Y a comme un malaise

Puisqu'il est difficile, à moins d'opter pour la solution de la maladie mentale, d'être quelqu'un d'autre que soi, j'ai décidé d'essayer, faute de mieux, d'être moi.

Ces temps-ci, ce n'est pas chose courante, je me pose des questions sur moi. Parmi ces questions, il y en a une qui m'interpelle plus que les autres, c'est celle de savoir ce que je vaux en tant que dessinateur. Aujourd'hui, jusqu'à il y a peu, j'ai passé mon temps à dessiner des trucs vagues sur des bouts de papier ineptes à la recherche d'un style, de quelque chose qui pourrait me faire dire : "Waouh ! Là, mon pote, t'es le meilleur ! Ça déchire trop ta race, ton staïle !".
Vous pensez bien que, évidemment, je ne suis arrivé à rien. Il fallait s'en douter, c'était perdu d'avance. Au moins, on ne pourra pas m'accuser de n'avoir pas essayé. Et alors, je me suis amusé à aller chercher des idées sur Internet, sur ces blog-BD qui fleurissent de partout. La plupart du temps, ce sont des dessinateurs ou dessinatrices qui racontent leur vie. Ce n'est pas toujours passionnant. Ça peut raconter que l'auteur a perdu une chaussette ou bien qu'il/elle a rencontré un/une garçon/fille super sexy mais qu'il s'est passé quelque chose d'imprévu ou de sot et que ça ne s'est pas terminé en partie de jambes en l'air. Vous voyez le genre ?
Je me souviens du blog de Frantico qui, je pense, a été un peu le précurseur. Là, il n'y avait pas beaucoup de doute possible, ça ne relatait pas des faits existants ou ayant existé. N'empêche, c'était bien rigolo, les aventures de Frantico. Après, il a été dit que c'était un auteur connu qui était à l'origine de ce blog. Je ne sais absolument pas ce qu'il en est vraiment. On s'en fout pas mal, au fond.

Malgré tout, j'ai compris ce que j'aime dans les dessins des ces dessinateurs de blog. Ce n'est pas le trait, ce n'est pas la maîtrise du trait, sa précision ou l'expression des personnages, non. C'est la spontanéité. Et alors, j'ai compris que ce qui manque à mes dessins, ce n'est finalement que ça. Mais voilà, la spontanéité, ce n'est pas si simple que l'on pourrait le croire. Par exemple, lorsque l'on voit les dessins de Franquin, ceux de la meilleure période des Gaston, on a l'impression que c'est du "facile", que le pinceau faisait parfois un peu comme il voulait. Et bien il paraît que Franquin était du genre à bosser pendant des plombes ses croquis pour trouver le geste ou l'attitude idéale de son personnage.
Aujourd'hui, donc, je me suis mis devant des feuilles de papier et j'ai tenté de faire des dessins de la manière la plus spontanée possible pour moi. Le verdict est sans appel, tout va partir au feu. Je me révèle incapable de me passer de l'étape du crayonné. Et alors ? Il n'y a pas péril en la demeure ! Si je dois faire un crayonné, je n'ai qu'à faire un crayonné et ne pas faire chier le monde avec mes états d'âme. Ben oui mais seulement si je fais un crayonné, je perds la spontanéité que je recherche. Et là, je ne sais plus quoi penser. Ce que j'appelle spontanéité, ne serait-ce pas parfois que de la maladresse ? Si cela se trouve, ce que j'aime bien chez certains dessinateurs/trices, c'est qu'ils/elles ne dessinent pas "bien". C'est compliqué, tout ça. Je sais qu'il y a quelques dessinateurs qui ne sont pas, à mes yeux, de bons dessinateurs et que j'aime beaucoup malgré tout.

Je retourne à mes crayons, stylo, feutres et bouts de papiers.

Entre temps, j'ai préparé un poulet rôti (au four) et des pommes de terre sautées dans de la graisse de coin-coin. Pour l'occasion, j'ai même ouvert une bouteille de bon vin. Le tout était vraiment plaisant. Vraiment. Ça vous réconcilie avec la vie, ce genre de petit plaisir. Un bon poulet cuit comme il faut, de somptueuses pommes de terre, un bon vin... le bonheur n'est pas loin. Bonheur bourgeois peut-être ; bonheur puéril sans doute ; bonheur égoïste sans aucun doute, mais bonheur tout de même. Ça me fait penser à cette scène dans le film "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" où un personnage décrit le bonheur qu'il a à déguster les sot-l'y-laisse du poulet. C'est l'une des plus émouvantes scènes du film, à mon avis. Du reste, je me demande si je ne vais pas le regarder ce soir. Je sais que je vais encore être à deux doigts de chialer, si je le vois mais bon...

Bref. Donc, j'ai fait un dessin "spontané" parfaitement nul et idiot. Voilà. Je n'ai pas grand chose d'autre à ajouter, ce soir.

dessin spontané

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