Impatience

Je me suis couché tôt ce matin. De ce fait, je me suis levé tard. Je me suis préparé du café puis j'ai fait la vaisselle avant de me rendre compte que l'on me pressait de toutes parts pour des choses que l'on me demande de faire.

Il faut savoir prendre son temps. Je m'éveille et il ne faut pas trop m'en demander tant que je n'ai pas reçu ma ration de caféine. Je démarre l'ordinateur. Je relève les courriers électroniques envoyés depuis mon coucher. Parmi eux, trois sont là pour m'enjoindre de me mettre au boulot. Tout doux ! Nous sommes dimanche que diable !
Hier soir, un peu à l'improviste, repas plantureux chez moi. Côte de bœuf cuite dans la cheminée, pommes de terre sautées dans la graisse d'oie, vin rouge et diverses autres bricoles à boire ou à manger. Moment agréable et certitude de pouvoir aller se coucher sans avoir faim. Une belle côte de bœuf avalée presque entièrement à deux, ça cale.
Travailler ? Chaque chose en son temps. D'abord, finir de se réveiller. Boire du café. Reboire du café. Fumer une cigarette. Passage par les chiottes, petit brin de toilette puis café encore. Je suis opérationnel.
Un rapide tour d'horizon m'indique qu'il faut commencer par le commencement. D'abord, se débarrasser de la corvée de la vaisselle. Prendre la bassine en plastique, quelques gouttes de liquide vaisselle et eau bien chaude. Je lave les verres, les couverts, les assiettes. Je rince à l'eau claire et je passe à la grosse artillerie. Plats graisseux et sauteuse bien culottée. La vaisselle est propre. Je me fais du café.
Liaan m'a envoyé la suite du feuilleton. Je le lis rapidement, corrige quelques bricoles et je le mets en forme pour parution. Envoi de réponses aux courriers électroniques qui en attendent. J'attrape une feuille de papier et je griffonne une esquisse de dessin histoire de faire patienter une demande et de tenter de faire croire que j'y travaille. Je démarre un autre ordinateur et je numérise le dessin. Je l'envoie par Internet. Ça suffira à faire patienter.
Par hasard, je tombe sur un ancien dessin. Je le trouve finalement pas mal fait. Je me dis que je ne suis pas si mauvais que je peux le penser et ça me donne envie de m'y remettre. Du coup, je regrette un peu l'esquisse envoyée. Je pense que j'aurais pu faire mieux. Je me saisis d'une nouvelle feuille de papier. Une idée surgit. Une bonne idée. Il faut que je la note. Il ne faut pas que je la perde. Le problème est que ça va être un peu plus difficile à faire. Je vais y travailler ou au moins y penser. Il faut que je garde cette idée. Il ne faut pas que je baisse les bras. Tout à l'heure. Oui, tout à l'heure je m'y mets. Un café.
Comment c'est ? Internet. Recherche sur Google. D'accord. Je vois. Je vais m'inspirer de cette image. Noter les idées. Je vais écrire ça sur le livre. Bonne idée. Elle me fait sourire. Je suppose que ça plaira. Mais pourquoi j'ai envoyé cette esquisse tout à l'heure ? C'était nul. Mince. On ne peut pas revenir en arrière. On ne peut pas récupérer le courrier électronique. Il ne faut jamais aller trop dans la précipitation. Tant pis. Je vais travailler sur cette nouvelle idée bien meilleure. Tout à l'heure parce que là, j'ai une autre idée.
J'ai envie de faire une photo. C'est parce que j'étais en train de me dire qu'il ne fallait pas se presser que j'ai eu cette idée. Elle est bête, cette idée. Je l'ai mise en relation avec ce qui m'est arrivé tout à l'heure, quelque temps après le réveil tardif et les premiers café. Vous vous souvenez ? Je suis passé par l'étape du vidage intestinal et j'ai fait un brin de toilette. Savon, mousse, rinçage et brossage de ratiches et chicots. Brosse à dents au bout du rouleau et tube de dentifrice épuisé. Je le presse, je le tord. J'en exprime l'ultime parcelle de pâte. Le tube de dentifrice se doit d'être pressé, lui.
Pour moi, maintenant, il est question d'aller replanter un végétal dans la terre périgourdine. Je reviendrai tout à l'heure et je tenterai de commencer le dessin que j'ai dans la tête.

Ne soyons pas trop pressé

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