On aura beau dire ce que l'on voudra, Hergé et son héros principal, Tintin, sont des socles indéboulonnables de la bande dessinée. On peut ne pas aimer ou prétendre ne pas aimer, on ne peut pas nier que l'œuvre de Hergé est un pan majeur de cette forme de narration.
Il est couramment admis que l'on peut mettre à part les trois premiers albums de Tintin. Dans le premier, Hergé faisait sans doute preuve de trop d'anti communisme, dans le deuxième album, il était certainement trop colonialiste. Pour le troisième, celui où Tintin part combattre la maffia aux Etats-Unis d'Amérique, on notera probablement qu'il donne une vision peu compatible avec la "bien pensance" de rigueur depuis bien des années, notamment dans sa description des indiens.
Il y a des tintinophiles, il y a aussi des tintinophobes. On a souvent reproché à Hergé d'avoir représenté les méchants sous des traits caricaturaux trop marqués. De fait, il est bien difficile de prendre la défense de Hergé sur la question du racisme. On lui a aussi fait le procès de sa position vis-à-vis de l'occupant allemand durant la dernière guerre mondiale. Hergé a continué à collaborer avec le journal qui publiait ses planches alors que ce titre était tombé sous le contrôle des nazis. De fait aussi, dans les différents albums qui conduisent Tintin hors d'Europe, on ne peut pas ne pas constater des propos très douteux. On a beaucoup écrit sur Hergé et mon avis est que le personnage n'était pas au-dessus de tout soupçon. Ceci dit, il nous a laissé quelques belles histoires dont celle qui nous occupe aujourd'hui, parue en deux albums. "Les 7 boules de cristal", donc, suivi de "Le temple du soleil".
"Les 7 boules de cristal" est réalisé durant la guerre, sous occupation nazie. Avant d'être un album, il paraît sous la forme de planche de quelques cases quotidiennement ou presque dans le journal "Le Soir". L'ouvrage conçu par Philippe Goddin nous propose de découvrir cette version originale du récit avec beaucoup de détails, d'explications, de commentaires, de documentation. On aura intérêt de se munir le l'album et de lire les deux versions concomitamment afin de comparer. Evidemment, la version parue dans le journal est au trait. Pour la parution en album, les planches seront découpées et remontées, elles seront mises en couleur, le lettrage sera entièrement refait. Des parties seront abandonnées tandis que d'autres seront revues ou créées pour l'album. Ce qui est vraiment très intéressant, c'est de pouvoir se plonger dans la méthode de travail de Hergé. Par exemple, il mettait souvent Edgar P Jacobs à contribution pour croquer une posture ou une position.
Alors voilà, entre un Hergé qui se laisse aller à exprimer des idées antisémites, racistes, anti-bolchéviques, qui aurait collaboré avec les nazis[1] en travaillant pour le journal volé[2] et Tintin qui a tant fait voyager les jeunes et leur à fait découvrir l'Amérique du Sud comme le Tibet, les fonds sous-marins comme les cirques lunaires, qui a rencontré le Yéti et tant d'autres personnages, entre ce dessinateur qui est un homme avec ses faiblesses et ses parts d'ombre et les Dupondt, Tournesol, Haddock, la Castafioire et Séraphin Lampion, Rastapopoulos et Nestor, le bilan est, à mon avis, positif. Aujourd'hui, je ne saurais dire combien d'années après ma première rencontre avec Tintin, je prends toujours un vrai plaisir à lire certains albums.
On m'a communiqué alors que je suis en train d'écrire ce billet[3] un lien vers le site de France Culture qui permet d'écouter une série d'émissions consacrées à Hergé et Tintin.
samedi 20 septembre 2014
Les boules de Tintin
La tintinophilie est une curieuse maladie qui, le plus souvent, vous tombe dessus dans l'enfance et dont vous avez le plus grand mal à guérir. En plus d'être chronique, cette maladie est très contagieuse. Je viens de terminer la passionnante lecture de "la Malédiction de Rascar Pacac", ouvrage de Philippe Goddin qui retrace la genèse de l'album "les 7 boules de cristal" en l'expliquant, en le mettant dans le contexte de l'époque, en parlant de Hergé et de sa collaboration avec Edgar P Jacobs.