Fabriqué en RPC

Pour vous dire la vérité, ce matin j'avais l'intention de faire un dessin, de finir la colorisation de celui d'hier, de faire deux ou trois bricoles et d'aller faire quelques courses rapides. Tout cela est tombé à l'eau à cause d'un appareil qui est tombé en panne.

Au fond, je sais que ce n'est pas le fait que l'appareil en question soit manufacturé en République Populaire de Chine qui pose problème. Il aurait été conçu et assemblé en France, ça aurait été la même chose. Non, ce qui est vraiment agaçant, c'est que cet appareil, que je n'utilise pas souvent, soit en panne juste au moment où j'en ai besoin. La dernière fois que je m'en suis servi, il y a quelques mois, il fonctionnait très bien. Je le ressors, il ne fonctionne plus. C'est étrange, je trouve. Bon. Comme ce n'est pas un appareil très cher, je m'étais déjà mis en tête d'en racheter un ces jours prochains. Seulement, j'aurais bien aimé l'utiliser aujourd'hui. C'est ballot.
Alors, foutu pour foutu, je me mets en tête de le démonter pour voir ce qu'il a dans le ventre et, le cas échéant, de le réparer. Oui mais ! Comment ça s'ouvre, ce truc ? Pas de vis apparente, rien. J'ai beau le tourner et le retourner, je ne vois rien d'autre qu'une coque en matière plastique très probablement clipsée. Diable. Je n'aime pas beaucoup cela. Je prends un petit tournevis et commence à tenter de faire levier dans les interstices visibles. Ça force mais voilà une partie qui semble vouloir céder. Je passe de l'autre côté, fais pareil. A présent, il faudrait enlever la partie avant qui semble bien servir à solidariser les deux parties du corps lui-même. Bon. Ne voyant rien d'autre à faire, je force un peu. Paf ! Un bout de plastique qui casse. Je continue malgré tout. Enfin, voilà la bestiole ouverte.
Que trouvons-nous à l'intérieur de l'engin ? Alors, deux accumulateurs soudés sur une sorte de circuit imprimé. De là, deux fils qui partent vers un petit moteur. Bien. Je sors mon multimètre et commence par m'assurer que le chargeur livré avec l'appareil délivre bien son content de courant continu. De ce côté, avec 2,4 volts mesurés, je considère que c'est bon. Le transformateur porte comme indication qu'il se doit de fournir 2,4 volts. Nous sommes dans les tolérances admissibles. Bien. Alors quoi ? Est-ce que le courant arrive aux accumulateurs ? Oui. Je mesure, chaque accumulateur est chargé à environ 1,25 volts. Alors, me dis-je in petto à moi-même et à voix basse, c'est sans doute que le moteur ne fonctionne plus. Je regarde les deux fils, une soudure me semble bien fragile. J'attrape deux petits bouts de fils électriques et connecte le moteur directement à la source de courant. Il vrombit, il tourne. Ce n'est pas lui le fautif. Alors, bien sûr, ce ne peut plus être que ce qui fait office d'interrupteur. Une splendide pièce de plastique moulé avec science et amour sur laquelle vient se fixer, presque par magie, une petite languette de cuivre joliment ouvragée. Enfin, devrait venir se fixer parce que là, la languette gît au fond de la coque. Il faut dire que la colle, même la meilleure, ça ne tient que le temps que ça veut bien tenir. De la colle adaptée, je n'en ai pas. Que puis-je faire pour tenter une opération de secours à la Mac Gyver ?
Je m'avise que la petite languette de cuivre est munie de trois petits trous et je me dis alors que je pourrais peut-être, avec la grâce de dieu, tenter de la fixer à l'aide de morceaux de trombone que je chaufferais à la flamme d'une bougie. Et pourquoi pas, après tout ? C'est une réparation de fortune, hein ! Je prends une fine paire de pinces, un trombone et je commence à opérer. Je chauffe, j'enfonce le bout de trombone dans la pièce en plastique à travers un des trous de la languette, j'attends un peu, m'assure que le morceau de trombone est bien "soudé" au plastique, coupe le trombone, le replie et passe à un autre bout pour un autre trou.



Avant de tout remonter, je fais un essai pour m'assurer que ça peut fonctionner. Ça fonctionne. Bien. Maintenant, le remontage. Première chose, je vois qu'un bout de plastique n'a que très modérément apprécié le démontage. Il est près à lâcher et il va falloir y aller doucem... Et merde ! Cassé. On ne s'énerve pas. Je regarde posément et considère que, si je fais très attention, ça pourra tout de même aller. Mais il faudra être doux à la manœuvre. Allez, on remonte tout ça. Là, il y a deux petits ressorts qu'il faut impérativement maintenir en place pour pouvoir remettre un gros bout de plastique. Où sont mes autres mains ? Il m'en manque deux ou trois pour tout maintenir en position le temps que les deux autres maintiennent les ressorts. Il faut y aller doucement, très doucement. Ça y est presque, c'est remonté. Maintenant, la pièce la plus importante. C'est assez simple mais il faut jouer sur la flexibilité de la matière plastique pour pouvoir la remettre en place jusqu'à ce que deux petits "clics" disent qu'elle est bien enclenchée. Je m'y reprends à trois fois en tirant la langue mais voilà. Bien.
Arrivé à cette étape, je vais boire un verre d'eau et je fais de nouveau un test pour vérifier que tout fonctionne. C'est bon. Je continue donc ma reconstruction. Au bout d'une bonne heure, l'appareil est reconstruit et, à condition d'être très gentil avec l'interrupteur, fonctionne très bien. Ouf.

Cet appareil que je n'utilise pas souvent et que j'ai acheté il y a plusieurs années pour pas très cher n'a pas été conçu pour qu'il soit un jour réparé. Je comprends la logique économique sous-jacente. S'il avait été conçu de manière à ce qu'il ait une longue vie, avec une prise en compte de l'éventualité du besoin d'un dépannage, le prix aurait été plus élevé. Ne serait-ce que parce qu'il aurait été plus long à assembler et qu'il y aurait au moins eu quelques vis. Là, j'imagine les divers éléments arrivant sur une chaîne de montage où du petit personnel n'a plus qu'à clipser les parties qui arrivent. Les éléments doivent être assemblés par des chaînes robotisées, comme cet interrupteur affligeant. Une pièce de plastique sur un convoyeur, un petit tas de colle, un bras qui positionne la languette et c'est joué.
Pourtant, si je comprends cette logique, je la regrette un peu. J'aime bien l'idée de faire durer les objets, de ne remplacer que le strict nécessaire en cas de besoin. Quelque part, ce que j'ai fait aujourd'hui, c'est un acte écologique, je dis, moi.

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