Apple G3/233

Un "collègue" graphiste était bien ennuyé. Il devait travailler sur un projet et on lui avait fourni un jeu de polices de caractères qu'il ne pouvait utiliser sur son PC. J'ai eu l'idée de lui venir en aide.

Historiquement, l'une des évolutions notables dans le domaine de la PAO est la création du format PostScript par Adobe. Pour faire simple, Adobe proposait un système qui permettait de s'affranchir de la taille des caractères en utilisant des polices vectorielles. Historiquement aussi, Apple a été pionnier dans le domaine de la publication assistée par ordinateur (PAO). Il y a encore un petit quart de siècle, on n'imaginait même pas la révolution qui attendait le monde de l'imprimerie. L'ordinateur débarquait et balayait tout sur son passage. Les typographes, les photograveurs, les tables lumineuses, les compte-fils, les bombes de colle, les cutters, tout ça a disparu. Aujourd'hui, on conçoit ses pages directement sur un ordinateur et on produit une plaque offset directement sur une sorte d'imprimante. Aux premiers temps, les anciens rigolaient beaucoup et se rassuraient en se disant que les documents faits à l'ordinateur étaient de mauvaise qualité et que ça ne serait pas demain la veille que l'on se passerait d'eux.
Les lendemains qui ont suivi leur ont montré qu'ils se trompaient. Aujourd'hui, quoi que l'on puisse dire, la qualité des impressions est supérieure à ce qui se faisait autrefois. Peut-être pas dans tous les cas mais globalement il faut reconnaître que l'ordinateur permet aujourd'hui de faire des mises en pages qui hier étaient impensables. Je me souviens d'une bataille que j'avais menée (sans la remporter) contre un imprimeur à qui je tentais d'expliquer que l'on pouvait fournir ses fichiers au format pdf. Lui me traitait d'ignorant et d'idiot, m'affirmait que jamais (ô grand jamais) on ne pourrait faire de l'impression à partir d'un pdf. C'était il y a quoi ? Une douzaine d'années ? Depuis, l'imprimerie en question a disparu.
J'ai commencé à m'intéresser à la PAO aux débuts des années 90. Je me souviens de la première fois où j'ai vu Photoshop. Je trouvais cela bien amusant mais je ne croyais pas du tout que ça puisse un jour remplacer un labo photo. Je me souviens de la première photo numérique que j'ai vue. C'est mon petit frère qui était en stage au conseil général de la Corrèze. C'était amusant, il y avait bien une image, c'est vrai... mais c'était bien mauvais. Je me souviens que je ne croyais pas un instant que la photo numérique puisse avoir un quelconque avenir. Je me souviens aussi de mes débuts avec QuarkXPress, un logiciel de mise en pages qui était pratiquement en position de monopole à l'époque. J'ai appris à l'utiliser en auto-formation, aidé par les revues Mac qui existaient alors. Internet n'était pas encore apparu.
J'ai commencé à utiliser Photoshop et QuarkXPress sur un Macintosh 7100. J'ai mis quelques années avant de commencer à réussir à faire quelque chose de plus ou moins valable. Et puis, je suis passé à un Apple Macintosh G3/233 et nous étions en 1998 et c'est de cela que je veux vous parler.
Aujourd'hui, donc, pour aider ce "collègue", je décide de démarrer ce G3. Je n'avais pas vraiment de doute quant à sa capacité à fonctionner encore et pourtant, ça faisait quelques années que je n'avais pas appuyé sur le bouton de démarrage du clavier. Je vérifie qu'il est branché, que le câble réseau est présent et je démarre la machine. Une image apparaît sur le vénérable écran à tube cathodique de 20" d'époque. Le bureau de Mac OS 9.2 s'affiche. Il me faut un peu de temps pour retrouver mes repères. Ça fait longtemps que je n'ai pas pratiqué.
Premier problème : transférer les fichiers du MacBook Pro qui est sous OS 10.9.1 vers le G3. Mac OS 9.2 héberge un système de partage de fichiers qui n'est plus reconnu par les systèmes modernes depuis Mac OS 10.5. Il y a donc un souci. Peu importe, je démarre un G4 qui tourne sous 10.4 ! Soyons fou. Je transfère les fichiers du MacBook Pro vers le G4 et, de là, je peux faire monter un partage du G3 et envoyer les fichiers sur la vieille machine. Ça marche sans trop de souci.
Sur le G3, je lance Fontographer, le logiciel de création (et de conversion) de polices de caractères. Je convertis les variantes de police rapidement. Bon, bien sûr, il me faut à un moment penser à fermer des fichiers. Mac OS 9.2 m'avertit que j'ai bouffé la réserve de mémoire allouée au logiciel. J'avais oublié les principes de gestion de la mémoire sur ces vieux systèmes. Enfin, je peux retourner les fichiers convertis sur le G4 puis sur le MacBook Pro avant de les envoyer en pièce jointe zippé à mon collègue. J'éteins le G3 et le G4.
Comme quoi je fais bien de conserver mes vieilleries qui savent rendre service, non ?
Apple G3/233

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