Le monde de la moto "ancienne" ou de collection est mouvant et tortueux. A mesure que les années passent, des marques et des modèles obtiennent leur visa pour entrer dans ce petit monde. Il est amusant de voir des motocyclettes qui n'intéressaient personne ou presque faire leur apparition dans les rassemblements d'anciennes.
Prenons les Sanglas. Cette marque espagnole (catalane, devrais-je dire) a connu une diffusion confidentielle en France. Celles vendues chez nous l'ont le plus souvent été en raison de leur prix contenu que pour leur beauté ou leur qualité. La plus répandue dans l'hexagone est certainement la 500 S2. Un bon gros monocylindre plus adapté au tourisme qu'à la conduite sportive. Pas franchement belle, elle est, parait-il, agréable à conduire. J'ai été surpris d'en voir une à Limeyrat. Je n'ai pas trouvé son propriétaire mais je ne l'ai pas vraiment cherché non plus.
Si je ne me suis pas attardé sur cette Sanglas malgré mon attachement et mon intérêt particulier et sentimental pour cette marque, c'est qu'une autre moto m'attirait bien plus. Une marque pour laquelle j'ai bien plus de sympathie. Et pourtant, là aussi, ce n'est pas une marque qui a passionné les motocyclettistes en son temps. Il s'agissait d'une CEMEC-Ratier L7. Cette moto française est issue de la volonté de fournir des machines françaises à l'administration française. A la fin de la deuxième guerre mondiale, les occupants allemands laissent des stocks de motos et de pièces. Dans un premier temps est créée la CMR qui va assembler des motos avec ces stocks. Mais ceux-ci ne sont pas inépuisables et il faut réfléchir à la suite. La CEMEC naît et a pour mission de concevoir une moto qui servira pour les administrations. Apparemment, le cahier des charges s'inspire des BMW et Zündapp allemandes. On fera une moto qui sera noire (ça fait sérieux) et qui sera propulsée par un bicylindre à plat à soupapes latérales. On ne cherche pas à faire dans le prestigieux mais dans le fiable. La L7 est lancée et, quelques années plus tard, Ratier rachète CEMEC et continue à produire cette L7 en apportant quelques modifications. C'est l'une de ces machines qui était présente. Jusque dans les années 60 (70 ?), les Ratier étaient des bécanes de flic. Cela explique en partie qu'elles n'ont pas été très bien considérées jusqu'à ce qu'elles atteignent le statut de moto collectionnable. Aujourd'hui encore, elles doivent se battre contre les BMW auxquelles ont n'a de cesse de les comparer.
Bien plus prestigieuse que les deux précédentes motos du jour, on pouvait voir une très jolie Triumph Speed Twin de 1948. Là, on est déjà dans un autre monde, il n'y a pas à dire. On est en présence d'un mythe. Ça impose le respect. On n'est pas loin de Marlon Brando et de "L'homme à la moto" de Piaf.
Enfin, une vraie fausse ancienne s'était immiscée dans le rassemblement. Il s'agissait d'une vraie fausse anglaise, une Enfield indienne. Pour la petite histoire, cette Enfield, toujours produite en Inde, est issue des chaînes Royal Enfield.
Limeyrat 2013, suite et fin
Si la manifestation limeyratoise (ou limeyracoise, je ne sais pas) est consacrée aux ancêtres, elle sait aussi s'ouvrir aux motocyclettes plus récentes. Cette année, c'est avec une réelle surprise que j'ai vu une Sanglas. Il y avait aussi une CEMEC-Ratier, une belle Triumph et une récente Enfield.
1 De Liaan - 08/05/2013, 20:08
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Une 750 pour moins de 1000 francs (*) titrait un magazine de moto (La Moto ?) dans les années 1970-1973 : c'est la Cemec-Ratier L7 ! Vrai qu'elles n'étaient pas vraiment couru, ces machines ex-Administration, vendues par les Domaines en 1960-1965. Je me souviens d'en avoir vu une, attelée à un bon vieux side-car, vers 1973, en banlieue parisienne, quelle belle machine !
Et si je ne me trompe pas (pourquoi donc, me tromperais-je ?), ce n'est pas cette machine qu'un héros de bande dessinée chevauche dans les aventures de T.Lapin, parues en son temps dans la revue Le Monde De La Moto ? (Certes, sa Cemec-Ratier est montée "chop" avec une fourche façon René-Gillet, et des sorties d'échappement pointée vers le ciel).
(*) Francs de 1973. Convertis brutalement : 152 euros. Mais si on fait le calcul plus en relation avec la valeur de l'argent, on obtiendrait dans les 500 à 600 euros actuels grand maximum pour une machine en bon état de marche et en règle.
2 De Liaan - 09/05/2013, 10:26
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Il y avait du beau linge, tout de même. Sanglas, Cemec-Ratier, Triumph "pré-unit", si je ne me trompe pas, c'est-à-dire avec boîte de vitesse séparée du moteur, trois machines plutôt rares dans un rassemblement, nous avons plus l'habitude de ne les voir que dans les musées ou les publicités pour des fringues tendances... Comme le remarquent certaines personnes très au fait de la machine ancienne, beaucoup de réclames pour des vêtements branchouillard, ne vont pas mettre une Sapêtoku 1500 cc de 2013 sur leurs affiches, de même lorsqu'ils place une bagnole, les publicitaires (et non "publicistes" comme l'écrivent beaucoup à tort), les publicitaires mettront plutôt une Facel-Véga ou une Ford Galaxie 1965 que la dernière horreur de chez PSA...
Sinon, dans les machines des visiteurs, j'aurais bien vu s'additionner une Moto Guzzi 500 Falcone de 1971, une NSU Max 250 de 1954, et allez, soyons fous, une A7 ou une A10 de chez BSA, accompagnée d'une 250 ES de chez MZ (la banane)...