Mot-clé - 2cv

Fil des billets

dimanche 9 novembre 2014

Du noir, du blanc

En ce moment, deux films sortent et traitent de la photographie. "Le Sel de la Terre" de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado (fils de son père) évoque le travail du géant de la photographie Sebastião Salgado, "A la recherche de Vivian Maier" de Charlie Siskel et John Maloof nous parle de la vie et de l'œuvre d'une photographe inconnue qui a réalisé plus de 100000 photos sans jamais les montrer ou presque. Et moi, aujourd'hui, je me questionne sur la photographie.

J'ai une théorie. Selon moi, il n'existe pas de mauvais sujets. En photographie, on a trop tendance à dire qu'il faut une belle lumière, un bon sujet, une bonne technique et du matériel haut de gamme. Les exemples ne manquent pas pour contredire tout cela. J'ai l'impression qu'il n'y a pas de mauvais sujet de photographie bien qu'il y ait de multitudes manières de mal le traiter. Et là, on reconnaît le bon photographe du mauvais photographe.
Ce matin, alors que je réfléchissais à la question, j'ai entendu le bruit du tracteur d'un voisin. Je connais bien ce tracteur, je le vois assez souvent dans Azerat. C'est un David Brown, le David Brown des DB des Aston Martin. Ç'aurait été le tracteur de James Bond si James Bond avait été agriculteur. Et donc, j'entends ce tracteur qui s'arrête un peu plus haut de chez moi. Je l'observe par la fenêtre et reste un moment à le regarder. Si je le regarde ainsi durant quelques secondes alors que je le connais, que sa présence ne m'étonne pas, c'est qu'il doit y avoir quelque chose qui retient mon regard. Je vais chercher l'appareil photo, j'ouvre la fenêtre et je déclenche. De prime abord, l'image n'a aucun intérêt. Je l'ai traitée en noir et blanc assez contrasté et je ne sais pas ce qu'il faut en penser.

David Brown 990
Dans l'après-midi, j'ai à prendre la voiture et je passe au dessus de la voie ferrée. Cette voie ferrée, encaissée, ça fait plusieurs fois que j'ai comme l'impression qu'elle serait photographiquement (et simplement graphiquement) intéressante. Pourtant, je n'ai jamais réussi à en tirer quoi que ce soit de satisfaisant. Plusieurs fois, je me suis arrêté, j'ai pris l'appareil, je me suis mis ici, je suis allé là. J'ai déclenché et c'était raté. Pourtant, comme on dit, il y a un potentiel certain, selon moi. Cette fois-ci, j'ai monté un 28mm sur le boîtier pour me forcer à bouger plutôt que de pouvoir jouer sur la bague du zoom. Mon boîtier est pourvu d'un capteur "APS-C". On peut dire qu'un 28mm (pour un 24x36) équivaut à un 44,8mm une fois monté sur un capteur de petite taille comme le mien. Nous ne sommes pas très éloigné du standard de 50mm pour un 24x36. Enfin bon, bref. Cette fois-ci, j'ai cherché un point de vue légèrement différent et j'ai déclenché. Comme pour l'image précédente, j'ai opté pour un traitement en noir et blanc assez contrasté.

Voie ferrée
Là non plus, je ne sais pas me prononcer sur l'intérêt de la photo. Il y a un peu plus d'un an, je me promenais dans un petit village de l'Oise lorsque j'ai vu une 2cv abandonnée dans une petite cour. J'ai fait une photo et, lorsque revenu chez moi, je l'ai regardée sur l'écran de l'ordinateur je me suis dit que c'était simplement une mauvaise image de plus. Je regrettais qu'il y ait le bidon de chlore, par exemple. Aujourd'hui, je l'ai recadrée et traitée comme les deux autres images. Encore une fois, j'ai conscience que ce n'est ni la pire des photographies ni la meilleure. Mais hormis cela, je n'ai pas d'avis tranché.

2cv6 au chlore liquide

Et alors, je regarde les photos de Salgado et celles de Maier sur Internet. Je n'ai pas encore vu les films. Evidemment, il n'y a rien à redire aux photos de Salgado. C'est l'un des plus grands photographes de tous les temps, c'est parfait. Pour celles de Maier, nous sommes plus dans le domaine de la photo de rue. Il y a de superbes portraits, un beau témoignage de l'Amérique, d'un temps passé. C'est bien moins démonstratif, moins parfait, que les photos de Salgado. Pourtant, elles sont belles ses photos ! Et là, je sais bizarrement ce qu'il faut en penser. Là, nous sommes bien en présence d'artistes. Et puis c'est tout.

- page 2 de 42 -

Haut de page