Tentative de feuilleton collaboratif du mardi (10)

Et boum ! Roland est renversé par une automobile et il pense reconnaître Robert avant de sombrer dans les vapes. Arielle s'applique à donner des explications à cette situation pour le moins singulière.

Une chambre d'hôpital. Un bras en écharpe. Tête bandée façon Apollinaire retour de guerre, Roland ne s'en tirait pas si mal après tout. Des bruits de voix, de portes, de métal et de pas lui parvenaient comme dans un rêve et cognaient dans sa boite crânienne douloureuse. Il reprenait doucement conscience.

La fuite, la carte, la cousine de Pont-Aven, la poste, la voiture et... Robert ! Robert vivant ! Alors les flics, se dit-il, c'était pourquoi ? Encore une fois, il s'en voulut d'avoir pris la fuite. Il avait eu peur.Il faisait un coupable idéal et il n'y avait eu aucun témoin de la scène pour remettre en cause la parole de Colette. Il se mit à maudire Colette, les roses rouges et les femmes en général.

Il n'était plus certain de rien. Peut-être que cet homme entrevu n'était pas Robert . Une vague ressemblance, le choc et il avait cru le voir. Mais si c'était bien lui ? Non seulement il ne serait plus poursuivi pour meurtre mais il retrouverait un allié précieux pour essayer d'en apprendre un peu plus sur la construction du Nautilus. Lors de leur dernière entrevue, il y a de cela trois ou quatre ans, Robert avait promis de se rendre en province où avait vécu son ancêtre, un des derniers compagnons de Jules Verne, pour s'enquérir de l'existence d'éventuels papiers de famille auprès d'une de ses grandes tantes qui avait hérité de la maison. Mais sans qu'il sache pourquoi, il n'avait jamais revu Robert.

Il se doutait bien qu'il avait dû se passer quelques événements perturbateurs car ce n'était pas le genre de Robert de disparaître ainsi . Après quelques mois, Il avait bien chercher à le retrouver mais sans succès. Il s'était rendu à son adresse, rue Edgar Poe, pour apprendre de la concierge que quelqu'un était venu chercher ses affaires et que le bail avait été résilié . Et que tout ceci était bien mystérieux et que s'il voulait le savoir , eh bien ce n'était pas des manières honnêtes d'agir ainsi sans la moindre explication et sans même laisser sa nouvelle adresse. Ah la profession avait bien changé, plus aucune considération,les gens étaient devenus bien mal élevés. Ce n'était pas dans son jeune temps qu'on aurait pu voir de pareilles choses. Mais monsieur prendra bien un café ? Roland n'avait dû son salut qu'à la sonnerie du téléphone.Il n'avait revu Robert qu'au bas des escaliers dans une marre de sang.

Roland reprenait espoir. Il tenta de se lever, réprima un cri de douleur et renonça. Il était bien mal en point.

- Monsieur Verne restez tranquille, dit une voix féminine teintée de fermeté et de douceur mêlée. Vous avez subi un choc .

La voix s'approcha en même temps que le parfum d'une eau florale qui lui rappela sa mère lorsqu'elle était encore jeune et attentionnée. Deux mains l'aidèrent à se caler sur ses oreillers. Roland se laissa aller , il y avait bien longtemps que personne n'avait pris soin de lui.

- Voilà qui est mieux.Vous avez dormi 48 heures depuis votre arrivée. Votre blessure à la tête n'est pas grave mais exige du repos.Le médecin passera vous voir tout à l'heure. Ainsi dit la voix pendant que les mains remontaient doucement le drap.

Roland se laissa bercer par la voix. Il tenta d'ouvrir les yeux. Il parvint, non sans mal,à les entrouvrir. Sa vision était trouble mais il distingua quelques boucles rousses s'échappant d'une coiffe blanche au dessus d'un visage souriant qui lui parut des plus jolis. Il aurait voulu prolonger cet instant dans l'oubli de ses tracas.Mais la voix interrompit sa rêverie. -J'étais venu vous dire que quelqu'un insiste beaucoup pour vous voir. Il est bien entendu que si vous êtes d'accord, il ne restera pas longtemps pour ne pas vous fatiguer. Roland revint sur terre. Il n'eut pas le temps de se demander qui pouvait bien insister pour le voir que la voix de Robert se fit entendre.

- Roland mon ami, c'est moi Robert ! Non, non, ne t'agite pas. Repose-toi, j'ai tant de choses à te raconter !

- Robert ? Tu es donc bien vivant ! Mais l'escalier , la chute, le sang, Colette, les flics ?

- Bien, je vous laisse dit la voix, ne restez pas longtemps surtout.

Roland aurait voulu retenir la voix prés de lui mais l'arrivée de Robert allait peut-être enfin clarifier bien des mystères.

- C'est promis dit Robert. Ah, Roland oui je suis bien vivant et nous voilà enfin réunis. Je vais tout te raconter depuis notre dernière entrevue jusqu'à cette malheureuse chute. Tu te souviens , je devais me rendre en Normandie chez tante Etzelle. Eh bien j'y suis allé et devine ?

Haut de page