A la fin des années 90, sur France Inter, j'écoutais avec avidité l'émission d'un hurluberlu dantesque et iconoclaste que je ne connaissais pas. J'étais vraiment un fervent auditeur et me régalait du ton décontracté et légèrement foutraque de "Bien entendu", l'émission de Michel Grégoire.
Je ne savais pas (même si on pouvait le comprendre à quelques allusions) que ce Michel là avait des liens avec le Périgord. Il avait fait ses premières armes radiophoniques sur Radio France Périgord.
Après deux saisons et sous des rumeurs étranges, l'émission s'est arrêtée. J'ai appris que Michel Grégoire était rentré au pays. Parfois, on en entendait parler dans la presse locale. Il avait repris la guitare pour chanter Brassens, il organisait des festivals, il était l'un des piliers de la vie périgordine. Je l'avais croisé quelques fois sans jamais l'accoster. Je n'avais rien à lui dire, il faut le reconnaître.
Et puis, il y a deux ou trois ans, on m'a mis en relation avec lui. Je l'ai alors rencontré chez lui. Il cherchait un dessinateur pour un projet qu'il avait. J'avais compris qu'il était déjà malade, le projet n'est pas allé bien loin. Il s'agissait de dessiner des "strips" pour les journaux. Ça me plaisait bien même si le thème, lui, un moine tibétain bouddhiste qui balançait des propos un peu ridicules, m'était étranger et m'agaçait un peu. Michel Grégoire était bouddhiste. Chacun sa croix.
J'ai fait quelques essais, quelques tentatives. Ça lui plaisait bien, à Michel Grégoire. Il s'enthousiasmait, lançait des plans sur la comète, parlait d'en parler. On devait se voir, chez moi, un jour. Ou un autre jour. Plus tard. Il n'était pas en forme, il s'excusait et puis, j'ai arrêté d'avoir de ses nouvelles. La dernière fois qu'il m'a envoyé un mail, c'était pour me dire qu'il était toujours vivant et qu'il ne lâchait pas l'affaire. Il venait de participer à une émission télé (Echappée belle ou quelque chose comme ça) et il m'avait filé un lien pour voir ça. Il écrivait le Périgord dans des revues et des livres. Il aimait le Périgord, lui qui n'en était pas natif. Pas plus que moi. Il avait un vrai talent d'écrivain enflammé. Il était enthousiaste pour ce qu'il aimait, ça c'est sûr.
Et j'ai appris sa mort hier. Je m'y attendais un peu. Un ami m'avait dit qu'il était bien malade. Cancer. Ça m'a fait quelque chose.
1 De shanti - 25/02/2014, 12:17
Il n'y a pas grand chose à dire, sauf que personne n'y échappe.
Il me semble avoir croisé ce visage quelque part.
Consolation pour vous, et pour lui, ma foi que lui souhaiter ? Que ce ne soit pas trop mal là-bas ?
2 De fifi - 25/02/2014, 20:19
C'est toujours pénible et triste de voir disparaître des personnes, même celles que l'on connait à peine, des personnes qui font partie de nos vies, car nous les croisons de temps à autres.