jeudi 3 juillet 2014

Reconversion

La machine est lancée. Je ne sais pas encore jusqu'où elle m'emmènera mais elle a démarré et elle est en route. Ça a commencé il y a quelques mois, je me suis renseigné pour une formation de chauffeur poids-lourd et j'ai réussi à convaincre mes interlocuteurs de m'inscrire pour au moins les premières phases de sélection. Mardi matin, j'avais rendez-vous à Marsac-sur-l'Isle pour une première étape de sélection. Il s'agissait, plus que de sélectionner, d'éliminer une partie des candidats à cette formation. Une batterie d'une soixantaine de questions, des cases à cocher, des tests portant sur la maîtrise du calcul élémentaire, du français, de notions simples de mécanique ou du code de la route. Il fallait avoir au moins vingt bonnes réponses pour pouvoir accéder à la deuxième étape de l'entretien individuel. Une demi-heure pour répondre à toutes les questions. On nous dit que nous n'arriverons pas au bout du questionnaire et que nous pouvons le prendre dans l'ordre que nous souhaitons. Bon. Nous ne devons pas être bien nombreux à avoir terminé l'ensemble. Je sais que j'ai fait des erreurs mais je suis assez confiant quant à la probabilité d'avoir répondu correctement à au moins vingt questions. Par exemple, le français et le calcul ne m'ont pas posé trop de problème. Quel niveau ? Je dirais un petit niveau de cinquième. On cherchait à savoir si nous étions capables de réfléchir avec logique, de comprendre un texte simple, de convertir des mètres et des centimètres en kilomètres ou des secondes et des minutes en heures.
Je ne sais pas si je serai retenu pour les entretiens personnalisés et si je serai retenu pour la formation qui devrait débuter fin septembre. Je serai fixé dans les jours à venir.

camion
Les quelques personnes à qui j'ai parlé de mon intention de devenir chauffeur routier ont, au mieux, gardé un silence gêné et un affiché un sourire navré. Au pire, ils ont cherché à m'en dissuader, à me faire comprendre que c'était du "gâchis". J'avoue ne pas bien comprendre cela. Il est un fait certain, c'est que, pour l'heure, personne ne m'a félicité ou encouragé. Ce n'est pas bien grave.
Routier, pour moi, c'est un peu un rêve de gamin. Je ne me fais pas vraiment d'illusions sur cette profession. J'ai parlé avec bien des chauffeurs, mon père et l'un de mes frères ont exercé un temps ce métier, j'ai lu des bouquins, entendu des témoignages. C'est sûr, c'est un boulot de con.
Mais voilà, j'aime les camions depuis mon enfance, j'ai écouté Max Meynier sur RTL, j'ai bavé devant les Berliet, les GMC, les Bernard, j'ai vu et lu "le salaire de la peur", j'ai vu "gas-oil", "Duel", plein de films avec des camions. Et puis c'est comme ça, quoi ! C'est un boulot comme un autre, avec ses bons et ses mauvais aspects.
Il semble que dans l'esprit de certaines personnes, le chauffeur routier est obligatoirement une sorte de beauf. On imagine facilement la caricature du chauffeur décorant la cabine de son camion avec des photos de filles dénudées ou des posters de Johnny. Sauf que j'ai aussi rencontré des chauffeurs cultivés, des filles qui aimaient leur métier, des braves gars très sympathiques.
Et puis, de toutes les façons, je n'ai jamais eu de vrai métier, moi. J'ai toujours plus ou moins réussi à m'en sortir comme j'ai pu en bricolant un peu mais je ne peux pas dire que j'ai un métier. Là, au moins, si je parviens à suivre cette formation, à décrocher le permis et la FIMO, je pourrai me faire une idée par moi-même. Si je trouve un employeur, peut-être que je me dégoûterai rapidement de la conduite d'un camion ou peut-être pas.
Pour le moment, je n'en suis pas là du tout. Il n'est même pas dit que je serai retenu pour la deuxième étape de sélection de cette formation financée par le Conseil Régional d'Aquitaine. Les places sont chères. Il doit y avoir, en tout et pour tout, une dizaine de places pour cette session de formation. Nous sommes un peu moins de cent candidats. Si l'on tient compte de mon âge et de mon parcours professionnel quelque peu atypique, je crains de ne pas être retenu. Je vous tiendrai au courant.

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