La Peste, elle découvre l'egologie

Aujourd'hui, je me suis donné pour mission de vous saper le moral en vous révélant l'annonce de la fin prochaine de l'humanité. Ce n'est pas pour aujourd'hui, je vous rassure ! Peut-être pas non plus pour la semaine prochaine mais il faut vous préparer à l'inéluctable. Et préparer vos enfants et petits-enfants, aussi.

Ça fait combien d'années que l'Homme[1] est sur terre ? Deux ? Trois millions d'années ? Beaucoup moins si l'on écoute les créationnistes. On s'en fout, ce n'est pas le sujet.
L'autre jour, je lisais sur Internet un "papier" sur Frank Fenner, professeur de microbiologie australien, qui disait en substance et pour faire simple et rapide que l'humanité n'en avait plus que pour une centaine d'années avant de disparaître corps et âme dans le néant de l'évolution. Il aurait dit cela en 2010, année à laquelle il a décidé de mettre son idée en pratique en mourant. Il avait 95 ans.
Selon lui, la planète serait entrée dans une nouvelle ère, l'anthropocène, au tournant du 18e et 19e siècle. Dès lors, l'Homme n'aurait eu de cesse de croître en nombre et de piller les ressources naturelles. Il aurait provoqué la disparition de nombreux représentants de la biodiversité, espèces animales ou végétales, et engendrerait une quantité phénoménale de pollutions diverses et variées qui auraient un effet des plus délétères pour notre planète. L'Homme serait donc le créateur et le fossoyeur de cette ère géologique.
On peut admettre la possibilité de cette disparition de l'espèce humaine. Après tout, nous sommes la seule espèce qui a les moyens de sa propre destruction par nos armes nucléaires. Si l'on faisait tout péter dans un dernier beau feu d'artifice, il est très probable que ça ferait un beau ménage sur la planète bleue. Sans doute pas qu'au sein de l'espèce humaine mais c'est celle qui nous intéresse au premier chef. Admettons donc qu'en raison du nombre toujours de plus en plus grand de consommateurs humains, nous nous retrouvions dans l'impossibilité de nous procurer de quoi nous nourrir tous. La pollution fait que l'eau potable soit introuvable et que l'oxygène respirable soit rendu à la portion congrue dans une atmosphère saturée de gaz toxiques. La disparition des énergies fossiles et des ressources nécessaires fait que l'Homme ne peut plus rien produire. L'Homme commence par mourir dans des guerres gigantesques avant de mourir de maladies diverses pour, finalement, mourir d'asphyxie, de faim et de soif. Le dernier vivant débouche l'ultime bouteille de Champagne qu'il avait conservé par devers lui pour fêter l'événement et s'éteint dans l'indifférence générale. Une page se tourne, la planète est libérée d'un lourd fardeau et elle peut passer à autre chose pour les quelques milliards d'années qui lui sont octroyées.
Le programme n'est pas des plus réjouissants pour l'Homme. Pour la planète, le passage de l'Homme n'aura été qu'une péripétie, guère plus importante que le passage des dinosaures. Elle recouvrira tout cela d'une couche de poussière et elle attendra que, peut être, une nouvelle espèce fasse son apparition et, pourvu qu'elle soit dotée d'une certaine intelligence, s'amuse à fouiller le sol à la recherche des temps passés. A priori, l'Homme aura laissé des traces. Enfin des traces qui seront découvertes si cette nouvelle espèce intelligente ne met pas trop de temps à survenir.
Normalement, si tout se passe comme prévu, je ne devrais pas être présent pour la fin de l'humanité. Avec un peu de chance, je connaîtrai peut-être la fin de l'ours polaire et du dauphin. C'est un rien frustrant de se dire que je ne connaîtrais pas la fin de l'histoire. Après avoir lu le papier sur Frank Fenner, je me retrouve dans la situation d'un spectateur à qui l'on demande de sortir de la salle de cinéma avant la fin du film.

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Note

[1] Avec un H majuscule pour dire que ça concerne aussi la femme...

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