samedi 16 août 2014

Le Rat et la sécurité routière

Il n'y a pas si longtemps, France Inter proposait, une fois encore, une émission sur la sécurité routière et, plutôt, contre la vitesse accusée de mille maux. Au cours de cette émission, seule la parole bien pensante était entendue. Tout le monde était d'accord pour affirmer, rappeler, asséner la bonne parole et fustiger les "chauffards", les mauvais automobilistes, les voitures trop puissantes, les grosses berlines allemandes, les soiffards, les andouilles, les beaufs, les débiles qui aiment leur voiture.
Nul doute que ces propos, ces mise en garde, ont porté leurs fruits. Paf ! Plein de morts en moins pour le mois de juillet. 40 morts en moins en juillet 2014 par rapport à juillet 2013. Un résultat que l'on n'hésite pas à qualifier d'historique. On ne peut que se réjouir de cela tant il est triste que l'on puisse mourir bêtement sur les routes de France. Du côté des autorités, on est content mais on cherche à comprendre ce qui a conduit à cette baisse de la mortalité.

Puisqu'il n'est pas permis de discuter de la manière de conduire et de la vitesse, je ne vais pas dire ce que j'en pense. Un peu tout de même parce qu'il y a une question qui ne manque pas d'arriver dès lors que l'on parle du sujet pour dire que l'ennemi, c'est la vitesse. A chaque fois, à la radio, lorsque l'antenne est ouverte aux auditeurs, il y a au moins une personne pour faire du mauvais esprit et pour demander que l'on lui explique comment et pourquoi on n'enregistre pas tant de morts surnuméraires en, par exemple, Allemagne où certaines portions d'autoroute ne sont pas sujettes à des limitations de vitesse.
Il y a quelques mois de cela, j'apprends que, en Grande-Bretagne, on a désactivé tout un tas de radars et que l'on est même allé jusqu'à relever la vitesse autorisée sur autoroute. Pour autant, et avouez que c'est bizarroïde en diable, pas plus de morts. Chez nous, le débat est fermé. Il y a le discours officiel, il y a les associations de victimes de la route, et il y a les annonces de nouvelles limitations de vitesse. Jamais on ne parle de l'état du réseau routier, de l'infrastructure, des "points noirs".

La sécurité routière
Ce que je trouve un tantinet étrange, c'est que l'information du nombre de morts record pour juillet 2014 n'a pas été tellement repris. C'est comme si ça ennuyait les gens de la sécurité routière que l'on soit moins mort sur la route. On devrait se réjouir de ces chiffres, on devrait les analyser, comprendre ce qu'il s'est passé et en tirer les enseignements qui s'imposent. Si ça se trouve, c'est juste la faute à pas de chance, la faute au hasard. Si ça se trouve, on ne peut pas savoir pourquoi il y a eu moins de morts.
Et moi, des pistes, j'en aurais plein. Par exemple, si on empêchait les gens de prendre leur voiture, sûr qu'il y aurait bien moins de morts. On pourrait très bien relever tellement le prix des carburants que l'on n'aurait quasiment pas les moyens de faire des kilomètres sans y réfléchir à deux fois. On pourrait aussi tellement pousser à fond le contrôle technique obligatoire pour que l'on n'ait plus les moyens d'avoir un véhicule. On pourrait obliger les constructeurs à ne produire que des véhicules incapables de dépasser, disons, les 30 km/h. Mais aussi et surtout, on pourrait détruire toutes les routes et les remplacer par des mauvais chemins bien garnis en nids de poule.

Haut de page