, c'est moi", avait-elle répondu mais c'était sans compter avec son instinct d'ancienne des FTP. Elle plongea sur le côté. Sa tête vint heurter le mur. Puis plus rien. Le vide.

Un murmure lui parvint comme dans un rêve. Quelqu'un prononçait doucement son nom. Yannick ? Yannick c'est toi ? Ils ne m'ont pas eu Yannick. J'en ai vu d'autres depuis des mois. Tu es de retour ? C'est toi ? Il a été long cet été, tu sais. Mais on s'est battu sans relâche là-bas du côté de Fouesnant. C'est fini Yannick, on est libres. Au prix du sang, mais on est libre.

Mais où étais-tu ? Où t'es-tu battu ? Je t'ai cru mort. Par bonheur tu es là. Mais que fais-tu dans cette jeep ?

Nous étions en automne. Yannick descendit de la jeep et courut vers Gaëlle. Il l'étreint de toutes ses forces, il la soulève dans les airs et la dépose sur le siège du passager. Gaëlle rit. Gaëlle pleure. Ils sont tout à leur jeunesse, tout à leurs retrouvailles.

Yannick tire sur le démarreur de la Willys, enclenche la vitesse et s'engage dans le raccourci terreux et caillouteux. Enveloppé par un parfum d'essence et d'huile chaude, l'équipage prend la direction de l'océan.

Après toutes ces années de lutte, ils avaient eu besoin d'espace, de vent, d'embruns salés, de liberté. En courant pieds nus sur la plage, Gaëlle, heureuse, ne se doutait pas qu'un jour cette immensité bleue et capricieuse lui prendrait Yannick.

Quelques mois plus tard, leur fils Yann vint au monde. Yannick reprit la mer. La jeep fut remisée dans la grange et servit d'auxiliaire fidèle et robuste pour les travaux de la ferme.

Plus tard, Yann, peu enclin à suivre les traces de son père, saisit l'opportunité d'un exil au Canada où il se fit embaucher dans une scierie dont il est à présent le directeur.

Gaëlle remua, elle essaya de tendre la main vers Yannick. Elle entrouvrit les yeux et discerna un doux visage de femme. Peu à peu, elle retrouva ses esprits. Elle se souvient : Le bruit contre la porte. Une voix. Sarah Connors ! Le plongeon de côté. Un sifflement de balle.

Dans son délire, Gaëlle venait de revivre le retour de son homme. Mais exit Yannick. Exit l'été 44. Ce doux visage penché sur elle qui prononçait son prénom, c'était celui de l'amie de Roland.

Alice, murmura-t-elle. Cette dernière lui sourit.

- Tout va bien Gaëlle. Je suis là. Ne faites pas d'effort.

Alice se hâta de panser les blessures. Ce n'était pas si grave. La balle n'avait pas pénétré les chairs de la jambe et la blessure à la tête, aussi impressionnante soit-elle, ne mettait pas en danger la vie de Gaëlle.

Elle n'avait pas pris le temps de prévenir Roland et Robert qui, redescendant bredouille de leur fouille, marquèrent un temps d'arrêt, les yeux écarquillés, devant le spectacle qui s'offrait à eux.

- Oh putain ! laissa échapper Robert.

- Gaëlle ! Nom de Dieu, on t'a cru morte ! Merde, on a foutu le camp comme des cons et toi tu étais là... Bon Dieu... Merde. Pardon…

- On ne va pas refaire l'histoire dit Alice. Elle va s'en sortir. Aidez-moi à la transporter sur le canapé.

Roland et Robert s'exécutèrent.

- D'abord il faut manger, dit Alice, puis on avisera.

- C'est tout vu, dit Gaëlle d'une voix faible. Prévenez les secours et ensuite fuyez.

- Pas sans toi, répliqua Roland. Pas question !

- Vous avez raison madame Gaëlle, dit Robert. Entre les gendarmes et l'organisation, on ne peut pas s'offrir le luxe de s'attarder. Mais on vous embarque. Mais je ne pense pas que vous soyez en état de marcher jusqu'au lieu du rendez-vous non ?

- Sûrement pas ! dit Alice

- Il reste l'ambulance non ? proposa Roland.

- Mais elle est sûrement déclarée volée à présent.

- Roland a raison Alice, c'est malgré tout la meilleure solution déclara Robert.

- Je suis trop faible, dit Gaëlle. Prenez la carte et partez de suite.

- La carte ? s'exclamèrent-ils tous en chœur. Tu l'as ? dit Roland.

- Qu'est-ce que tu crois ? Que je suis gâteuse ? Je sais bien que c'est ça qu'ils cherchent ! Elle est en sécurité. Là, dans ma gaine, dit-elle en riant. Aïe ! ma tête. Ma pauvre tête.

- Sacrée Gaëlle, dit Roland en l'embrassant.

- Bas les pattes, tu vas m'étouffer.

- Tu es la meilleure, dit-il en esquissant quelques pas de danse.

Alice souriait de ses grands yeux verts tout en secouant la tête devant les pitreries de Roland. Ses boucles rousses semblaient caresser sa nuque. Robert, lui, ne pouvait détacher les yeux du spectacle de cette chair blanche que le mouvement de balancement des boucles laissait entrapercevoir. Roland se resservit un verre de cidre en déposant au passage un baiser sur la chevelure d'Alice.

- Mais où sont les autres ? demanda soudain Gaëlle.

- Ad patres, répondit Robert en finissant de racler les bords de la terrine de pâté.

La bonne humeur retomba comme un soufflé. Le spectacle désolant de la bâtisse s'offrait crûment à leur yeux. La dangerosité de leur situation s'imposa de nouveau à eux. Roland écrasa son mégot, se passa une main dans les cheveux. Ça n'en finirait donc jamais. Il sentit de nouveau l'urgence d'un café noir salvateur. La main d'Alice se crispa autour de son verre de cidre. Robert repoussa la terrine. Gaëlle ferma les yeux.

- Mais au fait et Gérard ? Mais où est passé Gérard ? fit remarquer Robert fort à propos.

Les recherches furent vaines. Gérard c'était visiblement volatilisé.

- Je vais emballer le reste des provisions pour la route, dit Alice.

- Roland et Robert, dit Gaëlle. J'ai bien réfléchi, au point où nous en sommes autant faire sauter la maison et effacer le maximum d'indices. La bouteille de gaz fera l'affaire. Avant que les gendarmes reconstituent le puzzle des restes de cadavres, nous serons loin.

- D'accord, répondit Robert, je vais d'abord rapprocher l'ambulance.

Il revint une minute plus tard.

- A la radio, dit-il. Oui, celle de l'ambulance. Je viens d'entendre qu'il y a des barrages. Un accident. Un délit de fuite. Bref, pas question de prendre la direction du lieu de rendez-vous. C'est dans le même coin.

De commotion cérébrale en commotion cérébrale, le brancard de l'ambulance hérita cette fois de la cousine Gaëlle. Les deux hommes montèrent à l'avant. Alice à l'arrière. Arrivés en haut de la montée, ils entendirent un grand boum. Un détonateur à mèche, bricolé à la hâte, venait de faire exploser la bouteille de gaz et les restes de la maison avec. Gaëlle poussa un soupir. A la guerre comme à la guerre pensa-t-elle. Oui, elle en avait vu d'autres. Pas question de se retourner sur ses souvenirs. Elle avait une autre guérilla à mener. Elle reprenait du service.

Guidés par Gaëlle qui connaissait comme sa poche toutes les petites routes secondaires, il évitèrent les barrages. Quelques heures plus tard, ils furent aux portes de Saint-Malo qu'ils contournèrent pour se diriger vers Granville. Ils évitèrent les lieux trop fréquentés et firent halte à l'orée d'un bois pour se détendre et se restaurer. Tous étaient marqués par la fatigue et sous le coup des événements insensés qu'ils venaient de vivre. Il leur fallait sans tarder trouver un refuge.

- Tante Etzelle, murmura Robert. Bien sur! Tante Etzelle et son ingéniosité ! Pourquoi n'y ai-je pas pensé plus tôt ! Il saisit son téléphone et lui expliqua la situation.

- Pas ici, dit-elle. Si jamais ces gens se rendent compte que vous n'êtes pas morts, il se peut qu'ils fassent le lien entre toi et moi. On ne sait pas ce que savait Colette et ce qu'elle a pu leur dire. Tout de même, ta sœur ne méritait pas ce triste sort. Quant à la police, elle, elle ne manquera pas de venir m'interroger. Bien. Ecoute. Voilà ce que nous allons faire. le grand oncle avait une maison de pêcheur du côté de Barfleur. Il m'arrive de la louer, personne ne s'étonnera d'y voir du monde. Je vais appeler le buraliste. Passe prendre les clés. Je vous y rejoins sous peu avec le tableau.

Le 4x4 de couleur sombre s'engagea dans un chemin de terre et s'arrêta. Un homme en descendit. Il enleva ses gants, alluma une cigarette et prit son téléphone.

- Patron, c'est moi. Il y a un pépin. Non, non. Ce n'est pas cela. Nous avons fait ce qu'il y avait faire. Il ne reste plus personne. Mais impossible de retourner ce soir, après le passage des flics, pour fouiller la maison. Nous avons eu un accident, nous sommes recherchés.

- Espèce de crétins ! hurla le directeur de la Fabrique. Bande d'incapables ! Abrutis ! Planquez-vous. Faites les morts. Disparaissez ! J'envoie une autre équipe fouiller la maison, dit-il en raccrochant brutalement le combiné.

Dans l'ambulance, une voix se fit entendre:

" J'irai revoir ma Normandie, cerisiers roses et pommiers blancs. "

lundi 3 décembre 2012

Quand le rat regarde en l'air

C'est signe qu'il n'y aura pas lerche sur le blog. Mais demain ! Ah ! Demain ! Demain, ce sera mardi ! Et le mardi, c'est jour de feuilleton sur le blog. Oui.

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dimanche 2 décembre 2012

Crise et nouveaux métiers

Pour sortir de la crise, pour inverser la courbe du chômage, quoi de mieux que d'aider à créer de nouveaux emplois, de nouveaux métiers ? J'apporte ma pierre à l'édifice en proposant aujourd'hui un métier d'avenir : tueur de mouches.

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samedi 1 décembre 2012

Alors comme je n'ai pas pris le temps...

... je vais juste vous balancer une photo que j'ai faite récemment pour faire un test. Cette photo n'est techniquement pas très intéressante mais elle pourrait ouvrir sur autre chose un jour ou l'autre.

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