Le télescripteur

Liaan inaugure aujourd'hui une nouvelle catégorie du blog. C'est une idée à lui. Il demande à ce que les lecteurs aient la liberté de s'exprimer sur le sujet qu'ils souhaitent chaque mardi. Je dis : " Pourquoi pas ? ". Je doute qu'il y ait des candidats d'une manière régulière mais j'accepte le principe d'un jour de libre expression. La règle est simple. Si vous avez envie de dire quelque chose, vous me faites parvenir votre texte et les illustrations éventuelles. Ceux-ci seront mis en ligne le mardi. Aujourd'hui, Liaan nous parle du télescripteur.

 Reprenons les paroles d'une célèbre chanson de Charles Aznavour dont le texte est en gros : « Je vous parle d'un temps, que les moins de vingt ans, ne peuvent pas connaître... ». En lisant un magazine (Nos ancêtres, Vie & Métiers, n°51, daté octobre 2011) dont le sujet principal est « L'essor des télécommunications : Télégraphe, téléphone, radio, télévision, cinéma... », je vois que l'on ne parle pas d'un moyen de communication qui est désormais oublié, connu seulement des « personnes de plus de vingt ans », et encore. À l'instar de Valéry Giscard d'Estaing, de la Renault 14 et du « Pli-Solex », je voudrais vous parler du téléimprimeur, appelé aussi téléscripteur ou tout simplement Télex. Je vous communique la définition du Robert : (1948 : de télé- et imprimeur). Techn. Appareil télégraphique qui permet l'envoi direct d'un texte par l'intermédiaire d'un clavier dactylographique et son inscription au poste de réception).

télex
En simplifiant à l'extrême : c'est une machine à écrire qui permet de taper à distance un texte via les lignes téléphoniques... Pour les plus anciens d'entre-nous, vous avez pu en voir dans les cafés-bars-PMU, ces machines à écrire qui crépitent et impriment sur des rouleaux de papier les résultats des courses, en direct. Je me permets de vous entretenir de ce sujet aussi brûlant que passionnant sur les techniques de communication disparues, car j'en avait fait mon métier pendant pas mal de temps, à savoir « télexiste ». Je ne peux résister à vous faire lire l'argumentaire pour le « Service Télex » tiré d'une brochure des PTT, du temps de L'Administration des Postes & télécommunications, des années 1970 : Le télex est un moyen de communication simple. Le téléimprimeur est aussi simple à utiliser qu'une machine à écrire. Votre dactylo en acquerra très rapidement une maîtrise parfaite.

télex
À la fin de 1971, près de 30.000 entreprises dynamiques en France et plus de 400.000 dans le monde sont abonnées au télex. Ce sont vos clients, vos fournisseurs, vos concurrents. Grâce au télex, transmission ultra-rapide : 6 lignes/minute soit 400 caractères. Dans le cadre de vos relations avec vos clients ou vos fournisseurs, pensez à toutes les possibilité du télex. Même si votre interlocuteur ne dispose pas d'un téléimprimeur, vous pouvez lui transmettre, avec une rapidité proche de celle d'une liaison directe entre deux appareils. Il y avait à l'époque ce qu'on appelait des « Cabines publiques télex » qui pouvaient relier ainsi des entreprises reliées ou non au télex. La société qui n'était pas reliée, était abonné à la cabine publique télex et recevait ses message, par téléphone tout d'abord, puis par coursier. J'ai donc travaillé dans un bureau de poste qui avait ce service, en plus du service, je dirais classique, du télégraphe (les télégrammes). A cette époque, nous travaillions avec des appareils électromécanique de la marque Sagem qui faisaient un tac-tac-tac en retranscrivant ce que l'on dactylographait. Le « système de sauvegarde » consistait par la perforation sur une bande de papier d'environ 18mm de largeur, avec un code pour les perforations sur six rangées, dont une ne servait qu'au guidage de la bande lorsque l'on rediffusait le message, par exemple. Un bon télexiste pouvait « relire » la bande papier visuellement, à partir de la disposition des perforations.

télex
Puis, dans les années 1980 est apparu le Sagem TX35, tout électronique, avec écran de visualisation, avec la frappe à aiguilles, plus silencieux, au lieu de tac-tac-tac, on avait crip-crip-crip. En utilisant ces appareils, je m'était dit que la transmission allait être plus rapide, mais que non : du fait que ces appareils étaient reliés à des centraux qui limitaient la vitesse (je crois, 50 bauds?), et il fallait que les TX35 puissent communiquer avec des appareils plus classiques et anciens. Le TX35 utilisait une mémoire de sauvegarde avec des disques magnétiques souples (je ne saurais vous dire les dimensions, en pouces, mais c'était en gros la taille d'un CD actuel, environ 12 cm). Et comme ces appareils étaient électroniques, il y avait des plantages : pendant que nous tapions notre texte, nous étions ravis, alors que nous avions déjà transcrit deux ou trois pages à la suite, que bing, plantage, tout était à recommencer, chose inconnue sur les Sagem électromécaniques, car à moins de manquer de bande-papier, votre précédente frappe restait en « mémoire ». Comme quoi, je ne le dirais jamais assez, l'électronique peut beaucoup, mais pas tout !

Le Télex avait une garantie juridique, avec l'échange des indicatifs de l'émetteur et du récepteur, du jour et de l'heure. Je crois que le fameux « téléphone rouge » reliant l'U.R.S.S. et les U.S.A. était une ligne télex. Le télex a été tué en partie par la télécopie (le « fax ») et désormais par la toile. Jusqu'à la fin des années 1980, toutes les grandes société avaient leur numéro de télex, un numéro à six chiffres pour la France, je me souviens des encarts publicitaires sur telle société qui indiquait son numéro de téléphone suivie de son numéro de télex. Ce fut remplacé par le numéro de Fax, puis maintenant, c'est « Trucmuche.com ». Tout fiche le camp, ma bonne dame.

J'espère ne pas vous avoir ennuyé avec mes souvenirs du temps d'avant le « net ». Votre dévoué, Liaan.

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