Millenium

2013 est doucement en train de se terminer et je découvre Millenium de l'écrivain journaliste Stieg Larsson mort en 2004.

Allez savoir pourquoi je refusais de lire Millenium ? Dans ma pauvre vieille cervelle dévastée par les abus en tous genres qui ont fait se dissoudre en une infâme soupe aigre synapses et neurones, j'imaginais qu'il s'agissait là d'une série de romans proches du genre de la science-fiction, genre que je n'affectionne pas particulièrement. Il m'avait semblé comprendre que ces romans n'allaient pas me plaire du tout. Peut-être aussi ai-je été tout simplement rebuté par le titre. Millenium sent trop mauvais le pire système d'exploitation jamais créé par Microsoft. Peut-être, tout simplement, ai-je refusé de faire comme tout le monde. Millenium a été (et est toujours) un vrai succès de librairie. Disons qu'il y a eu malentendu. J'étais persuadé que ce n'était pas pour moi et j'ai refusé d'essayer de m'y frotter. Alors, oui, d'accord, j'ai eu tort.
Cela fait des années que l'on m'assurait que la trilogie Millenium méritait vraiment d'être lue. Ce qui est notable, c'est que ce ne sont presque que des femmes qui m'ont conseillé la lecture. J'ai résisté longtemps et, finalement, après que l'on m'a une fois de plus assuré que c'était de très bons romans, je me suis laissé convaincre et j'ai acheté les trois volumes. J'ai commencé la lecture du premier des romans avec le sentiment un peu désagréable que je n'allais pas aimer et que j'avais dépensé des sous pour rien. Et puis, dès les premières pages, je n'ai pas pu lâcher le bouquin.
Pour autant, je ne dirais pas que c'est là de la grande littérature. Bien sûr, je n'ai pas lu le premier livre (je commence juste le deuxième) en suédois. Je ne sais pas si la traduction est bonne, je ne peux pas comparer. Le style est simple, direct. On est là dans un polar. Ce que je regrette un tout petit peu, c'est l'aspect trop caricatural du personnage de Lisbeth Salander qui, pourtant, est sans doute le personnage principal de Millenium. Je ne comprends pas vraiment ce personnage. Il s'agit d'une jeune femme d'environ 25 ans qui pourrait, selon l'auteur, être atteinte d'une forme du syndrome d'Asperger. Elle maîtrise d'une façon incroyable l'outil informatique, peut entrer dans votre ordinateur pour y lire les données, casser les codes de protection, se jouer des pare-feux, et cœtera. Sur cet aspect, je trouve le procédé bien pratique. Vous bâtissez une intrigue autour d'une histoire de données informatiques qu'une jeune femme bizarre parvient à détourner et vous n'êtes pas bien loin du deus ex machina le plus grossier. Dans le même temps, on ne peut pas nier que le tout reste efficace et prenant.
Millenium, c'est le nom d'un magazine libre, plutôt de gauche, engagé pour la protection des droits de l'Homme et la lutte contre la finance libérale délétère. L'autre personnage principal est Mikael Blomkvist, journaliste et gérant de Millenium. Il semble être beau gosse, il a du succès avec les femmes. Père divorcé, il entretient une relation libre avec sa collègue et associée et tombe amoureux de Lisbeth Salander notablement plus jeune que lui. Parce qu'il est intelligent et bon enquêteur, il réussit à résoudre une énigme bien compliquée dans le premier tome de la trilogie, "Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes". Dans le fond, l'histoire me semble tout de même légèrement tirée par les cheveux. Mais on prend plaisir à découvrir l'affaire, à attendre son dénouement. Il ne faut pas bouder son plaisir.

Millenium - Stieg Larsson
J'ai à peine refermé le premier livre que je me suis plongé dans le suivant. L'action se situe un an après la fin du premier tome qui s'ouvre pour de nombreuses pages sur Lisbeth Salander. Ce personnage me dérange un peu, tout de même. Comme je l'ai dit, il me semble trop caricatural. Je suppose que Stieg Larsson ne l'a pas créé par hasard et je suppose aussi que la trilogie doit une bonne partie de son succès à lui. Cette fille de petit gabarit au corps couvert de piercings et de tatouages, à l'apparence frêle et peut-être légèrement androgyne à qui l'on ne donne pas son âge a dû séduire bon nombre de lecteurs. Et là, je me demande s'il n'y a pas un côté légèrement pervers chez l'auteur qui s'amuserait à titiller une certaine tendance à l'attirance pour les très (trop) jeunes filles tout en dénonçant cela tout au long de ses romans. Ce genre de personnage féminin qui semble tout juste sorti de l'adolescence est assez courant que ce soit dans la littérature, la bande dessinée ou le cinéma. La jeune femme à l'apparence fragile qui se révèle être une personne forte et maître de la situation est un classique. Dans le même temps, je peux comprendre que le but d'un écrivain est de rencontrer le succès.
Pour l'heure, j'ai donc plutôt tendance à recommander la lecture de cette trilogie. Ce n'est sans doute pas un chef-d'œuvre de la littérature, il est possible que le succès soit dû également à la mort prématurée de l'auteur. Les romans sont parus à titre posthume et j'ai lu récemment sur Internet qu'un quatrième roman pourrait voir le jour, écrit par un autre auteur. A suivre. Pour le moment, je vais retourner lire quelques pages.

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