C'est pas tombé dans l'oreille d'un sourd

Tenir le rythme du billet quotidien n'est pas toujours facile. Par exemple, aujourd'hui, je n'avais rien à dire et je n'aurais pas su quoi écrire s'il n'y avait pas eu grève sur les ondes de France Inter.

Ce matin, je me réveille vers cinq heures. Je vais me préparer du café et je mets la radio. France Inter est en grève. La programmation musicale permet de s'en assurer sans craindre de se tromper. Ce qui est bien avec les grèves de France Inter, c'est qu'elles donnent l'occasion d'écouter d'autres musiques que celles de la liste de lecture habituelle et officielle. Je suppose que certains attendent avec appétit la moindre grève pour se laisser aller à passer de la musique que l'on écoute peu habituellement sur les ondes. Par exemple, là, depuis quelque temps, il y a pas mal de musique brésilienne. Mais ce matin, il y a eu un grand moment avec l'intégrale de "O Superman" de Laurie Anderson. Ce qui a suivi n'était pas mal non plus. En me rendant à Périgueux, dans la voiture, j'ai eu du Higelin. J'aime bien les grèves de France Inter même si elles perturbent un peu mes repères auditifs de la journée.
C'est l'autre jour, je ne sais plus quand, que je me suis aperçu de cela. Ma vie est en partie gérée par des petits repères auditifs. Par exemple, il y a le son de la cafetière qui me sort du sommeil[1], il y a le réveil qui sonne, le radio-réveil qui entre en action. Et puis c'est la radio en buvant le café. Les voix familières, les chroniques attendues. Je n'ai pas besoin de regarder l'heure pour savoir que je vais bientôt partir au boulot. Et les cloches de l'église sonnent l'angélus. Il faut que j'y aille. Il y a le petit clic de la serrure qui se ferme, le son du moteur de la voiture. Arrivé au boulot, c'est le son du démarrage du Mac. Je reconnais les collègues qui arrivent au bruit de leurs pas, j'entends des bribes de discussions qui commencent. Il y a le son des portes. Celle qui grince, celle qui claque, celle qui chuinte sur la fermeture. Les pièces ont leur son propre. Un son qui change du tout au tout selon qu'elle est occupée ou non. Je reconnais les serveurs à leur bruit ; j'identifie les imprimantes à leur marque sonore.
Il n'est pas rare que, le mercredi matin, le camion poubelle me réveille alors qu'il faut vraiment tendre l'oreille pour l'entendre dans le silence de la nuit. C'est sans doute un son que j'attends inconsciemment dans mon sommeil. Il y a aussi le bruit presque imperceptible du robinet qui goutte et qui vous oblige, de guerre lasse, à vous lever alors qu'il vous empêche de trouver le sommeil. Il y a les sons qui rassurent et les sons qui inquiètent. Le murmure bienveillant du chat qui ronronne et le vacarme insupportable du même chat en chaleur.
Enfin bref, il y a plein de sons partout et on n'en a pas toujours conscience. J'avais trouvé il y a quelque temps de cela, un petit utilitaire parfaitement inutile qui reproduisait les sons d'une antique machine à écrire à chaque touche appuyée sur le clavier de mon Mac. J'avais aussi téléchargé la version bêta d'un logiciel de saisie de texte qui accompagnait la frappe d'une petite musique zen. Dans certaines entreprises, on travaille l'ergonomie des produits ou services jusqu'au sons produits. Il y a des experts des sons de démarrage des Macintosh successifs qui identifient la machine à ce simple signal sonore. Le bruit du claquement de porte d'automobile ou la musique d'un échappement peuvent faire l'objet d'études poussées. Aujourd'hui, il paraît que les bouchons à vis sont en train de gagner du terrain sur les bouchons en liège chez les producteurs-embouteilleurs de vin. La magie du bruit du bouchon que l'on extirpe de la bouteille est pourtant bien agréable et prometteur de plaisir.

On m'a appris[2] que Adobe rendrait la Creative Suite 2 (CS2) en libre téléchargement. Si l'information est vraie, c'est un coup à me rendre Adobe tout de suite plus sympathique. Bien sûr, la CS2 n'est pas la CS6 et elle ne s'installera pas sur un Mac Intel. Elle ne fonctionne a priori que sur un Macintosh PPC (G3, G4 ou G5) et seulement de Mac OS 10.2.8 à 10.3.8. On notera histoire de dire que les personnes qui ont un PC (Pentium III ou IV) seront peut-être plus intéressées dans la mesure ou la CS2 tourne sous Windows 2000 ou XP. Vu le nombre de XP encore en activité, ça peut être une vraie aubaine. Bien sûr, après, il faut avoir l'utilité de tout ça. Pour moi, ça me permettra d'installer la suite sur un ou l'autre de mes vieux Mac. Je me dis aussi que c'est un beau cadeau pour les partisans de la décroissance. Aujourd'hui, un vieux G4 se négocie selon la configuration entre 50 et 150 euros. Pour qui voudrait se lancer dans l'utilisation de logiciels professionnels à moindre coût, c'est là une alternative à Linux et Gimp. Il faudrait néanmoins vérifier les termes de la licence et vérifier que l'on peut faire un usage professionnel de la CS2 offerte. Pour beaucoup de graphistes, de petites structures et d'associations, cette suite suffit amplement et permet de faire pratiquement ce que font les suites plus récentes. Dans les grandes lignes, ça fait aussi bien.

Pour clore le billet du jour qui aura été un long bavardage, je vous annonce que j'ai mangé, ce soir même, un yaourt nature dont la date limite de consommation était arrêtée au 26 novembre de l'an dernier. Nous verrons si je serai toujours vivant demain et si je serai en état de mettre en ligne le feuilleton du mardi. Souhaitez-moi bonne chance !

Notes

[1] Sauf lorsque je suis réveillé avant l'heure de programmation de la cafetière, comme ce matin.

[2] Mais je n'ai pas encore vérifié les dires.

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