Admettons que, sans être riche ou pauvre, vous soyez dans ce que l'on pourrait appeler "une bonne moyenne". C'est à dire que vous avez de quoi vivre confortablement, de vous nourrir de produits choisis, de vous loger à votre goût, de vous véhiculer selon votre désir et, de temps à autres, de vous faire un petit plaisir. Surtout en cette période de soldes où un petit haut de chez Dior est presque donné et qu'il serait bien sot de ne point en profiter d'autant plus que l'on ne sait pas de quoi demain sera fait. Bien. Alors, vous vous sentez forcément concerné par la crise de 2009 que l'on nous promet. Ne le niez pas, vous avez peur de demain. C'est humain, il n'y a pas de honte à cela.
Pourtant, franchement, si tout le monde y mettait un peu de bonne volonté, hein, on n'en entendrait plus parler longtemps, de cette crise. Rien qu'en France, notre gouvernement fait ce qu'il peut pour aider les gens à consommer. "Achetez donc une voiture neuve, on vous reprend votre vieille auto pour plein d'euros !". Mais bon sang de bonsoir ! Consommez ! Ne pensez pas qu'à vous ! Soyez un peu altruiste, au moins une fois dans votre vie. Pensez à tous ces travailleurs, à toutes ces travailleuses, qui, du soir au matin et du matin z'au soir triment avec la peur du chômage qui pend telle une funeste épée de Damoclès au dessus de leur tête. Ce n'est pourtant pas bien difficile de consommer. C'est même à la portée du premier imbécile venu. Il suffit d'aller à l'hypermarché le plus proche pour s'en convaincre. Et, vous connaissant, je sais bien que vous êtes plus que le premier imbécile venu, vous.

Dans le même temps et en totale contradiction avec ce que j'ai pu écrire, je reconnais que l'on peut connaître une certaine jouissance dans la radinerie. Quel bonheur que de traquer la bonne affaire. Que le phénomène soit lié ou non à la crise, peu importe. D'ailleurs, il n'est pas lié à la crise. Prenons l'exemple du carburant. Il y a quelque temps, alors que le cours du baril de pétrole s'envolait, on a commencé à beaucoup entendre parler des bio-carburants, de toutes ces personnes qui roulent à l'huile de colza ou à l'huile de friture filtrée. Que ces personnes soient un peu stupides importe peu. En fait, ce qui est très amusant dans leur attitude, c'est bien que la plupart du temps, elles n'osent pas admettre qu'elles sont simplement radines et que leur seule préoccupation est bien de dépenser moins. Non, elles préfèrent se raconter que c'est une démarche "écologique". Vous me permettrez de doucement rigoler.
J'aime ne pas dépenser. Sans être vraiment radin, j'aime l'idée que je peux me passer de telle ou telle marchandise. J'aime réfléchir à un achat. Je ne me considère pas comme étant un vrai radin parce que, par exemple, je préfère de loin acheter du bon café, de la bonne viande, de la bonne bière ou des bonnes pâtes plutôt que des produits de seconde zone. Je reconnais que c'est aussi parce que j'ai les moyens de jouer à ce jeu. D'un autre côté, j'aime beaucoup me réunir avec moi et peser le pour et le contre lorsque je projette d'acheter quelque chose qui n'est pas vraiment nécessaire. J'ai des envies, comme tout le monde. Bien sûr ! Nous sommes tous soumis à la publicité, aux annonces de nouveautés et à toutes ces sortes de choses qui n'ont pour autre but que de nous faire acheter n'importe quoi.
Si j'avais des moyens autrement plus conséquents, il y a fort à parier que je serais souvent taraudé par l'envie d'acheter un nouvel ordinateur dès qu'il en arriverait un nouveau plus "amazing" que celui du trimestre précédent. Combien de fois me suis-je posé la question de la pertinence de l'achat d'un nouveau Macintosh ? Evidemment, si l'on écoute ceux qui veulent vous en vendre un, le nouveau est sans commune mesure "plus mieux" que votre vieux machin. Moi, j'ai un truc pour voir s'il faut changer ou non. Je me demande ce que je fais de mon ordinateur et ce que je ferais éventuellement d'un ordinateur plus récent et plus puissant. Tant que je me dis que je n'ai pas franchement envie de faire quelque chose d'autre que ce que je fais actuellement avec mon bon vieux G4, je considère qu'il n'est pas besoin de changer.
Récemment, j'ai acheté une nouvelle voiture d'occasion. Là, ça a été un cruel dilemme. D'un côté, j'avais cette Renault 19 qui fonctionnait plutôt pas mal mais dont l'alternateur venait de lâcher. Ce n'était peut-être pas grand chose et, au pire, j'en achetais un d'occasion pour une cinquantaine d'euros. Bon. En gros, pour quelques heures de travail et une cinquantaine d'euros, je conservais la R19 qui me suffisait bien pour aller au travail ou aller faire des courses. Seulement, le contrôle technique expirait en janvier et, là, je suppose que je n'avais pratiquement aucune chance pour qu'elle soit reçue avec les félicitations du jury.
"Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage." Pour une cinquantaine d'euros et autant de contrôle technique, j'aurais pu conserver cette brave et fidèle R19. J'aurais sans doute eu quelques réparations à faire faire et, si l'on voit large, je pense que je m'en serais sorti pour peut-être 500 euros supplémentaires. Alors, pour ces six-cents euros là, j'aurais pu conserver cette automobile. Au lieu de cela, je suis allé acheter un nouveau véhicule. Ce n'est pas très logique dans la mesure où cela ne m'a certainement pas fait faire d'économie.
Mais enfin, je n'ai pas envie de jouer le Tartuffe. Je reconnais que l'envie de changer de voiture était bien présente. Le souci, pour un radin, c'est l'envie qui peut survenir à tout instant, à l'improviste. Et c'est pour cela que j'en suis arrivé à échafauder une théorie qui vaut son pesant de cacahuètes. Je vous expose ça tout de suite.
Alors voilà. Pour pouvoir être radin, il faut avoir les moyens. En effet, si l'on est pauvre, on n'a pas à se préoccuper d'acheter ou non puisque, la plupart du temps, acheter on ne le peut pas. Bien. Jusque là, ça se tient. Or donc, le radin doit avoir de l'argent à dépenser et il doit se préoccuper d'en dépenser le moins possible pour qu'il lui en reste le plus possible. Cependant, le radin doit être malheureux puisqu'il doit perpétuellement refuser ses envies. Au fur et à mesure qu'il pratique la radinerie, le radin tente d'en faire un jeu. Il va récupérer les emballages, il va chercher les promotions il va faire durer ce qu'il a déjà. Mais ce jeu, j'en suis certain, devient rapidement une obsession qui doit bien pourrir la vie du radin. Il a décidé qu'un tiers de morceau de sucre suffira à sa tasse de café (il aura réutilisé la mouture de la veille). Seulement, en cassant son morceau de sucre, il s'aperçoit horrifié que l'un des tiers est trop grand ! Malheur ! Il va en casser un peu mais voilà qu'il se retrouve avec du sucre en poudre. Parce qu'il ne veut pas gaspiller, il le récupère et le met dans la boîte où il conserve justement le sucre en poudre. Vous n'imaginez pas le temps perdu et les tracas ! D'où mon hypothèse : il faut aider le radin à se simplifier la vie. L'aider malgré lui, pour son bien.
Et comment peut-on aider un radin ? En lui supprimant une bonne partie de ses revenus, bien sûr ! Du coup, il n'a plus le loisir de s'adonner à son jeu malsain. Il doit faire avec ce qu'il a et point. Du coup, c'est sûr que ça va le guérir de sa radinerie. Il essaiera bien encore un peu de grignoter sur quelques dépenses mais on peut augmenter les doses du traitement et, peu à peu, ne lui laisser que ce qui est strictement nécessaire à sa survie.
Donc, en cette période où l'on nous promet une belle crise, je propose mon idée au gouvernement. Pourquoi ne pas instituer la pauvreté comme "priorité nationale" ? Il est presque certain que l'on connaîtrait alors une vraie révolution des mentalités. Après que l'on aura cessé de consommer à tire-larigot, pour un oui ou pour un non, on en reviendra aux fondamentaux. On achètera des pâtes, des légumes, des produits de première nécessité et le chômage ne sera plus un malheur mais bien une bénédiction économique. Enfin, je dis ça, je sens bien confusément qu'il y a quelque chose qui ne colle pas dans ce raisonnement. Je retourne réfléchir à tout ça.
Ce texte a été relu et corrigé après coup. Il se peut qu'il reste encore des fautes. Amusez-vous donc à les traquer ! :)
1 De zaréelle - 11/01/2009, 13:09
écroulée lol
2 De Sax/Cat - 11/01/2009, 14:01
Allez, Devedjian, enlève ton masque de relanceur
3 De clafy - 11/01/2009, 15:55
Tant que vous n'êtes pas radin avec vos mots, Michel, tout va toujours pour le mieux dans cette meilleure des économies. :-)
4 De MITO-MITO - 12/01/2009, 15:25
Pas radins en mots, certes, mais en temps passé probablement...
Je ne vous avais encore jamais vu faire autant de fautes d'orthographe : auriez-vous économisé sur la relecture ?
P.S. : je vous envoie les corrections par mél, je ne suis pas radin, juste fauché et, vous avez raison, ça simplifie la consommation !
5 De michel - 12/01/2009, 20:25
Ah oui, effectivement, j'aurais dû relire. A l'avenir, je tenterai de faire un peu plus attention. Là, entre les fautes d'orthographe, les mots manquants, les erreurs de vocabulaire et le reste, je mérite une bien mauvaise note !