Amour, toujours

Qu'ils sont mignons, tous ces petits cœurs que l'on voit partout ! C'est la fête des amoureux !

L'amour existe ! Je le sais, je l'ai rencontré. A plusieurs reprises, quelques fois. Je ne vais pas vous présenter la comptabilité de ces quelques fois là, j'aurais peur d'en oublier ou d'en ajouter. Je me souviens de la première fois et de quelques autres. Je ne parle pas des cas où j'ai été amoureux et que ce n'était pas le cas en retour parce que ça ne compte pas.
Et donc, j'ai ma petite expérience de l'amour, de ce que c'est, de ce que ça fait, tout ça. En définitive, le bilan n'est pas très brillant. Je ne vais pas jeter le bébé avec l'eau du bain[1] parce qu'il faut admettre que tout n'est pas mauvais dans l'amour. Cependant, il faut admettre que tout n'est pas si rose que l'on veut nous le faire accroire.
L'amour, je l'ai rencontré et j'ai vu des personnes qui l'avaient vu aussi. La plupart du temps, on peut s'accorder avec les Rita Mitsouko sur le point que les histoires d'amour, en général, ça finit mal. Si j'osais, j'irais jusqu'à dire que ça finit comme ça commence. Dans l'imagerie de l'inconscient collectif, l'amour est associé à la joie intense, au bonheur et à l'expression d'une certaine forme de plénitude. Dans les faits, ça commence avec des larmes, ça continue avec des engueulades et ça se termine avec d'autres larmes. Il n'y a rien de plus triste que l'amour, quand on y regarde de près. Ecoutez les chansons d'amour ! Regardez les films (très ou trop) romantiques ! Lisez, écoutez ! Les plus belles histoires d'amour sont tristes et ça pleure à qui mieux mieux. J'invente rien. A croire que notre but, dans la vie, c'est d'atteindre la plus profonde tristesse avant de mourir. Avec l'amour, la disparition d'un être proche devient un drame alors que si vous n'aimez pas ce proche, vous vous foutez pas mal de son départ ou de sa mort. L'anamour de Gainsbourg serait alors le but à atteindre. Si vous recherchez le bonheur, fuyez l'amour.
Contrairement à ce que certains esprits faibles pourraient penser, je suis comme tout le monde. Je n'ai rien de bien exceptionnel. Comme je vous le disais, j'ai connu l'amour et je n'ai pas la prétention de parvenir à m'en garder longtemps. Personne n'est totalement à l'abri, en la matière. Peut-être les vraiment mal-foutus, les trop vieux, les trop vieilles et quelques êtres supérieurs mais je suis persuadé que l'amour peut toucher même une candidate d'extrême droite peu alléchante. L'amour n'est pas trop regardant. Il suffit de regarder autour de vous et de voir certaines personnes pour s'en convaincre. L'amour est aveugle et, manque de pot (ou chance inouïe) je suis trop lucide.
Ce que je ne peux pas comprendre, c'est le grand cas que l'on fait de cette affaire. Individuellement, oui, je le reconnais sans peine, il y a un moment dans l'amour qui n'est pas désagréable. Ainsi, cette subtile érection qui accompagne les toutes premières rencontres d'une femme qui ne me laisse pas insensible n'est pas à dénigrer. Il y a là, dans cet instant, un état étrange difficile à transcrire. Ça tient de l'empathie, oui, du désir de tout faire pour l'autre, pour se faire aimer de l'autre, d'être aimable. C'est comme si la planète, l'univers, se limitait d'un coup à deux personnes qui essaient de se reconnaître. Il y a ce moment indescriptible où l'on peut lire dans les yeux d'en face l'amour que l'on a dans les siens. Ah oui ! C'est beau ! On en pleurerait presque. Et après, il y a les glandes qui se mettent à causer et ça devient autre chose. On est bien moins détaché du monde animal lorsque les glandes entrent en jeu et que l'on baise à tire-larigot. C'est du bestial qu'on veut alors ! On veut de la sueur et du stupre, plus des petites fleurs et des petits cœurs ! Du cul, bordel !

Où en étais-je donc ? Je viens de finir de manger. C'était bon. Du magret de canard du Périgord avec une purée de pommes de terre et à l'ail "à la fourchette" détendue avec de la crème fraîche.
D'ailleurs, ça me fait penser que le ventre plein nuit à l'expression amoureuse. Là, je n'ai aucune envie d'être amoureux. Je suis satisfait d'avoir rempli mon estomac et ça suffit à mon bonheur immédiat.
C'est la société de consommation, je pense, qui a fait de l'amour ce truc indispensable que si tu l'as pas, t'es un raté pire qu'un quinquagénaire qu'a pas de Rolex. Z'avez qu'à voir les pub qui sont balancées à l'occasion de la saint Valentin ! Au nom de l'amour, on veut vous faire acheter n'importe quoi. Du rôti de dindonneau ou du disque dur tout pareil. Si ça se trouve, il y a des couples amoureux qui se disloquent au motif qu'on aurait oublié de fêter l'événement en achetant un bouquet de poireaux ou une truelle ornée d'un petit cœur de taffetas.
L'amour, c'est du commerce et pas que dans la belle acception du mot. L'amour, ça s'achète, ça se vend, ça se marchande, ça se troque. L'amour et le sexe, mais ça va tout de même souvent de paire. Faites une recherche sur Internet sur les mots "amour" et "sexe". Je suis persuadé sans le faire de trouver des passerelles et pas qu'un peu. Et si c'est vrai sur Internet, c'est vrai dans la vraie vie.
Il y a des personnes pour vous raconter que l'amour est le but. Pour elles, sans amour, point de vie. C'est aller un peu vite en besogne. Admettons que ces personnes soient très sensibles à cette notion d'amour, pourquoi vont-elles faire chier les autres avec ça ? Les amoureux sont souvent prosélytes. Lorsqu'ils ne le sont pas, ils sont égoïstes, repliés sur leur amour et ne veulent pas en lâcher un bout. Après, il y a les curés et toutes ces sortes d'engeances qui causent de l'amour du prochain à n'en plus finir. Ça tient du grand mystère, pour moi. Un peu comme la foi. Un truc que soit on l'a, soit on l'a pas. Je ne suis pas ennemi du genre humain. Pas vraiment. Il m'indiffère juste. L'amour, je me demande si ce n'est pas une question de croyance. Difficile d'expliquer ce que c'est si l'on met de côté l'aspect purement sexuel. L'attirance pour une fille qui me plaît, je la comprends et je peux presque l'expliquer. Pourquoi suis-je attiré par certains archétypes de filles ? Ça, je ne sais pas. Sans doute que tout ce qui m'a construit pour en arriver à ce que je suis est responsable de cela. Je sais plus ou moins quel genre de fille à ma préférence. Il n'y a pas de vérité absolue, juste des éléments qui, assemblés, font que ça pourrait marcher ou pas. Ceci dit, j'ai une certaine propension à désirer des filles qui ne me désirent pas plus que l'on pourrait désirer une bouse de vache fumante, si vous voyez le genre.

Mine de rien, je suis un romantique. Pour moi, l'amour doit être total, absolu et triste. Il doit être beau et grand. Sinon, ça ne m'intéresse que moyennement. Je soupçonne pas mal de personnes de parler d'amour sans bien savoir ce que c'est et qui le font pour utiliser des mots, sans plus, parce que ça fait bien d'utiliser des mots comme "amour", "amitié", "bonheur" et tout le reste. Pour la vie en société, il est bon d'être bien consensuel et positif. Chacun son truc. C'est fou la quantité de personnes qui se réclament de l'amour et sont prêtes à en distribuer à qui mieux mieux et à qui en veut. Avec la condition sine qua non d'en recevoir aussi en retour, bien sûr. Et du coup, histoire de dire que je salis tout, c'est tout de suite un peu moins joli et désintéressé. Sans compter que l'amour sans le sexe, ça lasse vite. L'amour, ça dure ce que dure une partie de jambes en l'air, parfois.

Alors, pour conclure avant d'aller sortir les poubelles, je souhaite une bonne saint Valentin à tous les amoureux !

Note

[1] Uniquement parce qu'elle peut toujours servir pour la chasse d'eau.

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