Travailler plus pour gagner plus

C'est lundi et à partir d'aujourd'hui on peut travailler plus pour gagner plus.

Travailler plus, gagner plus. L'idée semble tellement lumineuse que l'on pourrait la croire imaginée par un esprit supérieurement intelligent. Il n'en est pourtant rien puisque c'est d'un quelconque conseiller sarkozien qu'elle arrive. A moins que ce ne soit notre vénéré président de la République lui-même qui l'aurait trouvée quelque part.
Au fond, on s'en fout bien un peu de savoir d'où elle nous arrive, cette idée brillante. C'était une promesse de campagne, une majorité de Français a été touchée par cette promesse et a élu Sarkozy. Et donc, à partir d'aujourd'hui, lundi, ça y est, on peut travailler plus sans que ça nous coûte plus, ni à nous, ni au patron. Enfin pas beaucoup plus, quoi. On va pas chipoter. Pour les patrons, le mieux aurait été de faire travailler plus... GRATUITEMENT. Sarkozy n'a pas osé ça. Les patrons font un peu la gueule mais bon, hein, c'est déjà pas si mal.
Ce que j'aime bien, moi, c'est que ça entre en vigueur un lundi. C'est un joli symbole de faire commencer cette mesure un lundi, début de semaine. C'est un peu comme si on disait à la France qui gagne de relever ses manches, de jeter sa musette sur l'épaule, de tourner un peu la casquette sur le crâne et d'enfourcher le vélo pour aller au turbin en sifflotant, comme sur une image de Robert Doisneau. A cette époque, il y avait du boulot pour tout le monde. Aujourd'hui, je ne sais pas ce que vont penser les chômeurs de cette histoire de travailler plus pour gagner plus. Sûr que parmi eux, il y en a qui veulent pas travailler plus. C'est sûr et certain puisqu'on entend ça souvent. Au bistro ou aux réunions du MEDEF. Le chômeur est un nuisible, un fainéant qui vit aux crochets de la société. Me dites pas que vous ne l'avez jamais entendu. Ou alors, c'est que vous êtes un chômeur vous-même.
Enfin, que voulez-vous ! On est lundi, je ne sais pas si j'ai vraiment envie de gagner plus mais ce qui est certain, c'est que je n'ai pas vraiment envie de travailler plus. Même, pour être franc, ce matin, lundi, je n'ai pas envie d'aller au boulot, moi.

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