Dans quel sens vais-je ?

Aujourd'hui, j'ai essayé de dessiner et j'ai vite compris que je n'allais pas y parvenir. Alors, j'ai eu l'idée de me demander dans quel sens j'allais, dans la vie.

Franchement, ça me déprime. Oui, je déprime de ne pas trouver l'idée d'un dessin. Ça m'angoisse et l'angoisse, ça me déprime. C'est comme ça. Et quand je déprime, j'ai vite fait de me convaincre que je ne suis qu'une merde et que je n'ai que ce que je mérite. Ce n'est pas bien gai alors ça me fait déprimer encore un peu plus. C'est un cercle vicieux.
Si par mégarde il m'arrive de voir d'anciens dessins de moi, je les trouve en général très mauvais. Alors, je constate que les dessins un peu moins anciens sont aussi un peu moins mauvais. Mais je constate aussi que je ne sais plus dessiner. Alors voilà. J'ai réfléchi et je me suis demandé si je n'étais pas en haut de la colline. Devant, je redescends ; derrière, je redescends aussi. En d'autres termes, je me demande tout bonnement si je ne suis pas arrivé au point le plus haut auquel je pouvais prétendre. Il n'y aurait alors plus aucune chance de progresser. Je ne ferai jamais mieux et j'ai le désagréable sentiment de ne pas être parvenu très haut. D'un autre côté, il est possible aussi que ce soit un sentiment généralement partagé par toutes celles et tous ceux qui doivent faire appel à leur cervelle pour produire quelque chose. Il y a ce moment de vague où l'on ne voit plus comment progresser. Ça ne veut pas dire que l'on ne trouvera pas. Pour le moment, je me raccroche à ça.
La déprime, ce n'est pas très grave. Même, on pourrait presque aller jusqu'à prétendre que c'est une bonne chose tant sont nombreuses les personnes de talent à avoir connu des passages à vide de cette sorte. Rien que dans le domaine qui m'intéresse au premier chef, on peut noter le plus grand de tous : Franquin. Franquin était, paraît-il, un grand dépressif. Mais nous avons aussi Hergé ou Gotlib. D'avoir au moins ça en commun avec eux devrait m'emplir de joie. D'ailleurs, il paraît que les gens qui ont de l'humour sont assez tristes dans le privé. J'avais lu quelque part que Desproges n'était pas un grand rigolo et que Coluche déprimait pas mal. Bon. Admettons. Mais de là à prétendre qu'il faut déprimer pour être un bon humoriste, il faudrait voir à ne pas exagérer et à ne pas pousser le bouchon trop loin. Par exemple, a-t-on déjà entendu dire que Bigard était dépressif ? Non, je ne le crois pas. Oui, c'est vrai, c'est un mauvais exemple, il s'agit là d'un très mauvais humoriste. Bon. Mais la déprime, reconnaissons-le, n'est pas non plus le signe d'un humour garanti sur facture. Il y a des dépressifs qui n'ont aucun humour.
Aujourd'hui, j'ai pris une feuille de papier et j'ai essayé de dessiner. Je n'ai rien fait de valable. Il faut dire que je ne me sens pas trop en forme depuis hier. Peut-être la grippe ou un truc dans le genre. Je ne me sens pas trop en forme, ce n'est pas bien pour le dessin, j'ai remarqué. Il faut que je me sente serein pour pouvoir dessiner convenablement. Demain, j'essaierai encore de dessiner.

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