Les économistes sont cons

Ce matin, à la radio, j'ai entendu un chroniqueur économique qui a raconté de belles choses.

En gros, le personnage nous expliquait que la France était malade de ses prélèvements sociaux et que c'était eux qui plombaient l'économie française. "La France est championne du monde des prélèvement sociaux", affirmait-il avec un trémolo d'indignation étranglé dans la voix. Il en pleurait presque, le pauvre homme. Et, bien entendu, il n'a pas longtemps hésité à brandir l'exemple allemand, le bon exemple européen, le modèle qui devrait guider notre politique sociale. Il y aurait moins de prélèvement sociaux outre Rhin.
Moi, je ne suis pas économiste, pas chroniqueur sur France Inter et pas trop fan du modèle allemand. Je vais faire preuve de mauvais esprit une fois de plus. Je vous préviens pour que vous puissiez arrêter de lire ce billet à temps.
Donc, l'Allemagne prélève moins sur les salaires et sur les entreprises. Ça semble être un fait. On a dû comparer, calculer, peser. C'est comme ça. L'Allemagne prélève moins et l'économie allemande se porte mieux que l'économie cocorico de chez nous.
Il y a quelque temps, il me semble avoir entendu qu'il n'y avait pas de notion de salaire minimum en Allemagne. C'est à dire que l'on peut travailler pour quelques centimes d'euro de l'heure et que l'on est tout content parce que l'on sait que l'on nous prélèvera pas trop sur notre salaire. Vu comme ça, évidemment, ça donne à réfléchir.
Mais si l'on réfléchit, justement, on voit quoi ? On voit d'un côté un ouvrier français qui va se faire voler des prélèvements sur un salaire que l'on admettra, nous autres Français, correct. De l'autre côté, on voit l'ouvrier allemand qui n'a pas de quoi s'acheter ses saucisses quotidiennes mais qui a le soulagement d'avoir moins de cotisations sociales à payer. Je me demande si l'on ne se fout pas un peu de notre gueule, dans cette histoire.
Le chroniqueur disait aussi que les socialistes français ont, avec Mitterrand, imposé la retraite à 60 ans à une époque où l'espérance de vie était de l'ordre de 74 ans. Or, argumentait-il, l'espérance de vie actuelle est passée à plus de 80 ans ! Alors que l'on espérait une retraite de 14 ans il y a une trentaine d'années, on peut profiter de sa retraite durant presque le double de temps aujourd'hui. C'est insupportable et j'ai eu peur que le chroniqueur casse sa pipe en direct. Il était positivement offusqué, scandalisé tout à fait.
J'ai senti qu'il avait envie de conseiller que l'on tue les personnes de plus de 74 ans tout en ramenant l'âge de la retraite à 65 ou 70 ans.
Je me suis demandé si l'objet de ce genre de chronique n'était pas tout simplement de nous bourrer le mou en répétant et répétant encore les mêmes propos, les mêmes idées, pour que l'on finisse par ne plus entendre qu'eux et que l'on se persuade que la vérité est là, cruelle mais irréfutable.

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