Quatre cents

Il y a tout de même des moments où l'on se dit que le marketing nous prend vraiment pour des idiots finis.

Fluide Glacial fête son quatre-centième numéro en éditant une revue énorme. Près de 63 cm de diagonale, 500 mm de haut, 3,65 dm de large, 84 pages en couleurs et 7,95 € de prix public conseillé.

Fluide glacial

On se dira que le prix est élevé mais on croira aussi que l'on en aura pour son argent et, dans l'ensemble, on se persuadera que l'on ne fera pas une trop mauvaise affaire dans la mesure où ce numéro se devra de devenir à plus ou moins long terme un collector indispensable. Alors, on extirpera la monnaie de sa poche et on la déposera sur le comptoir de marchand de journaux et on pourra repartir fier comme Artaban vers son huis où l'on projettera déjà de passer un bon moment à lire tout ce que doit contenir la revue de choses drôles et fines.
Et c'est là que l'on se fout le doigt dans l'œil. Déjà, il n'y a pas grand chose en plus que dans un numéro habituel de Fluide Glacial. C'est simplement imprimé plus gros. Ça sent l'arnaque. Si j'ai pu penser d'abord que seules les illustrations allaient être "juste plus grandes", j'ai bien vite compris que les textes étaient eux aussi imprimés dans un corps de plus grande taille. Vraiment une arnaque, je vous le dis comme je le pense. Ce n'est pas joli-joli comme procédé.
Moi, j'achète régulièrement Fluide Glacial depuis le milieu des années 80. Je ne sais plus depuis quand au juste mais c'est sûr que ça fait déjà plus de vingt ans. J'ai connu Fluide Glacial à Paris, dans l'officine d'un tatoueur où je me rendais pour avoir des renseignements pour mon grand-frère qui voulait se faire tatouer. Moi, j'étais là et en attendant que l'on s'occupe de moi je bouquinais les revues laissées à la disposition de la clientèle. De temps à autres, il y avait une prostituée qui passait faire la causette. Il faut dire que j'étais dans une rue perpendiculaire à la rue Saint-Denis. Alors, j'ai découvert Fluide Glacial et ses auteurs de l'époque. Il y avait déjà Edika, Goosens, Binet, Coucho et bien d'autres. Certains sont partis de Fluide Glacial pour cause de mortitude, d'autres pour des raisons de frictitude. D'autres sont arrivés depuis et moi je n'y suis toujours pas.
Je me souviens bien avoir demandé l'autorisation de prendre quelques numéros de Fluide Glacial pour les lire à tête reposée et d'avoir beaucoup ri en les lisant dans le métro puis dans le train qui m'emmenait de Paris à Conflans-Sainte-Honorine. Quelque temps après, j'ai commencé à acheter Fluide Glacial régulièrement et je ne crois pas avoir raté un numéro depuis. Peut-être un mais ce serait bien tout. Par contre, je n'ai jamais cherché à obtenir les anciens numéros, ceux parus depuis la création de la revue par Gotlib en 1975.
Pire que le sentiment de s'être fait arnaquer par l'équipe de voleurs-escrocs de Fluide Glacial, c'est le fait de ne pas pouvoir lire ce numéro aux chiottes qui m'ennuie beaucoup. Je vais être obligé de le lire assis à ma table en faisant bien attention à ne pas corner les pages. Je me dis que quitte à arnaquer les fidèles lecteurs ils auraient dû éditer deux formats de la revue. Un que l'on garde sous verre pour la collection et un que l'on lit.
Quoi qu'il en soit, je vous conseille vivement d'acheter ce 400e numéro de Fluide Glacial. Je ne voudrais pas être le seul à me faire arnaquer.

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