jeudi 9 octobre 2014

Trou noir

J'ai découvert Charles Burns dans le film d'animation "Peurs du noir", une œuvre collective avec des courts métrages d'animation de Blutch, Marie Caillou, Pierre di Sciullo, Lorenzo Mattotti, Richard McGuire et, donc, Charles Burns. De toutes ces personnes, celle que je connaissais le mieux était Blutch. Je connaissais un peu Marie Caillou et ignorais tout des autres. Dont Charles Burns, donc.
Pour dire la vérité, j'ai rencontré Charles Burns à l'occasion de son court métrage et puis je l'ai oublié. Son dessin me faisait penser à celui de Mezzo, artiste français et dessinateur de bandes dessinées. Il y a, selon moi, une réelle similitude d'esprit et de technique entre Mezzo et Charles Burns. A un tel point que, je le reconnais, je les confondais.
Je l'ai déjà dit, me semble-t-il, mes goûts en matière de bande dessinée me guident de préférence vers la BD d'humour. En premier, avant la qualité du dessin, il faut que ça me fasse rire. C'est pour cela que j'aime beaucoup, entre autres, Binet, Lefred Thouron ou Vuillemin et que je déteste (ou presque) toutes les productions de ces merveilleux dessinateurs qui m'ennuient à mourir.
Pour sûr, le livre dont je vous parle aujourd'hui, "Black Hole", n'a pas pour idée de faire rire. Normalement, je n'aurais pas dû m'y intéresser et il est évident que si ce n'avait pas été un copain qui l'avait prêté à mon frangin qui, à son tour, me l'a prêté, je ne l'aurais pas lu. "Black Hole" n'est pas de la BD humoristique et, même, est finalement assez éloigné de la BD. Le livre nous raconte une histoire d'une noirceur sombre (?) et terrifiante d'adolescents atteints d'une étrange maladie. C'est violent. Très.

Charles Burns - Black Hole
Je suis entré dans ce livre sans grand plaisir et en me demandant si j'allais aller au bout. Pour moi, nous sommes plus dans le cadre d'un roman illustré que dans une vraie BD. Charles Burns aurait pu se passer des phylactères et faire comme les ancêtres des bédéistes, mettre du texte sous les dessins. Du coup, la lecture de ce livre n'est pas tout à fait comme la lecture d'une BD plus traditionnelle. Chaque case est indépendante de celle qui suit (et de celle qui précède aussi). Enfin pas tout à fait parce qu'il y a tout de même une histoire que l'on suit de case en case mais je me comprends[1]. L'auteur nous emmène dans un cauchemar qui met réellement mal à l'aise. Il met en scène quelques adolescents à qui il arrive des choses que l'on qualifiera de bizarres. Pour le moins. Très étranges, ces choses. Il y a du sexe, de la drogue, de l'alcool, du sang, des morts, des bouts d'os, des monstres et des mutations inexpliquées. C'est déprimant et dépressif en plus d'être jouissif.

Charles Burns - Black Hole
Mais plus que l'histoire hypothétique[2], c'est l'art et la maîtrise de cet art de l'auteur qui ont retenu mon attention. Charles Burns est un maître incontestable du noir et blanc. C'est un fou furieux de l'encrage. Techniquement, j'arriverais à réaliser ce qu'il fait, je serais heureux ! Par contre, j'espère qu'il a un contrat avec son fournisseur d'encre parce qu'il ne lésine pas à en mettre, de l'encre. Je me suis demandé s'il n'utilisait pas de la carte à gratter mais je ne le pense pas. La précision du trait est impressionnante. Au niveau du dessin, à mon avis, il n'y a jamais rien en trop, jamais rien à ajouter non plus. Rien à jeter, c'est certain. Il n'y a pas un seul passage qui ne soit pas purement en noir ou en blanc. Il n'y a pas de trame, pas de faux-semblant. Que du noir et du blanc, de la nuit et de la lumière. C'est beau !

Charles Burns - Black Hole

Notes

[1] Si vous ne me comprenez pas, dites-vous que ce n'est pas très important.

[2] Je ne suis pas certain qu'elle soit si importante.

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