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mardi 25 juin 2013

Tentative de feuilleton collaboratif du mardi (49)

Ping, pong, ping, pong. Le feuilleton ressemble de plus à plus à une partie de ping-pong. C'est Liaan qui livre la suite de ce feuilleton qui n'en peut plus de durer encore et encore. 

Roland Verne s'était installé à Pont-Aven.

Il était vagabond, un Sans Domicile Fixe, un SDF comme on le dit désormais. Roland se souvenait que lorsqu'il était gosse, un SDF, c'était un Scout De France… Comme le SIDA, c'était le Service d'Information Des Assurances… Les sigles existent toujours, mais leur signification change.
Heureusement, Roland Verne avait trouvé l'hébergement avec l'aide de Chantal, avec qui, malgré son penchant pour la dive bouteille, Roland s'était lié d'amitié… Oh ! Amitié, pas plus loin, d'ailleurs, Chantal ne lui faisait pas d'avances, consciente de son état de décrépitude.
Roland avait trouvé du travail grâce à sa cousine Gaëlle : il est jardinier pour la commune de Pont-Aven, et Roland apprécie cet emploi qui le laisse beaucoup à l'extérieur. Roland n'aurait pas aimé rester enfermé dans un bureau.
Roland avait cessé de questionner les habitants du patelin, n'obtenant que du rien du tout. Roland était bien revenu à la galerie tenue par Pierre Aven mais, non seulement le sous-marin en bois exposé avait disparu de la vitrine, Pierre Aven était comme devenu sourd à ses questions sur son enfance et ce petit sous-marin. Roland se disait que Pierre Aven lui jouait une comédie sur des ordres venus d'où je ne sais où...
Roland était revenu dans le petit café de José, et ne parla plus de sous-marin. Seule Chantal continuait à parler de "ces petits bonhommes vus sur la nappe du pique-nique, il y a une trentaine d'années, mais tout le monde s'accordait à dire que la Chantal était un peu fêlée de la cafetière, et que c'était une fille de gendarme, et que cela n'arrangeait pas les choses. Roland s'était mis comme qui dirait "en ménage" avec Chantal, car, pour Roland, c'était un fil, très ténu certes, mais un fil qui le reliait à son aventure dans le Nautilus.

Roland venait de rempoter des œillets d'Inde sur un des parterres de la commune lorsqu'un spectacle curieux lui fit observer la rue principale du bourg : une 4L de la Gendarmerie, gyrophare allumé, poursuit un de ces "pisse-feu" que l'on ne voyait plus guère, une Flandria, ou une Itom, se demande Roland. La rapide apparition du cyclo-sport chassé par une 4L bleue, permet de voir à Roland, qu'il y a une nana à l'arrière de l'auto, et ces gendarmes, Roland les a reconnu : ce sont les Chapraudt ! Le cyclomoteur débridé s'engage à présent dans la direction de la maison de sa cousine Gaëlle...
— Tiens, tiens, pense Roland… Tiens ? J'ai dis tiens ? Tiens, tiens… et la chanson d'Higelin, Fontaine et Areski lui trotte dans la tête...
"Pompiers, pompiers, j'ai des pompiers dans mon zizi !"
Roland va voir son collègue jardinier et lui dit qu'il allait aux toilettes.
— Oh ! Tu pourras rentrer chez toi après : nous avons fini le boulot, on se revoit demain ?
Roland sert la main de son compagnon et se dirige vers la maison de sa cousine Gaëlle.

À la maison de Gaëlle, l'arrivée d'une moto et d'une voiture de gendarmerie fait sensation dans les environs.
Yannick et Gaëlle accueillent comme ils disent leur "Américaine". Dame ! Suzy vit depuis si longtemps dans le Minnesota, chez les z'américains ! Le "boy-friend" Jacques est le bienvenu, comme faisant partie de la famille. Les gendarmes acceptent tout de suite cette occasion de s'humidifier le gosier, après toute cette poussière accumulée sur la route depuis Nantes.
Roland Verne est en vue de la maison de sa cousine Gaëlle, accueilli par l'odeur d'huile de ricin du moteur chaud de la Malag'. La porte d'entrée est ouverte et des éclats de voix joyeuses lui parviennent : il entend parler du Nautilus ! Son cœur bat : Gaëlle et les Chapraudt parlent du sous-marin !
Roland frappe à la porte et Yannick l'interpelle :
— Voilà notre jardinier ! Te v'là débauché à c't'heure ? C'est vrai que l'après-midi est bien avancé...
— Dis moi Roland, tu reconnais Suzy, ta petite cousine qui à tout d'une grande fille, à présent, lui demande sa cousine Gaëlle.
Roland s'incline devant sa petite cousine.
— Tu peux me faire la bise, Roland ! dit Suzy, je ne vais pas te manger !
Roland s'exécute et Suzy lui présente son ami, Jacques.
— C'est vous qui conduisiez la Malaguti, tantôt ? J'ai cru que vous étiez poursuivi par les gendarmes ! dit Roland, et il continue pour demander pourquoi ils rigolaient tous en parlant du sous-marin, le Nautilus ?
C'est Gaëlle qui explique que Suzy allait participer à la réalisation d'un "remake" de "Vingt mille lieux sous les mers" aux "z'états-zunis"… Un sujet qui doit te toucher, Roland ? Toi, le parent le plus direct de Jules Verne, le romancier ?
— Certes oui, cousine Gaëlle, lui répond Roland, je m'intéresse à ce truc...
Yannick ressert les deux gendarmes... Des éponges, pense Roland, la même attitude que dans le Nautilus...
— Tiens, la bouteille est vide ! dit Yannick. Regards désolés des deux gendarmes. Mais il y en a à la cave, continue Yannick, j'vas y aller... Regards réjouis des deux gendarmes.
— J'y vais ! déclare Roland.

Comme cela, j'en aurai le cœur net de cette cave, pense Roland en descendant l'escalier, et il arrive dans cette pièce où se trouvent toujours les deux immenses tonneaux. Dire que derrière se trouve sans doute la solution. Roland avise l'un des foudres, fait jouer le mécanisme d'ouverture, s'avance, et ne peut constater que l'extrémité est murée. Nom de nom, pense Roland. Il prend un tisonnier posé non loin et frappe les parpaings, Cela sonne bien creux, ah, si je pouvais desceller les parpaings !
La voix de Yannick lui coupe le fil de ses pensées :
— Ho ! Roland ? Tu le distilles, le calva ?
Yannick surgit dans la cave et voit Roland sortir du grand tonneau :
— Sacré Roland, continue Yannick, toujours passionné par les souterrains et les passages secrets ? Tu ne changeras pas ! L'accès a été muré comme nous te l'avons dit, et si cela se trouve, c'est tout effondré à l'intérieur ! Allez, montons cette bouteille, les gendarmes sont assoiffés !
Désolé, Roland revient rejoindre les gendarmes, Gaëlle, Suzy et son ami Jacques.

Une Dyane blanche arrive à ce moment dans la cour devant la maison, Roland manque de tomber à la renverse : Alice est au volant !

Subjugué, Roland se précipite vers la voiture, il lui ouvre la portière, et très courtois, il accueille la visiteuse avec :
— Bonjour, Mademoiselle Alice ! Vous avez fait un bon voyage ?
— Bonjour Monsieur que je ne connais pas, comment savez-vous mon prénom ? lui demande Alice. Ah, oui, c'est Yannick ou Gaëlle qui vous ont renseigné. Je suis l'infirmière de la famille, et je viens pour les soins de Yannick.
Gaëlle sur le pas de la porte interpelle l'infirmière :
— Ah ! Voilà notre belle Atlante !
Roland est abasourdi : comment ça ? Gaëlle se souvient qu'Alice est une Atlante.
Gaëlle explique à Suzy et à Jacques que l'infirmière qui s'occupe de son homme se nomme Atlante, Alice Atlante, un curieux nom de famille, non ?
— Et bien, Yannick ? Si c'est comme cela que vous suivez le traitement ? annonce Alice en montrant d'un geste les trois ou quatre bouteilles vides sur la table. Yannick lui répond qu'il n'y touche pas, mais que ces messieurs ont une bonne descente, tout en montrant du menton les deux gendarmes qui regardent ailleurs.
— On s'en boit un dernier, pour la route, dit Chapraud, et on y va.
— Tout à fait, complète Chapraud, un tout petit dernier !
Les deux verres sont sifflés en un rien de temps, donnant l'impression qu'ils n'avaient jamais contenu de calvados. Se levant dans un grand bruit de chaises, les deux gendarmes prennent congé.
Roland Verne s'enhardit :
— Dites moi, Messieurs, vous repassez par le bourg ?
— Ma foi, oui, pourquoi cette question, mon ami ?
— Je profiterais bien de votre 4L, messieurs, sauf votre respect, j'aime beaucoup ces voitures... Qui ne sont plus toutes jeunes d'ailleurs...
Les gendarmes remontent dans leur véhicule, après avoir cérémonieusement invité Roland à s'installer à l'arrière, et installés, la Renault s'élance.
Histoire de parler, Roland dit aux gendarmes :
— C'est une bonne voiture, la Renault 4, étonnant que vous en ayez encore une en service. Je croyais que les brigades de Gendarmerie avaient désormais des Clio ou je ne sais quoi. Votre auto a nettement plus de vingt ans, c'est devenu pratiquement une auto de collection, non ?
— Hon. fut la seule réponse des gendarmes.

La Renault 4L bleue de la Gendarmerie tourna à gauche, dans la direction opposée de Pont-Aven, au grand effroi de Roland Verne.

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