Un euro par pied

J'ai acheté des chaussures.

Deux euros la paire de pompes... Comment résister à l'offre ? Un euro par pied, un euro par chaussure et dans la bonne pointure, encore ! C'est le pied.
Hier, comme presque chaque samedi, je vais faire des courses. Sur la liste que je m'évertue à constituer alors que, dans les grandes lignes, elle ne change jamais, il y a du café, du lait, des fruits... Nulle part il n'était fait mention de chaussures, je vous le promets, ce n'est pas là un acte prémédité. Parole !
Donc, cette fois-ci, c'était chez Leclerc que j'allais faire mes courses. Pourquoi Leclerc ? Parce que j'espérais y trouver un sac photo pour mettre mes boîtiers et mes objectifs. J'étais bien certain de ne pas trouver ce genre d'article au Shopi de Thenon. Pour dire la vérité, je ne l'ai pas trouvé non plus chez Leclerc. Mais on s'en fout, moi je veux vous parler de mes godasses.
L'avantage, lorsque l'on connaît un hypermarché, c'est que l'on peut y faire ses courses rapidement. On connaît les rayons, on ne perd pas trop de temps à chercher, c'est bien. C'est d'ailleurs pour cette raison que les "pros" du marketing chamboulent l'emplacement des rayons de temps à autres, histoire de forcer le client à fouiner, à découvrir des rayons jusqu'ici inconnus. Bon. Alors, je venais de trouver la marque de dentifrice habituelle, j'allais pour chercher un rouleau de sacs poubelle (des trente litres parce que j'ai trop de mal à remplir ceux de cinquante) et, en passant par l'allée centrale, mon oeil est aguiché par des panneaux jaunes indiquant le coin des produits soldés. Je n'ai pas pour habitude de "faire les soldes" mais il faut avouer que l'envie de sortir de l'hypermarché climatisé pour rejoindre la fournaise n'était pas forte et que, finalement, en ce début de soirée (il devait être aux environs de 20 heures), je trouvais presque agréable de me promener dans les rayons. A cette heure, les clients ne sont pas nombreux, c'est calme, ce n'est pas si désagréable. Bref. Poussant mon chariot, je me rends donc vers le coin des soldes. Je jette un oeil torve aux bacs emplis de sacs à main, de T-shirts et autres choses dont je n'ai que faire lorsqu'une brave dame, affairée à la recherche d'une paire de chaussures pour sa fille me demande si je peux lui lire les pointures. Elle m'explique avoir oublié ses lunettes. De bonne grâce, je l'aide. Elle cherche du 31 mais il n'y en a pas. La plus petite pointure est du 36½. Elle décide, après m'avoir demandé mon avis, de prendre cette paire de chaussures "qui servira d'ici quelques années". Pour ma part, je trouve, sans l'avoir cherchée, une paire de basket de pointure adéquate. Deux euros la paire ! Qu'auriez-vous fait, vous ? Hein ?

chaussures

Néanmoins, au moment de les mettre dans mon chariot et de continuer mes emplettes, je me suis tout de même fait la réflexion que ces chaussures, aussi simples soient-elles, ont été fabriquées. Je me demande bien combien a pu gagner la personne qui, certainement dans quelque pays misérable, travaille dans des conditions difficiles afin que moi, je ne daigne acheter le fruit de son labeur qu'à ce prix ridicule. Lorsque l'on sait que, dans quelques pays, le salaire journalier est sous la barre du dollar (et donc bien en dessous de l'euro), ça fait réfléchir. A un prix aussi bas, presque rien pour nous, c'est peut-être près de deux journées de travail de la personne qui les a manufacturées que j'ai claqué.
De l'achat d'une simple paire de godasses sans charme, une réflexion sur le libéralisme et sur la mondialisation est née. La question qui mérite d'être posée est de savoir si, de cette prise de conscience de l'existence de plus pauvres que nous, nous devons acheter et profiter de l'aubaine ou bien s'en garder. Je n'ai pas la réponse.

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